Ce qui suit est une fiche de lecture du texte :
Gohier, Christiane (2002). L'homme fragmenté: à la recherche du sens perdu - Éduquer à la compréhension et la relation. Association canadienne d'éducation de langue française, 2002, 30 (1), 7-25.
Problématique
-
La complexité du monde actuel rend nécessaire un examen
multi facettes qui permet d’éclairer la compréhension de notre réalité.
-
La conjugaison des points de vue économique, politique
et géopolitique, sociologique et anthropologique aussi bien que technologique
et épistémologique sont mis à contribution pour mettre au jour les zones
d’ombre et de lumière du «nouveau monde».
Cadre de référence
1er thème abordé : Dans quel monde
vivons-nous?
-
Point de vue économique : mondialisation et
globalisation des marchés
-
Point de vue politique : désengagement de l’État
dans la sphère publique, privatisation
-
Point de vue socio-anthropologique : question
identitaire, vague migratoire, écart riches-pauvres
« Indépendamment de la posture adoptée, la
question de la citoyenneté, des droits et de l’identité qu’elle confère, se
greffe à celle de la mixité. Peut-on être à la fois citoyen du monde, si tant
est que cette appellation ait un sens, et citoyen de sa cité? » (Gohier,
2002b, p. 11)
-
Point de vue technologique et technoscientifique :
moyens de transport rapides, communication virtuelle, accessibilité à
l’information via Internet, réseautage informatique, insémination artificielle,
mères porteuses, chirurgies, clonage (frontière artificiel-naturel s’estompe)
-
Point de vue épistémologique : relativité des
savoirs, accès aux savoirs
« Par ailleurs, le commun des mortels a accès à
une somme d’informations faramineuse, comme on l’a mentionné, et l’école n’est
plus la seule dispensatrice de savoirs diffusés également par les médias
d’information et de communication. Par ces mêmes voies, les savoirs, s’ils sont
fragmentés, sont également davantage partagés par une plus grande partie de la
population et virtuellement discutés, par la voie de l’Internet, par celle-ci. »
(Gohier, 2002b, p. 13)
2e thème abordé : L’autre versant du
nouveau monde
-
Par la voie de groupes de discussion, les gens peuvent
partager leur savoir, construire ou co-construire ce savoir et produire une
œuvre commune : ex. Linux (programmation informatique)
« Ainsi, s’ils peuvent être les instruments d’une
domination économico-culturelle, les Tic peuvent également, en contrepartie,
être les outils d’une certaine démocratisation, également
économico-épistémoculturelle. » (Gohier, 2002b, p. 13)
-
La société civile oppose une résistance à la
mondialisation économique : il est à croire que le bien-être social
collectif prévaut, par opposition au bien-être individuel. Il en est de même
pour la solidarité.
-
La part de ressemblance entre les Hommes s’élargit, ou
entre une plus grande partie des Hommes, ce que l’on pourrait appeler la «
commune humanité ». ex.
« Les problèmes environnementaux créés par des
phénomènes comme la pollution, entre autres exemples, ne sont pas confinés dans
des lieux circonscrits et touchent, directement, ou par effet de rebondissement
(l’effet « papillon ») toute la planète et la solution à ces problèmes ne peut
venir que d’une responsabilité partagée. » (Gohier, 2002b, p. 15)
3e thème abordé : Qui former?
Gohier aborde également deux
sous-questions… Pourquoi former? Quoi former? D’entrée jeu, il serait incomplet
de considérer ces questions selon des raisons pragmatiques seulement. Ce serait
de considérer seulement la formation d’un individu selon un contexte de
globalisation économique : un être entrepreneur et compétitif.
« La raison pragmatique ne saurait toutefois à
elle seule apporter réponse à la question des finalités éducatives à
privilégier, qui reposent, en dernière instance, sur un choix axiologique qui
peut différer ou déborder du cadre limité de la valeur pratique et du souci
d’efficacité qui lui est corollaire. » (Gohier, 2002b, p. 16)
À
l’inverse, selon une perspective axiologique, on pourrait être tenté de former
un être ouvert à la revendication et à l’égalité économique et sociale pour
tous.
