Méthodologies de recherche

Corbière, M., Larivière, N. (dir.) (2014). Méthodes qualitatives, quantitatives et mixtes. Dans la recherche en sciences humaines, sociales et de la santé. Québec : Presses de l’Université du Québec.

Voici une brique (722 pages) qui se veut un ouvrage de référence en matière de méthodologie. Surtout, voilà un livre en français qui couvre tout autant les approches qualitatives que les approches quantitatives et mixtes. Autant dire qu’il brosse très large. Pour répondre à cet objectif des plus ambitieux les deux responsables – Marc Corbière et Nadine Larivière – se sont entourés de plusieurs collaborateurs. Ceux-ci appartiennent au monde universitaire mais aussi parfois au monde professionnel. Les divers contributeurs proviennent pour la plupart des domaines des sciences de la santé (sciences infirmières, ergothérapie, etc.) et de la psychologie mais aussi des sciences de l’éducation. Les chapitres sont ainsi signés par des spécialistes ou, à tout le moins, par des «utilisateurs avertis» de l’approche présentée.

Chaque chapitre – il y en a 26 - est construit selon le même canevas ce qui contribue à la cohérence de l’ouvrage mais aussi, avouons-le, quelque peu à sa monotonie. Une à une, les approches sont présentées à partir d’un exemple de recherche. Ainsi, la recherche «descriptive interprétative» est présentée au travers d’une recherche sur les femmes qui ont reçu un résultat anormal à la mammographie de dépistage du cancer du sein. Celle sur la «métaanalyse» est illustrée par une recherche cherchant à savoir si la toxicomanie aggrave les déficits cognitifs chez les personnes ayant un diagnostic de schizophrénie. Ce modus operandi a le mérite de  rendre concrètes les explications concernant chacune des approches. Par contre, parfois, la présentation de la recherche elle-même semble prendre le pas sur celle de l’approche méthodologique de telle sorte que le lecteur a la désagréable impression de ne pas avoir été assez en profondeur. On notera toutefois que les exemples de recherche illustrant les approches méthodologiques sont très variés allant de la santé à la psychologie en passant par l’éducation et les relations de travail. De plus, chaque chapitre est accompagné d’une bibliographie qui permet au lecteur intéressé d’aller plus loin.

Ouvrage ambitieux avons-nous dit. En effet, s’il est assez rare qu’un livre couvre tout à la fois les approches qualitatives et quantitatives, il est encore plus rare qu’il aborde aussi les approches mixtes. Or, toute entreprise qui embrasse un si vaste champ d’investigation court un risque : celui de la superficialité. Si l’ouvrage dirigé par Corbière et Larivière ne peut être taxé de superficiel, le traitement des approches n’est pas très approfondi. En fait, ce livre a les qualités de ses défauts. Il offre en un seul volume un panorama large et varié des approches méthodologiques en sciences humaines et sociales et de la santé mais, par la même occasion, ce panorama ne peut être, au mieux, qu’une sorte de survol. C’est dire que ce manuel sera plus utile aux étudiants de premier et de deuxième cycles qu’aux chercheurs aguerris. Les premiers y trouveront des présentations succinctes, claires et bien illustrées de diverses approches méthodologiques. Ils pourront consulter des chapitres bien construits et bien rédigés qui seront à même de les initier aux diverses approches étudiées. Les seconds pourront s’y plonger pour se «rafraîchir la mémoire» sur une méthode en particulier ou pour y obtenir des informations sur une approche dont ils sont peu familiers. Mais, s’ils sont à la recherche de discussions approfondies, s’ils souhaitent avoir accès à des discussions polémiques ou à un regard critique et novateur sur les approches, ils devront passer leur chemin. Tout de même, saluons ce travail colossal réalisé ici, félicitons les auteurs de nous donner ainsi un ouvrage synthèse qui balise si largement les méthodologies. Remercions-les pour cet outil qui sera assurément utile aux étudiants.