Ci-après, le lecteur trouvera quelques extraits d'un ouvrage du sociologue P.-J. Simon. J'offre ces extraits à sa réflexion.
Le seul trait qui semble commun à toute l’humanité c’est la production du social. Ainsi, ce qui est proprement humain (ce qui échappe au déterminisme de la nature) c’est le social (d’autres diraient le culturel). L’homme crée donc sa propre condition humaine. Or, le social c’est la règle, la norme, la loi.
«L’humanisation, c’est l’institution de la loi. Il y a humanité et fondation de la société à partir du moment où est édicté le prescrit et l’interdit, le juste et l’injuste, le bien et le mal». (p. 60-61).
[…] «le social c’est l’univers des règles, c’est la loi, mais c’est aussi, en même temps, l’infraction à la loi, la transgression toujours possible et souvent réalisée, la résistance aux règles et la ruse avec les règles, puisqu’il n’y a pas pour l’homme d’autre obligation à obéir aux lois humaines que d’y consentir ou d’y être forcé par d’autres hommes. Et c’est parce qu’il y a aussi infraction aux règles et modification des règles, qu’il y a de l’histoire» (p. 61).
«[…] le social c’est la loi et l’infraction à la loi […]» (p. 61).
Ce nihilisme auquel conduit la logique sociologique ne conduit pas pour autant au total arbitraire et à l’anarchie car :
«Toutes dépourvues qu’elles soient de fondement et de garant métaphysique, les lois sont à l’évidence indispensables à toute Cité» (p. 102).
«Aussi valent-elles comme règles du jeu des hommes en société (…)» (p. 102).
«Il faut ainsi admettre que les êtres humains, pour ce qui en eux ne relève pas du biologique, de la nature animale, mais du social et du culturel, c’est-à-dire en ce qu’ils sont proprement humains, sont des êtres de fiction, des personnages d’une histoire dont ils n’ont pas, au-delà d’eux-mêmes dans un Ciel que désormais l’on sait vide ou peuplé seulement des créations de leur imagination, ni en deçà d’eux-mêmes dans une Nature indifférente, à rechercher l’Auteur car elle n’est faite que par eux. Créatures sociales, ils sont dans un monde sans arrière-mondes les auteurs-acteurs de leur propre vie et de leur histoire» (p. 102).
«Croire à la fécondité du néant, cela veut dire aussi que pour l’humanité rien n’est jamais joué d’avance, ni (sauf suicide collectif nucléaire qui serait la vraie fin de l’histoire) définitivement. Et qu’il est non seulement permis mais réaliste d’affirmer, contre les déterminismes de quelque ordre qu’ils soient, les fatalismes et les conservatismes de la nécessité, la possibilité de l’Impossible» (p. 103).
RÉFÉRENCE :
Simon, P.-J. (2001). Éloge de la sociologie ou la fécondité du néant. Paris : PUF.
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