Dans
un monde idéal…former une personne possédant à la fois des habiletés en
entreprenariat, une conscience sociale et un sens des responsabilités.
« C’est à ce titre seulement qu’il peut échapper
au rôle d’objet, instrument de la consommation, que veut lui faire jouer
l’économie de marché, ou à celui d’Homme fragmenté, sans lieu unificateur
aucun, auquel l’accule la relativité et la compartimentation du savoir ainsi
que la perte du sens de l’identité et du sentiment d’appartenance qui lui est
concomitant. C’est en tant que sujet, c’est-à-dire auteur et acteur de sa propre
vie en lien avec les autres sujets composant ses diverses communautés
d’appartenance (ethnique, religieuse, politique, à l’échelle locale ou
planétaire...), que l’individu peut recréer un sens qui devient le vecteur
unificateur de son existence. » (Gohier, 2002b, p. 16)
4e thème abordé : Le sujet : entre
rationalité et imaginaire, sens et sensibilité
Dans cette section, Gohier souhaite répondre à la question
Comment former ? À ses dires, le langage de la rationalité et le langage de
l’imaginaire arrivent à solliciter deux volets chez le formé qui tente de
comprendre le réel.
« La rationalité, essentiellement conceptuelle et
argumentative, fait-elle appel à tous les mécanismes mis au jour par la
psychologie cognitive, de la pensée formelle à la métacognition, qui permettent
de comprendre le monde et soi-même à l’aide de structures logico-mathématiques,
dans le cadre d’une pensée de type analytique. » (Gohier, 2002b, p. 21)
« Le monde de l’imaginaire, comme on l’a vu, se
caractérise plutôt par l’image et l’analogie. Il fait appel à d’autres
catégories de la pensée, à la capacité à symboliser qui peut se développer
notamment par l’usage de la métaphore, l’utilisation libre de l’association, la
construction de sens «figurés», le développement de la capacité
onirique. » (Gohier, 2002b, p. 21)
Conclusion
En guise de conclusion, la
chercheure soutient qu’il importe d’éduquer à la compréhension et à la
relation. Sous-jacent à cela, c’est la sensibilité qui devrait avoir la
priorité lorsqu’il est question de finalités visées par le qui former.
Lorsqu’on pense aux finalités, quelques objectifs sont à considérer :
-
Faire en sorte que le formé arrive à donner du sens au
monde de la fragmentation, de la globalisation, de la complexité et de
l’hybridité (dans le projet éducatif).
-
Articuler les finalités en fonction d’un triple rapport
au monde 1. rationnel, 2. symbolique, 3. affectif.
-
Travailler la double capacité : compréhension et
relation au monde.
-
Partir du sensé (prend
forme dans deux registres du penser : celui de l’univers conceptuel du discours
rationnellement acceptable et celui du monde imagé de l’univers symboliquement signifiant.)
-
Partir du senti (la
sensation, générée par le contact sensuel avec le monde, par la voie d’un
rapport direct avec les êtres, la nature et les choses, aussi bien que par
celle d’un rapport médiat par l’imagerie mentale; au sentiment, participant de
la sphère de l’affectivité, de contiguïté avec l’autre (proche ou lointain)
« Pour faire face au nouveau monde, dans son
versant émancipateur tout autant que dominateur, l’éducation doit donc viser la
formation d’un sujet, auteur et acteur de sa propre vie, liée à celle des
autres personnes en tant que sujets. Réflexivité critique, éthique et autonomie
ont alors pour compléments le sens de la responsabilité, de la solidarité et de
la participation qui contribueront à tisser ce lien qui, ultimement ressortit à
la signification conférée au monde. C’est par la construction du sensé et du
senti, par la jonction des sphères cognitive et affective, de l’ordre du penser
et de la sensibilité, que compréhension et relation peuvent se
développer. » (Gohier, 2002b, p. 22)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire