Des
stratégies pour apprendre
Les
stratégies d’apprentissage sont des moyens planifiés et organisés
que déploie l’élève pour apprendre. Certaines stratégies
d’apprentissage sont spécifiques à un domaine - par exemple
l’écriture - alors que d’autres transcendent les domaines. Les
stratégies d’apprentissage, selon la nature des apprentissages
visés, peuvent varier. Ainsi, des stratégies différentes seront
utilisées selon que l’apprenant doit mémoriser des mots de
vocabulaire, comprendre les idées générales d’un texte ou
réutiliser la structure du récit en trois temps pour rédiger son
propre texte. Même s’il existe une grande diversité de
stratégies, deux types apparaissent incontournables lorsqu’il est
question d’apprentissage : les stratégies cognitives et les
stratégies métacognitives. Les premières « sont
indispensables pour progresser dans l’exécution d’une tâche et
en atteindre le but » (Huet, Larivée et Bouffard, 2007, p.
320). Pour comprendre ce qu’on lit, plusieurs stratégies
cognitives peuvent être mobilisées. Par exemple, on peut relier une
information nouvelle à l’une que l’on connaît déjà. Il est
aussi possible de résumer les idées centrales ou encore de mettre
dans la marge des mots-clé. Les stratégies métacognitives, pour
leur part, « permettent de gérer le déroulement de
l’entreprise cognitive en établissant des moyens adéquats pour
planifier, organiser, contrôler, évaluer la progression vers le
but » (Idem). À titre d’illustration, en situation
d’écriture, le fait de vérifier régulièrement si le texte en
cours de rédaction répond aux critères d’évaluation est un
exemple de recours à une stratégie métacognitive. Il en est de
même de faire le choix de rédiger un brouillon sans se préoccuper
des erreurs orthographiques et de planifier du temps pour réviser et
corriger de telles erreurs à l’intérieur de la période allouée
à la situation d’écriture. Pour que l’élève recoure à des
stratégies métacognitives, il doit vivre une expérience
métacognitive, que ce soit avant, pendant ou après l’exécution
de la tâche. Ce type d’expérience consiste à prendre conscience
des impressions, des pensées qui émergent lors d’une activité
cognitive et qui renseignent sur ce qui fonctionne bien mais aussi
sur ce qui peut ou doit être modifié pour atteindre le but visé ou
l’atteindre plus efficacement. C’est cette expérience
métacognitive qui donnera lieu à des ajustements, notamment à la
modification des stratégies cognitives mises en œuvre.
Connaître les stratégies des élèves
Pressley,
Borkowski et O’Sullivan (1985) nous amènent à avoir une
compréhension plus fine des stratégies en attirant notre attention
sur les connaissances particulières et générales sur les
stratégies. Selon eux, l’élève acquiert des stratégies
d’apprentissages après qu’elles lui ont été enseignées et
après les avoir réutilisées à plusieurs reprises. C’est ainsi
qu’il cerne avec de plus en plus de précision les conditions qui
justifient le recours à telle ou telle stratégie dans un contexte
particulier. Il s’agit des connaissances spécifiques. Quant aux
connaissances générales de l’élève sur ses stratégies, elles
ont trait aux prises de conscience que recourir à des stratégies
exige des efforts mais aussi que recourir aux « bonnes
stratégies » accroît l’efficacité. Elles demandent aussi
que l’élève réalise que dans certaines circonstances il est
préférable de recourir à des stratégies plus rudimentaires,
quitte à les modifier en cours de route au profit d’autres
stratégies plus performantes (Huet, Larivée et Bouffard, 2007). Ces
connaissances sur les stratégies ne comportent pas que des bénéfices
au regard des acquis cognitifs à proprement parler. Elles sont
étroitement liées à la motivation de l’élève dans la mesure où
elles contribuent à l’amener à être conscient des liens étroits
qui existent entre sa réussite et le fait qu’il consente des
efforts et qu’il recoure judicieusement à des stratégies. En
d’autres termes, l’élève est amené à intérioriser qu’il
exerce un contrôle réel sur sa réussite scolaire.
