Elle repose sur l’idée d’un dédoublement qui prend la forme d'une tension permanente entre :
- La culture « première » (le donné, les repères initiaux d’un milieu) et ...
- La culture « seconde » (le construit, la prise de distance et la réflexion critique sur la culture elle-même).
La culture première offre les significations de base qui permettent de donner immédiatement sens au monde. De son côté, la culture seconde est le lieu de la réflexivité, de la conscience de soi, de la distance critique, mais aussi de la créativité, où l’humain fabrique de nouveaux sens à partir de l’écart.
La culture est (par essence pour Dumont) toujours en crise, car elle rencontre nécessairement une difficulté à établir une unanimité de sens,
Cette difficulté provient du besoin structurant chez l’humain de se distancier, d’objectiver et de se représenter sa propre condition.
Cette distance est centrale dans la pensée de la culture chez Dumont : la culture n’existe qu’à travers la capacité des individus à prendre du recul par rapport à leur monde.
Dumont s'oppose ainsi aux visions positiviste et utilitariste de la culture. Il insiste plutôt sur sa dimension ontologique et anthropologique.
Pour lui, la culture est à la fois héritage (mémoire, institutions, croyances) et projet (invention, action collective), un horizon qui ne peut être totalement fixé ni objet de consensus définitif.
En somme, Dumont nous donne à voir et à penser une culture comme processus vivant et conflictuel où, à travers la mémoire du passé et la création de distances réflexives qui ouvrent à la liberté individuelle et collective, l’humain construit son identité.
- Dumont, F. (2000). Un témoin de l’homme. Entretiens colligés et présentés par Serge Cantin. Montréal: L’Hexagone.
- Dumont, F. (1997). Récit d'une émigration. Mémoires. Montréal : Boréal.
- Dumont, F. (1995). L'avenir de la mémoire. Montréal : Nuit Blanche.
- Dumont, F. (1993). Genèse de la société québécoise. Montréal : Boréal.
- Dumont, F. (1987). Le sort de la culture. Montréal : L'Hexagone.
- Dumont, F. (1981). L’anthropologie en l’absence de l’homme. Paris: PUF. Collection Sociologie d’aujourd’hui.
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