Enfermement

«Entre les épaves des institutions politiques et les statues élevées aux futurs technocrates en tout genre se dresse alors la figure d’une société politiquement immature, puisque la fonction de chacun de ses membres est précisément de l’oublier. Les individus sont enfermés dans une sphère privée à laquelle l’espace public, devenu terreau publicitaire, ne cesse de renvoyer en créant ici des besoins, là des désirs. Quant aux intellectuels devenus spécialistes, on les confine à un problem solving qui, faute de nous permettre de mieux comprendre la société, ne peut, par le fait même, participer à sa remise en question ou à sa transformation. Les médias agissent alors en répartiteurs de cette immaturité politique, s’assurant que les rouages de la société sont bien lubrifiés et que tout le monde connaît bien sa place et y reste.»

Simon Tremblay-Pépin, 2013, p. 143

Référence complète :

Tremblay-Pépin, S. (2013). Illusions. Petit manuel pour une critique des médias. Montréal : Lux. Collection Lettres libres.