Le savoir
d’expérience des enseignants, selon Tardif et Lessard (1999), est un “savoir
ouvragé” c’est-à-dire qu’il est lié aux tâches de travail, mobilisé dans la
pratique et acquis dans l’action à l’école en général et dans la classe en
particulier. C’est un “savoir pratique”, en ceci que son utilisation est
fonction de son adéquation aux tâches concrètes que requiert l’enseignement,
aux problèmes que l’enseignant rencontre et aux situations qu’il vit. C’est
aussi un “savoir interactif” en ce sens qu’il est mobilisé et façonné dans le
cadre des interactions entre l’enseignant et les autres acteurs en éducation
(élèves, collègues, membres de la direction, parents, etc.). Le savoir
d’expérience est par ailleurs un “savoir syncrétique, pluriel et hétérogène”
qui ne repose pas sur une base de connaissances unifiée et cohérente. Donc,
c’est un savoir “faiblement formalisé” qui est moins connaissance sur le
travail que connaissance au travail enseignant. Il peut aussi être qualifié de “complexe
et non analytique”, c’est-à-dire qu’il imprègne tout autant les conduites du
praticien que sa conscience discursive. C’est un savoir “ouvert, dynamique,
personnalisé et existentiel” car il permet l’intégration d’expériences
nouvelles, il se transforme en fonction de la socialisation au métier, il porte
en outre la marque de la personnalité de l’enseignant et il est lié non
seulement à l’expérience de travail mais également à l’histoire de vie du
sujet. Enfin, le savoir d’expérience est un “savoir social” en ce sens qu’il
conduit l’enseignant d’une part, à prendre position vis-à-vis les autres types
de savoirs et ceux qui en sont les porteurs, et, d’autre part, à établir une
hiérarchie des savoirs selon l’analyse du travail qu’il effectue.
Tardif, M.,
Lessard, C. (1999). Le travail enseignant
au quotidien. Contribution à l’étude du travail dans les métiers et les
professions d’interactions humaines. Québec, Les Presses de
l’Université Laval.
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