Nos sociétés produisent de la bêtise et de l'insignifiance à profusion, à un degré jamais atteint auparavant.
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04 décembre 2025
Bêtise et insignifiance
Professeur titulaire au département des sciences de l'éducation de l'Université du Québec à Trois-Rivières
Connaissance et ignorance
La connaissance devrait toujours être accompagnée de la connaissance de son ignorance.
Professeur titulaire au département des sciences de l'éducation de l'Université du Québec à Trois-Rivières
Danger de celui qui en sait beaucoup
Le plus grand danger pour quelqu'un qui en sait beaucoup est de se croire savant et ainsi de se considérer infaillible.
Professeur titulaire au département des sciences de l'éducation de l'Université du Québec à Trois-Rivières
André GAULIN (1991) sur le Canada et le Québec
« Jamais, non jamais, ce pays qui se pourfend d’une charte des droits votée à Londres n’a accordé le statut d’égalité au peuple québécois : inégalité linguistique, inégalité culturelle, inégalité économique, inégalité politique. Jamais le Dominion of Canada n’a su réussir au Québec ce test fondamental de la démocratie : traiter d’égal à égal avec le peuple fondateur de la Nouvelle-France. »
André Gaulin : Historien et ancien député de l’Assemblée nationale du Québec
Professeur titulaire au département des sciences de l'éducation de l'Université du Québec à Trois-Rivières
03 décembre 2025
Sagesse et humilité
La sagesse exige l'humilité, l'humilité demande de la sagesse.
Professeur titulaire au département des sciences de l'éducation de l'Université du Québec à Trois-Rivières
27 novembre 2025
Les critiques de la pensée de Pierre Bourdieu par Michel Freitag
Fondements de la sociologie de Freitag
Michel Freitag voit la société comme une « structure de pratiques » porteuse de sens, où les normes et les institutions encadrent la praxis des acteurs sans l’abolir. La question de la vérité y est donc indissociable de la question de la normativité et du devenir des sociétés. Sa sociologie s'ancre dans une perspective à la fois ontologique et critique. Sa théorie distingue des trois modes de reproduction sociétale : culturel-symbolique, politico-institutionnel, décisionnel-opérationnel. Ces trois modes - idéaux-types au sens wébérien du terme - servent à penser les transformations historiques du capitalisme et de la modernité, jusqu’à la postmodernité technocapitaliste.
Le reproche d’hyperdétermination structurelle
Michel Freitag considère que l’œuvre de Bourdieu a le défaut d'être une forme de « surdétermination » des pratiques par l’habitus et les champs. Dans son oeuvre, Bourdieu réifie le social et marginalise la capacité des acteurs à instituer et transformer les normes. Bourdieu apparaît donc à Freitag comme un auteur emblématique des théories qui décrivent surtout la reproduction des structures, en ne laissant qu'une place infime à une praxis créatrice. La critique de Freitag vise ainsi un courant plus large qu’il associe à d’autres approches systémiques (comme celle de Luhmann) où la logique des structures ou des systèmes semble autonome par rapport au vécu subjectif des acteurs et à leurs conflits normatifs.
Domination symbolique vs ordre symbolique
Si Bourdieu met au centre de sa pensée la domination symbolique et les mécanismes de reproduction (notamment scolaire), Freitag, pour sa part, insiste davantage sur l’ordre symbolique comme horizon de sens partagé qui rend possible non seulement la domination mais aussi sa critique. Les travaux de Bourdieu analysent la symbolique comme un simple instrument de légitimation des rapports de force. Par contre, ceux de Freitag renvoient à l’idéalité et à la réflexivité collectives. Ce dernier pense qu’une sociologie centrée sur la reproduction (comme celle de Pierre Bourdieu) finit par naturaliser la domination en la décrivant comme quasi inévitable. par le fait même, elle ne permet pas de reconstruire les conditions d’une autonomie normative et politique des acteurs.