Des
stratégies d’apprentissage aux stratégies d’enseignement
Il
est évident que tous les élèves n'utiliseront pas spontanément et correctement les stratégies d’apprentissage les
plus pertinentes. Ce constat est d’autant plus vrai pour les élèves qui éprouvent des difficultés à l'école. Il est donc important d’enseigner les
stratégies. Weinstein et Hume (2001) suggèrent trois méthodes
pédagogiques pour amener les élèves à utiliser des stratégies
d’apprentissage. Il s’agit de l’enseignement direct, de la
modélisation et de la pratique guidée et commentée. L’enseignement
direct « consiste à informer les élèves des stratégies dont
ils disposent et de la façon de les employer » (p. 67). La
modélisation, quant à elle, consiste à rendre compte à voix
haute, en tant qu’expert, des stratégies que l’on utilise dans
une situation précise, par exemple lors de la résolution d’un
problème, et de verbaliser les conditions qui justifient le recours
à telle stratégie plutôt qu’une autre. La pratique guidée et
commentée, qui a souvent lieu après l’enseignement direct et la
modélisation, consiste finalement à mettre les élèves en
situations d’utilisation de stratégies et à leur fournir une
rétroaction précise et fréquente sur la façon dont ils les
utilisent, notamment sur la pertinence du choix de ces stratégies.
Au regard des stratégies métacognitives, il importe que
l’enseignant « provoque » des expériences
métacognitives. Pour ce faire, il est utile de placer l’élève
devant des obstacles lors de la réalisation de tâches.
À la suite d’une méta-analyse basée sur la recension et
la synthèse de milliers de recherches, Marzano (2003) a identifié une variété de
stratégies d’enseignement qui influencent particulièrement
l’apprentissage. L’une d’elles est de valoriser les efforts
consentis par les élèves et de reconnaître les progrès réalisés.
Il propose également de fournir aux élèves de nombreuses occasions
de pratiquer leurs apprentissages, notamment au moyen de devoirs qui
portent spécifiquement sur des stratégies à développer. Recourir,
dans son enseignement, aux organisateurs graphiques et autres
représentations non linguistiques se révèle aussi une stratégie
précieuse, de même qu’exploiter l’apprentissage coopératif
pour travailler des connaissances ou stratégies particulières. Il
serait également pertinent de fixer des objectifs précis aux élèves
et de leur fournir de la rétroaction liée à cet objectif. On
pourra en outre demander aux élèves de conserver des traces de leur
progression. Parmi ses diverses propositions, Marzano suggère aussi
de poser des questions de manière à activer les connaissances
antérieures des élèves. De plus, on gagnera à leur fournir des
indices et des manières variées d’organiser le contenu. Ces
diverses stratégies favorisent tant l’apprentissage que la
motivation des élèves. Roger et Graham (2008), au regard de
l’enseignement de l’écriture, suggèrent quant à eux des
stratégies d’enseignement spécifiques au domaine, comme par
exemple l’enseignement de stratégies pour la planification et la
rédaction d’un brouillon, de même que pour la rédaction d’un
paragraphe.
Bibliographie
Huet,
N., Larivée, S. et Bouffard, T. (2007). La métacognition :
modèles et techniques d’évaluation. Dans S. Larivée (dir).
L’intelligence
(p. 315-340). Saint-Laurent : Éditions du Renouveau
Pédagogique.
Marzano,
R. J. (2003). Research-based
Teaching and Learning Strategies.
Alexandria: Association for Supervision and Curriculum Development.
Pressley,
M., Borkowski, J. G. et O’Sullivan, J. (1985). Chlidren’s
metamemory and the teaching of memory strategies. Dans D. L.
Forrest-Pressley, G. E. et T. G. Waller (dir), Metacognition,
Cognition, and Human Performance. Vol. 1: Theorical Perspectives (p.
111-153). New York: Academic Press.
Weinstein,
C. E. et Hume, L. M. (2001). Stratégies
pour un apprentissage durable.
Bruxelles : De Boeck.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire