Référence de l'ouvrage :
Moessinger, Pierre (2000). Le jeu de l’identité. Paris : PUF.
Nombre de pages : 171.
Le constant enjeu de cet ouvrage est sans contredit d’en arriver à rendre compte d’une approche explicative de l’identité surtout au sens individuel du terme. Pour ce faire, Pierre Moessinger fait appel à ce qu’il nomme la « sociopsychologie ».
« Si le concept d’identité paraît insaisissable, souligne-t-il, c’est tout d’abord qu’on ne peut le saisir à un seul niveau. Qu’on l’étudie au niveau psychologique et on le réduit à des identifications, des représentations ou des conceptions de soi, occultant ainsi l’appartenance de l’individu à des systèmes sociaux. Qu’on l’approche à un niveau plus sociologique et on ne voit plus son ancrage dans l’individu. (…) L’identité serait plus vraie qu’elle est profonde. » (p 161) Il explique que l’identité est « un mécanisme, un processus, et les processus ne sont jamais directement observables » (p.91)
Des les premières pages de l’ouvrage, il définit l’identité comme « le thermostat social de l’individu » (p.2). Toutefois, il reconnaît que cette définition reste simplificatrice et ne rend pas compte de la dynamique psychologique de l’individu. C’est pourquoi il cherchera à relier les niveaux psychologique et sociologique de l’identité.
Définissant ensuite l’identité par rapport au sentiment de la « honte », il fait remarquer que « dans la honte, on s’expose à soi-même, et qu’on expose quelqu’un qui n’est pas celui qu’on voudrait être, ce qui renvoie à l’identité » (p.71).
Il rapporte également le mérite de l’étude psychologique du changement de perspective (perspective-taking) qui a montré que le développement de la connaissance de soi passe par le développement de la connaissance qu’on a des autres. (cf p.73)
Faisant allusion aux concepts d’unité et d’unicité, Moessinger observe qu’on définit souvent l’identité à partir de ces deux dimensions. « L’unité se réfère à un ensemble de propriétés individuelles qui reste relativement constant, à la continuité de l’individu. L’unicité se réfère à la spécificité de l’individu, à ce qui fait qu’il est différent des autres, et renvoie souvent au vécu et à la subjectivité (…) » (p.95).
Pierre Moessinger relève que l’unité de l’identité n’est pas synonyme d’immobilité. Il rapporte à ce propos : « Le sens commun a tendance à voir dans l’identité quelque chose de permanent tout au long de la vie. (…) Cependant, on occulte ainsi le changement, l’évolution individuelle, et on conçoit une identité immobile. » (p.99)
Nature des données et nature de l’ouvrage :
Comme le mentionne l’auteur dès la première page, il s’agit moins d’un tour d’horizon de recherches que d’un ensemble d’hypothèses et de problèmes qu’il pose sur le thème de l’identité.
Principales méthodes de recherches :
Il s’agit essentiellement de recherches théoriques se fondant sur des recherches d’ordres divers : travaux scientifiques (en psychologie, en sociologie, en psychanalyse, en anthropologie), travaux littéraires (biographies, etc)
Théories principales, idées maîtresses et concepts :
Partant du présupposé théorique selon lequel l’identité est une donnée doublement cumulative, intégrant le sociologique et le psychologique, Pierre Moessinger répertorie et analyse un ensemble de variables microsociologiques et des notions liées au domaine de la psychologie telles : la dissonance, l’unité, l’unicité, la conscience, l’inconscient, la volonté, la responsabilité, le moi, la honte, l’envie, la culpabilité, la schizophrénie, le lavage de cerveau, le conformisme, le leadership, la prévoyance, la spontanéite. Pour illustrer ces deux derniers termes (la prévoyance et la spontanéité), l’auteur use et commente abondamment la métaphore dite de la « cigale et de la fourmi ».
Des références :
Gaulejac, V. (1996). Les sources de la honte. Paris : Desclée de Brouwer.
Dortier, J.-F. (1998). L’individu dispersé et ses identités multiples. Auxerre : Sciences humaines.
Chauchat, H. (1999). Du fondement social de l’identité du sujet. Paris : PUF.
Elster, J. (1986). Le laboureur et ses enfants. Paris : Minuit.
Alberoni, F. (1995). Les envieux. Paris : Plon
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