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16 avril 2024

Contre l'idée des écoles dites efficaces

Arc-boutés sur une épistémologie positiviste (les données dites probantes), les promoteurs de l’école efficace s’inspirent du modèle médical et de la logique managériale. Une telle position exige une réduction drastique de la complexité des phénomènes éducatifs en vue de leur mesure. Surtout, elle entraîne de multiples effets pervers dont : la réduction de l’école à la formation (d’une main-d'œuvre qualifiée) et donc, au final aux besoins économiques; l’hyper-centration sur les performances des élèves à des tests standardisés; la mise en place et le soutien d’une culture de la compétition au détriment d’une culture de la collaboration non seulement parmi les élèves mais aussi entre les enseignants et les écoles; la hiérarchisation des matières scolaires où trônent tout en haut les « matières de base », ce qui entraîne la dévalorisation de celles que l’on juge superflues (les arts, par exemple); la mise au rencart du développement de la pensée critique et de créativité chez les élèves ou encore la standardisation outrancière des approches pédagogiques. En parfaite adéquation avec le néolibéralisme qui, depuis plus de quarante ans, tend à réduire la société à n’être qu'un marché et du même souffle à faire de tout une marchandise (Michel Freitag parle d’une logique opérationnelle-pragmatique et d’un mode de reproduction décisionnel-opérationnel au sens où l’essentiel de l’action que l’homme fait sur lui-même est décidé et géré par des « experts » et des technocrates), la pensée qui soutient et promeut l’école efficace s’inscrit donc dans une vision mondialisée des sociétés où l’individu est essentiellement une main-d'œuvre, un consommateur, un client. Certains pourront arguer que ces considérations sont oiseuses, nous ne le croyons pas. La pensée qui sous-tend la notion d’école efficace ramène la question de la réussite scolaire à la seule dimension du rendement. En fait, elle cherche une vérité qu’elle a fabriquée elle-même. Pris dans un discours autoréférentiel, elle propose une vision pour le moins discutable non seulement de l’école mais aussi de l’éducation, de l’apprentissage, de la connaissance et même de la science. À l’instar des mouvements qui en ont façonné sa logique et ses caractéristiques (la nouvelle gestion publique, la gestion axée sur les résultats, l’evidence-based education), cette vision se traduit notamment par un certain rejet de la normativité sociale au profit d’une gestion pragmatique de l’éducation, une fixation sur l’efficience et l’efficacité et sur les compétences adaptatives au détriment de la pensée critique; tout cela dans un monde éducatif qui est sommé d’être en perpétuelle adaptation. Cela se traduit aussi par la disparition de certaines structures de différenciation entre autres, celle des fins et des moyens (ceux-ci tenant lieu de celles-là); celle du sujet et de l’objet (réification de l’ensemble des acteurs, lesquels sont pensés comme des rouages d’une mécanique rationnelle et pragmatique).

2 commentaires:

  1. En privilégiant les "matières de base" et en mettant l'accent sur les compétences techniques, cette approche risque de dévaloriser l'apprentissage des langues, souvent considérées comme des options ou des "extras". Or, les langues ne sont pas seulement des outils de communication, mais aussi des clés pour accéder à d'autres cultures, développer sa pensée critique et sa créativité.

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