L’anthropologie
est la discipline qui a spécifiquement pour objet la culture (Kilani, 1989).
Depuis plus d’un siècle, elle explore de long en large les différents aspects fort
variés des différentes cultures humaines partout dans le monde (Laplantine,
1987; Piette, 2006). Or, que nous apprend l’anthropologie
au sujet de la culture ?
D’abord que
cette dernière est inhérente à l’espèce humaine au sens où il se saurait y
avoir de groupement humain sans culture. Ensuite, que la culture – production
humaine – varie selon les groupes en fonction de plusieurs facteurs : économiques,
géographiques, historiques, politiques, religieux, techniques, mais aussi selon
le langage. Tous ces facteurs sont à la fois productions culturelles et éléments
qui influencent en retour la culture.
Dans la culture,
tant les anthropologues que les linguistes ont mis en évidence l’importance
décisive du langage. Celui-ci, tout en étant le résultat de la culture en est
aussi son principal vecteur. Les cultures humaines s’expriment et de
développent par et dans le langage. C’est dire son importance. C’est pourquoi tout
anthropologue sait que pour comprendre une culture, pour comprendre les
productions d’un groupe, il faut en maîtriser la langue. Sans cette maîtrise,
il ne saurait y avoir de réelle compréhension de la culture étudiée. Bref, la
compréhension – comme nous le rappelle le philosophe Gadamer (1996) – est
d’abord un processus qui passe (et se traduit) par le langage. La maîtrise du
langage de l’autre, permet non seulement de comprendre ce qu’il dit mais aussi,
plus globalement, elle permet d’entrer dans son univers conceptuel et
symbolique, c’est-à-dire d’accéder à sa compréhension du monde. Ainsi, si l’on
souhaite s’intégrer dans une culture, il faut faire l’effort d’en apprendre le
langage. Et, surtout, lorsqu’on maîtrise la langue d’une culture particulière,
il devient possible de participer pleinement à cette culture.
Mais, apprendre
le langage d’une culture nouvelle ne signifie pas toujours maîtrise une langue
étrangère. Les cultures varient aussi selon les professions ou les disciplines scientifiques.
Par exemple, les avocats, les comptables, les menuisiers, les pompiers ou les médecins
parlent entre eux une langue commune. Il en va de même des biologistes, des
chimistes, des didacticiens ou des historiens. Cette langue commune est faite
d’expressions, de manières de dire et de comprendre les choses, de concepts
donc. Elle renvoie à des référents communs. Qui souhaite intégrer une
profession ou une discipline scientifique doit maîtriser les « codes linguistiques
» qui y sont utilisés et qui permettent le dialogue entre les acteurs.
Faire des études
dans un domaine c’est justement apprendre une culture. C’est développer peu à peu des connaissances
nécessaires pour comprendre cette culture à laquelle on souhaite accéder. C’est
graduellement devenir un membre de cette culture. Mais, plus spécifiquement, produire
un essai, un mémoire ou une thèse c’est s’adresser aux membres d’une culture
scientifique. Dans ce cas, non seulement pour être compris mais aussi pour
pouvoir véritablement entre en dialogue ces nos pairs, il faut savoir écrire
selon les codes en usage dans cette culture. L’absence de maîtrise de ces codes
entrainera l’incompréhension et nuira considérablement au dialogue. Comme la
culture scientifique (de toutes disciplines) passe essentiellement par l’écrit,
l’apprenti chercheur gagne donc à bien comprendre les usages, à être en mesure
de les reproduire, quitte à s’en éloigner lorsque nécessaire, sachant que toute
transgression se fait toujours sur le fond d’un socle commun.
Références …
Gadamer, H.-G. (1996). Vérité et Méthode. Les grandes lignes
d’une herméneutique philosophique. Paris : Seuil. Collection « L’ordre
philosophique ». Paru originellement en allemand en 1960.
Kilani, M. (1989). Introduction à l'anthropologie. Lausanne
: Payot.
Laplantine, F. (1987). L'anthropologie. Paris : Seghers.
Piette, A. (2006). Petit traité d'anthropologie. Charleroi
: Socrate Éditions Promarex. Collection « Science éphémère ».
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire