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20 septembre 2015

L'homme fragmenté

Ce qui suit est une fiche de lecture du texte :

Gohier, Christiane (2002). L'homme fragmenté: à la recherche du sens perdu - Éduquer à la compréhension et la relation. Association canadienne d'éducation de langue française2002, 30 (1), 7-25.

Problématique

-          La complexité du monde actuel rend nécessaire un examen multi facettes qui permet d’éclairer la compréhension de notre réalité.
-          La conjugaison des points de vue économique, politique et géopolitique, sociologique et anthropologique aussi bien que technologique et épistémologique sont mis à contribution pour mettre au jour les zones d’ombre et de lumière du «nouveau monde».

Cadre de référence

1er thème abordé : Dans quel monde vivons-nous?
-          Point de vue économique : mondialisation et globalisation des marchés
-          Point de vue politique : désengagement de l’État dans la sphère publique, privatisation
-          Point de vue socio-anthropologique : question identitaire, vague migratoire, écart riches-pauvres
« Indépendamment de la posture adoptée, la question de la citoyenneté, des droits et de l’identité qu’elle confère, se greffe à celle de la mixité. Peut-on être à la fois citoyen du monde, si tant est que cette appellation ait un sens, et citoyen de sa cité? » (Gohier, 2002b, p. 11)
-          Point de vue technologique et technoscientifique : moyens de transport rapides, communication virtuelle, accessibilité à l’information via Internet, réseautage informatique, insémination artificielle, mères porteuses, chirurgies, clonage (frontière artificiel-naturel s’estompe)
-          Point de vue épistémologique : relativité des savoirs, accès aux savoirs
« Par ailleurs, le commun des mortels a accès à une somme d’informations faramineuse, comme on l’a mentionné, et l’école n’est plus la seule dispensatrice de savoirs diffusés également par les médias d’information et de communication. Par ces mêmes voies, les savoirs, s’ils sont fragmentés, sont également davantage partagés par une plus grande partie de la population et virtuellement discutés, par la voie de l’Internet, par celle-ci. » (Gohier, 2002b, p. 13)

2e thème abordé : L’autre versant du nouveau monde
-          Par la voie de groupes de discussion, les gens peuvent partager leur savoir, construire ou co-construire ce savoir et produire une œuvre commune : ex. Linux (programmation informatique)

« Ainsi, s’ils peuvent être les instruments d’une domination économico-culturelle, les Tic peuvent également, en contrepartie, être les outils d’une certaine démocratisation, également économico-épistémoculturelle. » (Gohier, 2002b, p. 13)

-          La société civile oppose une résistance à la mondialisation économique : il est à croire que le bien-être social collectif prévaut, par opposition au bien-être individuel. Il en est de même pour la solidarité.

-          La part de ressemblance entre les Hommes s’élargit, ou entre une plus grande partie des Hommes, ce que l’on pourrait appeler la « commune humanité ». ex.

« Les problèmes environnementaux créés par des phénomènes comme la pollution, entre autres exemples, ne sont pas confinés dans des lieux circonscrits et touchent, directement, ou par effet de rebondissement (l’effet « papillon ») toute la planète et la solution à ces problèmes ne peut venir que d’une responsabilité partagée. » (Gohier, 2002b, p. 15)

3e thème abordé : Qui former?
Gohier aborde également deux sous-questions… Pourquoi former? Quoi former? D’entrée jeu, il serait incomplet de considérer ces questions selon des raisons pragmatiques seulement. Ce serait de considérer seulement la formation d’un individu selon un contexte de globalisation économique : un être entrepreneur et compétitif.

« La raison pragmatique ne saurait toutefois à elle seule apporter réponse à la question des finalités éducatives à privilégier, qui reposent, en dernière instance, sur un choix axiologique qui peut différer ou déborder du cadre limité de la valeur pratique et du souci d’efficacité qui lui est corollaire. » (Gohier, 2002b, p. 16)

À l’inverse, selon une perspective axiologique, on pourrait être tenté de former un être ouvert à la revendication et à l’égalité économique et sociale pour tous.

