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17 novembre 2011

Résumé d'un ouvrage de J. Candau sur l'identité et la mémoire

Ci-après, on trouvera un bref résumé d'un ouvrage de J. Candau sur la question du lien entre la mémoire et l'identité.


Référence du livre : Candau, Joel (1998). Mémoire et identité. Paris : PUF.

Nombre de pages : 225
Nature de l’ouvrage : Il s’agit d’un essai, comme le précise explicitement l’auteur à la page 2 (ligne 16)
Nature des données : Il s’agit d’un tour d’horizon de recherches.
Principaux concepts : Mémoire, identité, culture, société, collectivité, mémoire individuelle, mémoire collective, conscience, patrimoine, passé, quotidien, avenir, histoire, apprentissage, désenchantement, transmission.

Principales théories :
- La théorie de l’effondrement des grands discours.
- La théorie anthropologique de la définition de l’être humain comme articulation entre son individualité (perspective psychologique) et son appartenance à un groupe (perspective sociologique). D’où la question-phare de l’ouvrage, exprimée à la page 3 : Comment passe-t-on des formes individuelles de la mémoire et de l’identité à des formes collectives ?

Principales méthodes de recueil des données :
Aucune mention explicite n’a été faite quant aux méthodes de recueil des données, s’il faut entendre par «données», les recherches contenues dans ledit ouvrage. Je présume néanmoins que ce travail ayant consisté en un résumé de recherches, l’auteur, Joël Candau, co-directeur du Laboratoire d’ethnologie générale et appliquée (LEGA), a dû procéder a une sélection d’auteurs et d’écrits pertinents traitant de la problématique de l’émergence de l’identité et de la mémoire au niveau des individus et des groupes. Avec bien-sûr des exigences telle le lien étroit entre lesdits écrits et les recherches en anthropologie.

Idées maîtresses :
- Mémoire et identité comme concepts fondamentaux en sciences humaines et en sciences sociales au même titre que la notion de culture.
- La pertinence d’entrevoir mémoire et identité comme le fruit d’une construction sociale toujours en devenir, dans une relation dialogique avec l’Autre, plutôt que d’en avoir une vision fixiste.
- Le lien généralement admis entre mémoire et identité (détaillé à la page 9)
- L’auteur s’inscrit dans le courant de pensée qui postule que les sociétés contemporaines vivent ce qu’il convient d’appeler une « crise du présentisme » caractérisée par « l’effacement des repères et la dilution des identités » (p.2), ce qui par ricochet motive une certaine quête d’ « identités souffrantes et chancelantes » (p.2)
- A la suite Pierre Nora, l’auteur estime que l’identité, la mémoire et le patrimoine sont les trois mots clés de la conscience contemporaine.

Résumé de l’ouvrage :
Essai rigoureux, un condensé des recherches anthropologiques contemporaines sur les thèmes de l’identité et de la mémoire tant au niveau individuel que collectif, l’ouvrage de Joël Candau fait constamment le va-et-vient entre individu et société, quotidien, devenir et oubli, passé et héritage culturel, expériences heureuses et douloureuses, vie et mort, valeurs, civilisation, modernité et tradition.

Il définit le travail de mémoire comme « l’opérateur de la construction de l’identité du sujet, c’est le travail de réappropriation et de négociation que chacun doit faire vis-à-vis de son passé pour advenir dans son individualité propre. » (p.7)

L’identité quant à elle est définie comme « la capacité que possède chacun de nous de rester conscient de la continuité de sa vie à travers changements, crises et ruptures ». Ou encore, citant Paul Ricœur, c’est « le maintien de soi à travers le temps ».

Saisissant les deux thèmes dans une perspective dialoguée, J. Candau suggère qu’identité et mémoire se compénètrent dans leur approche notionnelle : « Si mémoire est générative de l’identité, dans le sens ou elle participe à sa construction, celle-ci, en retour, façonne des prédispositions qui vont conduire à incorporer certains aspects particuliers du passé, à faire des choix mémoriels (…) » (p.9).

A une échelle macro-sociale, J. Candau parle de l’éclatement des grandes mémoires organisatrices. « Dans les sociétés modernes, estime-t-il, il n’y aurait plus de mémoires prévalentes qui joueraient comme formes organisatrices de la société, toute mémoire serait babélienne, chacune étant intrinsèquement et irrévocablement étrangère à toute autre. Les mémoires contemporaines seraient des mosaïques sans unité, faites des débris des grandes mémoires organisatrices qui ont volé en éclats, de brisures composites, de restes divergents, de traces hetérogènes, de témoins opposés, de vestiges incohérents. » (p 183)

Cependant, J. Candau ne voit pas dans cet état un handicap pour la construction des identités. Il pense que « puisque aujourd’hui, les mémoires et les métamémoires sont plurielles et composites, voire en miettes, elles vont pouvoir fonder des identités qui, certes, seront multiples, mais qui ne manqueront pas de ressources » (p.196)

Des références :

Nora, Pierre (1984-1992). Les Lieux de la mémoire. Paris : Gallimard.
Nora, Pierre (1997). Science et conscience du patrimoine. Paris : Fayard et Editions du Patrimoine.
Nora, Pierre (1994). La loi de la mémoire, in « Le Débat » Janvier-Février 1994, no 78.
Auge, Marc (1992). Territoires de la mémoire. Thonon-les-Bains : Editions de l’Albaron.
Halbwachs, Maurice (1994). Les cadres sociaux de la mémoire. Paris : Albin Michel.
Geary, J. Patick (1996). La mémoire et l’oubli à la fin du 1er millénaire. Paris : Aubier.
Le Goff, Jacques (1988). Histoire et mémoire. Paris : Gallimard.
Ricœur, Paul (1996-1997). Entre mémoire et histoire. Projet, no 248.
Calle, Mireille; Simon, Claude (1993). Chemins de la mémoire. Sainte-Foy : Le Griffon d’argile.
Bourdieu, Pierre (1997). Méditations pascaliennes. Paris : Seuil.
Zonabend, Françoise (1980). La mémoire longue. Temps et histoire au village. Paris : PUF.

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