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10 octobre 2011

Indiens et Français dans le Pays d’en Haut 1660-1715

Ci-après, une recension d'un ouvrage de l'historien Gilles Havard dont la référence est :

Empire et métissages. Indiens et Français dans le Pays d’en Haut 1660-1715. Québec / Paris : Septentrion / Presses de L’Université de Paris-Sorbonne. 2003. 858 pp.

Gilles Havard est historien, membre du Centre de Recherches sur l’Histoire des États-Unis et du Canada (CRHEU) de Paris. Il a déjà publié The Great Peace of Montreal of 1701 : French-Native Diplomacy in Seventeenth Century (Montréal, McGill-Queen’s University Press) en 2001. Il a également co-signé l’ouvrage Histoire de l’Amérique française (Paris, Flammarion) en 2003. Bref, il s’agit d’un chercheur avisé en matière d’histoire du Canada et tout particulièrement en ce qui concerne la Nouvelle-France.

Empire et métissages. Indiens et Français dans le Pays d’en Haut 1660-1715 est un ouvrage monumental de tout près de 900 pages. Ce travail, très sérieux, se nourrit d’un nombre incommensurable de sources et s’abreuve tout autant à l’histoire qu’à l’anthropologie ou à la géographie. C’est en quelque sorte une tentative pour concilier l’historiographie québécoise et celle des historiens français. En effet, à l’instar des travaux québécois et contrairement à ceux de bien des historiens de France, la Nouvelle-France est présentée ici moins comme une société morte que comme le début d’une aventure qui se continue dans le Québec contemporain, une aventure qui se vit sous le signe du métissage.

L’auteur a divisé son livre en trois grandes parties et en douze chapitres. À travers ceux-ci, il nous fait revivre la rencontre de deux sociétés : celle des colons Français (des coureurs des bois, des missionnaires, des militaires) et celle des multiples peuples autochtones. Au fil de ces contacts, s’est tout un système d’échanges qui s’est mis en place. Ce système a favorisé l’acculturation mutuelle, le métissage, l’interdépendance des deux sociétés. Havard met remarquablement en scène les relations des Français et des Autochtones durant les 55 années qui vont de 1660 à 1715, époque où la Nouvelle-France est en plein essor et s’étend de plus en plus au delà de la vallée du Saint-Laurent jusqu’au Grands Lacs et au Mississippi.

L’auteur réalise une analyse fort intéressante de «l’indianisation» des Français tout en présentant les changements que vivent les Autochtones devenus sujets de l’Empire. Cette analyse dépasse les idées reçues qui présentent trop souvent les acteurs historiques d’une manière caricaturale. Havard nous laisse plutôt entrevoir un monde complexe fait de rapports, certes parfois conflictuels ou ambiguës, où tous et chacun – européens comme autochtones – sont appelés à vivre des transformations profondes. Ce contexte historique est donc placé sous le signe du métissage. Ainsi, plutôt que d’être présentée comme étant le résultat de l’asservissement d’une société (autochtone) par une autre (française), la Nouvelle-France y apparaît comme le fruit de la rencontre de deux mondes. En somme, Empire et métissages. Indiens et Français dans le Pays d’en Haut 1660-1715 est un excellent livre qui saura répondre aux attentes de tous ceux qui s’intéressent à la genèse de notre pays.

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