Marie-France Maranda, Simon Viviers (dirs.), L’école en souffrance. Psychodynamique du
travail en milieu scolaire, Québec, Presses de l’Université Laval,
collection Trajectoires professionnelles et marché du travail contemporain,
2011, 177 pages.
Ce petit ouvrage aborde une question de plus en
plus débattue dans les recherches sur le travail enseignant et les différents
métiers de l’éducation : la souffrance vécue par les acteurs. Dans un
contexte où près de 20 % des enseignants quittent définitivement l’enseignement
durant leurs premières années d’exercice et où l’on évoque régulièrement le
haut niveau de stress et de détresse psychologique que vit le personnel
scolaire, ce livre arrive à point nommé pour susciter le questionnement et
soutenir la réflexion.
Fruit d’une recherche collective effectuée dans
le cadre des travaux du Centre de recherche et d’intervention sur l’éducation
et la vie au travail (CRIEVAT) et menée auprès du personnel d’une école en
milieu défavorisé, l’ouvrage se compose de quatre chapitres, lesquels analysent
la situation des quatre principaux «corps d’emplois» d’une école : les
enseignants (chapitre 1); les professionnels non enseignant (chapitre 2); le
personnel de soutien (chapitre 3); les membres de la direction (chapitre 4).
Tous les chapitres sont signés par M.-F. Maranda et S. Viviers auxquels se
joignent Anne Marché-Paillé (chapitres 1 et 2) et Lucie Héon (chapitre 4).
Comme le titre l’indique, les auteurs adoptent
ici un cadre théorique particulier : la psychodynamique du travail. Une
annexe présente très (trop) brièvement les grandes lignes de ce cadre
théorique. Pour l’essentiel, il tente de cerner la dynamique des processus
psychiques des sujets en analysant la manière dont ceux-ci réagissent aux
réalités du travail qui structurent leur identité. La psychodynamique ne se
contente pas de construire une compréhension du réelle, elle se veut aussi une
«clinique» du travail et, en ce sens, elle est donc porteuse de visées
transformatrices.
Cette production n’est pas sans mérites dont le plus
important, selon nous, est de donner à voir et à entendre la voix des
différents acteurs du milieu scolaire. Toutefois, sa lecture laisse quelque peu
perplexe. D’abord, sur le plan de la forme. On pourra à juste titre être agacé
par les nombreuses répétitions d’un chapitre à l’autre. En fait, les chapitres
semblent avoir été conçus pour des publications séparées. Il aurait alors été
préférable de les retravailler pour cette publication afin d’en extirper les
redites. Ensuite, sur le plan du contenu. Comme nous l’avons dit plus haut, le
cadre théorique est insuffisamment développé (il tient en deux pages et demie)
et les informations méthodologiques sont aussi fort lacunaires. On déplorera par
ailleurs une bibliographie bien mince : huit références seulement dont la
majorité impliquant la principale signataire, la professeure Maranda. De plus, si
l’on souscrit globalement à l’analyse proposée par les auteurs, on déplore
cependant une certaine tendance à la généralisation abusive (rappelons qu’il
s’agit d’une recherche menée auprès d’une seule école en milieu particulier) et
le manque de prise de distance critique par rapport discours des sujets (manque
particulièrement criant dans le chapitre 1 qui portent sur les enseignants).
Néanmoins, malgré ces lacunes, nous recommandons la lecture de cet ouvrage à
quiconque souhaite mieux comprendre la réalité du monde scolaire. Il y
découvrira que – comme les auteurs le montrent – ce n’est pas dans les
stratégies adaptatives personnelles que résident les solutions aux problèmes du
monde du travail mais dans les réaménagements organisationnels.
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