Différentes initiatives de soutien aux nouveaux enseignants
Les États-Unis sont au prise avec un taux de décrochage des nouveaux enseignants très préoccupant. Or, devant ce constat, nombre d’expériences, de dispositifs, de pratiques et de programmes ont été mis en place un peu partout afin de palier aux difficultés rencontrées par les débutants. De manière quelque peu schématique, nous présentons ici quelques cas puisés dans certains États américains.
L’Alabama évalue systématiquement les nouveaux enseignants et cette évaluation inclut également une évaluation des élèves qui leur sont confiés. Le Mississippi a développé de son côté des modules multimédias pour le soutien en ligne des débutants et des mentors. En Georgie, on a élaboré un programme de formation et de certification pour les mentors, sachant que la qualité du soutien offert aux débutants est vitale pour favoriser la persévérance dans la carrière. Quant à la Caroline du Sud, on y utilise le portfolio professionnel afin de soutenir mais aussi d’évaluer les nouveaux enseignants. Par un programme d’été de trois jours, la Louisiane prépare des équipes de mentors et de formateurs de mentors pour chaque district afin de soutenir les nouveaux enseignants lors de leurs deux ou trois premières années. D’autres États américains ont également fait d’importants progrès quant au développement de programmes d’insertion qui semblent porter fruit. Toutefois, aux dires de certains, il reste encore beaucoup à faire.
Divers problèmes rencontrés dans le soutien aux débutants en enseignement
La formation des mentors
De nombreux États ne fournissent aucune assurance sur la qualité des mentors et sur le fait que ceux-ci sont des experts dans leur domaine. De plus, si beaucoup d’États offrent une formation pour les mentors, il semblerait que la qualité de cette formation soit très variable sans compter qu’il arrive trop souvent que, au niveau secondaire, mentors et novices ne soient pas jumelés selon leur discipline de formation.
Les systèmes d’observation
Dans certains cas, les systèmes d’observation du nouvel enseignant – rappelons que les dispositifs de soutien incluent souvent une évaluation de la performance de l’enseignant débutant – reposent encore sur une grille essentiellement de type comportemental issue des recherches Process / Product, limitant alors l’observation aux seuls comportements observables et à l’enregistrement de leur fréquence.
Distribution des enseignants selon le niveau socio-économique du milieu
Peu d’États semblent s’être donné une politique permettant de reconnaître que les nouveaux enseignants ne sont pas uniformément distribués et que la plus grande concentration d’enseignants débutants se situe dans les écoles en milieux défavorisés. En outre, comme ces milieux ont un important taux de roulement de personnel, ils ne possèdent souvent pas beaucoup d’experts pour agir à titre de mentors.
Charge de travail pour les débutants en enseignement
Un grand nombre d’États ignore la question de la réduction de la charge de travail pour les nouveaux enseignants. Ici la Caroline du Nord fait exception car elle stipule que lors des trois premières années d’exercice, les nouveaux enseignants ne devraient pas avoir de tâches extracurriculaires. Par contre, un sondage, réalisé par le département de l’instruction publique de l’État de la Caroline du Nord en 2002, a souligné que 94% des nouveaux enseignants de cet État acceptent tout de même ce type de tâche soit pour répondre aux attentes de la direction ou encore pour obtenir un supplément de salaire.
L’évaluation des dispositifs, pratiques et programmes
Actuellement, peu d’États américains se sont dotés d’un système d’évaluation complet et fiable pour déterminer quels enseignants débutants reçoivent réellement du soutien et comment celui-ci influence leurs performances, leur rétention et leur satisfaction face à l’emploi.
Quelques pistes d’action explorées aux États-Unis
Afin d’améliorer la situation de l’insertion professionnelle des nouveaux enseignants aux États-Unis, plusieurs auteurs américains émettent des recommandations. Nous en relevons quelques-unes ici.
Élaborer un consensus entre les acteurs impliqués
Il devrait y avoir un consensus entre les différentes régions d’un État au sujet des composantes d’un programme d’insertion efficace. Les États devraient également développer des outils pour estimer les coûts d’un tel programme et prévoir comment trouver ces fonds. Il faudrait également tenir compte du grand nombre de débutants assignés à des écoles difficiles.
Développer une culture de la collaboration
Il serait souhaitable que les différents États agissent en collaboration afin de partager des ressources. Cette collaboration doit aussi s’étendre à l’ensemble des acteurs impliqués : conseils, scolaires, universités, associations enseignantes. Une saine collaboration et une bonne coordination des efforts de chacun favoriserait un meilleur fonctionnement des différents programmes et dispositifs de soutien aux nouveaux enseignants.
Reconnaître le rôle primordial des mentors et assurer leur formation
Il est de première importance de former adéquatement les mentors afin de s’assurer du maximum de qualité de l’accompagnement donné aux nouveaux enseignants. Être un bon mentor n’est pas une compétence innée même lorsqu’on est un bon enseignant d’expérience. Il apparaît aussi nécessaire de mettre en place des mécanismes de reconnaissance du rôle central que jouent les mentors dans l’accompagnement des débutants. Cela pourrait prendre différentes formes : bonus salarial, dégagement d’enseignement, prix, cérémonies d’honneur, etc.
Investir en premier dans les écoles difficiles (hard-to-staff schools)
Puisque les débutants commencent souvent dans des écoles réputées difficiles, il serait important que les États fassent de ces écoles une priorité en matière de soutien aux débutants. Des auteurs rappellent que les coûts économiques et sociaux du décrochage des enseignants seront toujours plus élevés que ceux d’un bon programme d’accompagnement.
Évaluer les dispositifs et programmes existants
Afin de mettre sur pied et maintenir des programmes d’insertion professionnelle réellement efficaces, les acteurs impliqués – et au premier chef les États - devraient commander des études axées sur l’évaluation des impacts réels de ces programmes. Il s’agirait donc d’évaluer et de comparer l’impact des divers programmes existants pour mieux identifier les composantes réellement bénéfiques. Ces recherches pourraient aussi être l’occasion de recueillir des informations utiles auprès des novices notamment en ce qui concerne leurs besoins en matière d’insertion.
Références
Productions du Laboratoire d’analyse du développement et de l’insertion professionnels en enseignement (LADIPE) sur le site du Carrefour national de l’insertion professionnelle en enseignement (CNIPE) à l’adresse suivante : http://www.insertion.qc.ca/spip.php?rubrique16
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