Dans un monde idéal…former une personne possédant à la fois des habiletés en entreprenariat, une conscience sociale et un sens des responsabilités.

« C’est à ce titre seulement qu’il peut échapper au rôle d’objet, instrument de la consommation, que veut lui faire jouer l’économie de marché, ou à celui d’Homme fragmenté, sans lieu unificateur aucun, auquel l’accule la relativité et la compartimentation du savoir ainsi que la perte du sens de l’identité et du sentiment d’appartenance qui lui est concomitant. C’est en tant que sujet, c’est-à-dire auteur et acteur de sa propre vie en lien avec les autres sujets composant ses diverses communautés d’appartenance (ethnique, religieuse, politique, à l’échelle locale ou planétaire...), que l’individu peut recréer un sens qui devient le vecteur unificateur de son existence. » (Gohier, 2002b, p. 16)

4e thème abordé : Le sujet : entre rationalité et imaginaire, sens et sensibilité
Dans cette section, Gohier souhaite répondre à la question Comment former ? À ses dires, le langage de la rationalité et le langage de l’imaginaire arrivent à solliciter deux volets chez le formé qui tente de comprendre le réel.

« La rationalité, essentiellement conceptuelle et argumentative, fait-elle appel à tous les mécanismes mis au jour par la psychologie cognitive, de la pensée formelle à la métacognition, qui permettent de comprendre le monde et soi-même à l’aide de structures logico-mathématiques, dans le cadre d’une pensée de type analytique. » (Gohier, 2002b, p. 21)

« Le monde de l’imaginaire, comme on l’a vu, se caractérise plutôt par l’image et l’analogie. Il fait appel à d’autres catégories de la pensée, à la capacité à symboliser qui peut se développer notamment par l’usage de la métaphore, l’utilisation libre de l’association, la construction de sens «figurés», le développement de la capacité onirique. » (Gohier, 2002b, p. 21)

Conclusion

En guise de conclusion, la chercheure soutient qu’il importe d’éduquer à la compréhension et à la relation. Sous-jacent à cela, c’est la sensibilité qui devrait avoir la priorité lorsqu’il est question de finalités visées par le qui former. Lorsqu’on pense aux finalités, quelques objectifs sont à considérer :

-          Faire en sorte que le formé arrive à donner du sens au monde de la fragmentation, de la globalisation, de la complexité et de l’hybridité (dans le projet éducatif).
-          Articuler les finalités en fonction d’un triple rapport au monde 1. rationnel, 2. symbolique, 3. affectif.
-          Travailler la double capacité : compréhension et relation au monde.
-          Partir du sensé (prend forme dans deux registres du penser : celui de l’univers conceptuel du discours rationnellement acceptable et celui du monde imagé de l’univers symboliquement signifiant.)
-          Partir du senti (la sensation, générée par le contact sensuel avec le monde, par la voie d’un rapport direct avec les êtres, la nature et les choses, aussi bien que par celle d’un rapport médiat par l’imagerie mentale; au sentiment, participant de la sphère de l’affectivité, de contiguïté avec l’autre (proche ou lointain)

« Pour faire face au nouveau monde, dans son versant émancipateur tout autant que dominateur, l’éducation doit donc viser la formation d’un sujet, auteur et acteur de sa propre vie, liée à celle des autres personnes en tant que sujets. Réflexivité critique, éthique et autonomie ont alors pour compléments le sens de la responsabilité, de la solidarité et de la participation qui contribueront à tisser ce lien qui, ultimement ressortit à la signification conférée au monde. C’est par la construction du sensé et du senti, par la jonction des sphères cognitive et affective, de l’ordre du penser et de la sensibilité, que compréhension et relation peuvent se développer. » (Gohier, 2002b, p. 22)

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