Référence
Mensah, F. M. (2010). Toward the
mark of empowering policies in elementary school science programs and teacher
professional development, Cultural
Studies of Science Education, 5, 977-983.
Résumé
Mensah démontre comment les
politiques administratives véhiculées dans deux différents contextes auprès
d’enseignants du primaire ont influencé négativement, de manière similaire, le
développement professionnel des enseignants et l’apprentissage des élèves en
sciences. Les nouvelles politiques adoptées ont nui aux pratiques sur
lesquelles les enseignants travaillaient préalablement.
Cadre théorique du développement
professionnel
L’enseignement des sciences et
le développement professionnel :
Les enseignants de sciences à
l’élémentaire ont besoin de développement professionnel et ce pour plusieurs
raisons :
1) Les sciences sont souvent
mises en marge car elles ne sont pas considérées comme centrales dans le
curriculum.
2) La majorité des enseignants de
science au primaire ne sont pas des experts en science. Ils ne sont pas
toujours à l’aise quant au contenu scientifique et à la manière de l’enseigner
aux élèves.
3) Un programme élémentaire de
sciences bien construit permet aux élèves d’avoir les connaissances et les
compétences de base pour les programmes de sciences plus avancés.
Contexte aux États-Unis :
Avec l’application du No Child Let Behind Act (NCLB), qui met
l’accent sur l’enseignement des matières de base (langue et mathématiques), l’enseignement
des sciences est parfois limité. Mensah rapporte le cas d’une enseignante ayant
voulu effectué une formation professionnelle de cinq jours en sciences et dont
la direction a refusé puisqu’elle voulait que les enseignants se centrent sur
les standards d’évaluation du NCLB à atteindre.
Mensah souligne toutefois qu’elle comprend la pression qui repose sur les
épaules des administrateurs mais elle est tout de même déçue que les politiques
administratives nuisent à l’accès à certaines expériences de développement
professionnel chez les enseignants.
L’auteure reprend certains
résultats de l’étude de Rodriguez (voir recension de Rodriguez pour plus de
détails) pour démontrer comment certaines politiques administratives sont
venues limiter les efforts de développement professionnel d’un enseignant du
primaire, en sciences. En effet, dans cette étude, l’enseignant, qui avait
participé à un projet de développement professionnel en sciences, et qui
faisait des sciences à chaque jour avec ses élèves, a dû limiter le temps alloué aux sciences
pour se concentrer davantage sur l’enseignement de la langue (en raison d’une
politique administrative faisant suite au NCLB).
Dans une autre recherche,
effectuée par Carlone, Haun-Frank and Kimmel (pas citée dans la bibliographie
de l’article…), un groupe de 13 enseignants a également dû diminuer le temps
passé à enseigner les sciences dû aux politiques liées au NCLB. Ils se sont
alors centrés sur l’enseignement de standards en sciences, de façon plus
magistrale. Les auteurs de cette étude
soulignent que le problème ne vient pas des enseignants mais plutôt des
politiques en place.
Dans les deux études, les enseignants avaient instauré des
changements quant à leur façon d’enseigner les sciences, afin de mieux
rejoindre les élèves et de favoriser leur réussite. Toutefois, une fois les
nouvelles politiques mises en place, la diminution du temps alloué à
l’enseignement des sciences a fait en sorte qu’ils ont changé leur façon
d’enseigner pour revenir à des méthodes plus traditionnelles (diminution de la
qualité et du temps) et cela a également nuit à leur développement
professionnel. Les politiques administratives découlant du NCLB sont alors
perçues comme à la fois oppressives et régressives : « These types of policies subvert rather than uphold innovative teaching,
learning and professional development in many schools left paralyzed by national,
state, district, local or school-based ‘‘opp(regre)ssive’’ policies, such as No
Child Left Behind, on elementary science education. » (p. 980).
Mensah souligne que
l’apprentissage des sciences constitue un droit civil (Tate, 2001), mais que
les politiques en place à l’élémentaire, telle que le NCLB, font en sorte qu’il
est difficile d’inclure l’apprentissage des sciences en tant que sujet
prioritaire au sein du curriculum. Ainsi, les élèves du primaire n’ont pas
accès à un enseignement de sciences de qualité et les enseignants n’ont pas
accès à des opportunités de développement professionnel en sciences afin
d’améliorer leur connaissance du contenu et leurs manières d’enseigner les
sciences. L’auteure ajoute que le fait que les sciences ne constituent pas une
priorité à l’élémentaire, tant au point de vue de la formation des élèves que
du développement professionnel des enseignants risque d’avoir des répercussions
quant à la préparation des élèves pour les programmes de sciences plus avancés
(au secondaire ou au collégial). Elle ajoute que les enseignants ne seront
alors pas à blâmer, puisqu’ils appliquent les politiques qui leur sont
demandées.
Sans avoir un mandat formel, Mensah indique
qu’elle en fait beaucoup quant à la promotion des sciences au sein d’une
école de New York depuis les cinq dernières années :
communication avec la direction, placement de stagiaires au sein de l’école,
développement d’une culture de sciences au sein de l’école, création de jours
de la science au sein de l’école, conférence en sciences accompagnée par une
des enseignantes, soutien et mentorat à une enseignante en sciences, etc.
Ainsi, même si certaines politiques agissent comme des contraintes, Mensah et
les enseignantes de cette école ont mis en place des politiques d’empowerment qui favorisent la réussite des élèves et le
développement professionnel des enseignants en sciences.
Références
- Rodriguez, A., J. (2010). Exposing the impact of opp(reg)ressive policies on teacher development and on student learning, Cultural Studies of Science Education, 5, 923-940.
- Tate, W. (2001). Science education as a civil right: Urban schools and opportunity-to-learn considerations. Journal of Research in Science Teaching, 38, 1015–1028.
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