Avant
le XVIIe siècle le maître peut être qualifié de “naturel”. Ce dernier n'a pas
conscience de lui-même. Pour lui, son savoir enseigner se réduit au contenu à
transmettre dans un rapport pédagogique de “un à un”. Il reçoit à tour de rôle chacun des élèves
pour leur inculquer un contenu culturel donné. Comme il sait lire, il peut,
sans aucun autre artifice, montrer à lire; seule la logique de la matière
préside évidemment à son enseignement.
Au maître naturel succède le
maître comme “artisan”. Toute la période qui s'étend du XVIIe au XXe siècle va
voir apparaître et se consolider ce nouveau rapport au métier. Ce maître a reçu
une formation pédagogique qu'il a apprise par imitation notamment auprès des
communautés religieuses enseignantes. Le
savoir pédagogique est du type recette et formalisé à partir des usages et de
l'expérience. On assiste alors non seulement à la naissance de la pédagogie
mais aussi au début de la mise en place d'une tradition pédagogique qui prendra
par la suite une connotation très péjorative avec l'appellation “pédagogie
traditionnelle”.
Tout le XXe siècle a été une
tentative pour renverser la pédagogie traditionnelle. Un nouveau discours
domine les débats, celui de la pédagogie nouvelle centrée sur les besoins de
l'élève. Diverses tendances la traversent.
Le maître est vu d'abord comme un “scientifique” et la pédagogie comme une
application de la psychologie. On voit chez certains auteurs le désir de faire
de l'enseignant un spécialiste des lois de l'apprentissage. Les recherches
portent sur le développement de l'enfant et sur l'apprentissage. La pédagogie
prend une couleur expérimentale et technocratique. Mais le maître de la
pédagogie nouvelle est vu parfois aussi comme “animateur-thérapeute”. Alimenté
cette fois par la psychologie clinique, il se met à l'écoute des besoins de
l'élève. La pédagogie se centre sur
l'intérêt de l'enfant et se conjugue au temps du socio-affectif. La recherche de Soi prévaut et la pédagogie
devient expérientielle et vécucentriste.
Or,
une nouvelle figure du maître, une nouvelle identité professionnelle de
l’enseignant, semble en émergence depuis les années 1980. Il s'agit de la
naissance de l'enseignant comme “professionnel”. Enserré dans une situation
complexe, une classe avec environ trente étudiants à instruire, à éduquer et à
qualifier, il doit constamment prendre une multitude de décisions. Pour ce faire, il peut prendre appui sur
certains résultats de la recherche pédagogique qui l'informent et nourrissent
son jugement. En tant qu'acteur rationnel il est capable de justifier publiquement
ses choix en s'appuyant sur autre chose que le sens commun.
Mais, forces est de constater que cette figure de l'enseignant comme professionnel a bien du mal à s'affirmer tant de puissants vents contraires en freinent la marche.
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