Critique de l’épistémologie mise de l'avant par Bourdieu
Dans son oeuvre, Michel Freitag fait une critique épistémologique du positivisme et de ses dérives scientistes. La sociologie de Bourdieu relève ce courant. Freitag refuse l’idée que la sociologie puisse se réduire à la mise au jour de régularités structurales. Pour lui, on ne peut séparer cette discipline des questions de validité normative et de celles relevant de projets collectif. En transformant les états de fait (rapports de force, champs, intérêts) en quasi transcendance ces sociologies « scientifiques » substituent la contrainte factuelle à la légitimité,
Postmodernité, technocapitalisme et limites de Bourdieu
Freitag élabore une théorie de la mutation vers un mode de reproduction ''décisionnel-opérationnel'' où la logique des systèmes ''technocapitalistes'' tend à s’imposer au‑dessus des acteurs et des institutions politiques, dissolvant la société comme structure de sens. Les analyses de Bourdieu sont pour lui trop centrées sur les champs et l’habitus pour saisir la nouvelle forme de domination systémique, abstraite et globalisée. Si Michel Freitag cherche à penser la crise de la modernité elle‑même (la mise en cause de l’idéal de réflexivité politique et d’autonomie collective par la montée d’une rationalité systémique postmoderne), Bourdieu reste prisonnier d’une sociologie de la reproduction des classes au sein de la modernité.
Professeur titulaire au département des sciences de l'éducation de l'Université du Québec à Trois-Rivières
18 novembre 2025
Günther Anders (1902-1992) : une analyse prémonitoire
"Pour étouffer par avance toute révolte, il ne faut surtout pas s’y prendre de manière violente. Les méthodes archaïques comme celles d’Hitler sont nettement dépassées. Il suffit de créer un conditionnement collectif en réduisant de manière drastique le niveau & la qualité de l’éducation, pour la ramener à une forme d’insertion professionnelle.
« Un individu inculte n’a qu’un horizon de pensée limité et plus sa pensée est bornée à des préoccupations matérielles, médiocres, moins il peut se révolter. Il faut faire en sorte que l’accès au savoir devienne de plus en plus difficile et élitiste... que le fossé se creuse entre le peuple et la science, que l’information destinée au grand public soit anesthésiée de tout contenu à caractère subversif.
Là encore, il faut user de persuasion et non de violence directe : on diffusera massivement, via la télévision, des divertissements abrutissant, flattant toujours l’émotionnel, l’instinctif. »
« On occupera les esprits avec ce qui est futile et ludique. Il est bon avec un bavardage et une musique incessante, d’empêcher l’esprit de s'interroger, penser, réfléchir. »
« On mettra la sexualité au premier rang des intérêts humains. Comme anesthésiant social, il n’y a rien de mieux. En général, on fera en sorte de bannir le sérieux de l’existence, de tourner en dérision tout ce qui a une valeur élevée, d’entretenir une constante apologie de la légèreté ; de sorte que l’euphorie de la publicité, de la consommation deviennent le standard du bonheur humain et le modèle de la liberté »
Professeur titulaire au département des sciences de l'éducation de l'Université du Québec à Trois-Rivières
Beau paradoxe
Un professeur d'université, c'est maintenant quelqu'un qui n'a plus le temps de lire. Beau paradoxe !
Professeur titulaire au département des sciences de l'éducation de l'Université du Québec à Trois-Rivières
Triste constat
Pour l'essentiel, les universités sont maintenant gérées comme des entreprises privées à la recherche de marchés et de clientèles. C'est la connaissance qui en pâtit.
Professeur titulaire au département des sciences de l'éducation de l'Université du Québec à Trois-Rivières
15 novembre 2025
Enrôlement de la science
Professeur titulaire au département des sciences de l'éducation de l'Université du Québec à Trois-Rivières
11 novembre 2025
Sur la supériorité de la sociologie de Michel Freitag sur celles de ses contemporains
Michel Freitag a élaboré une sociologie dialectique qui vise à synthétiser les apports de trois grands courants théoriques : le marxisme, le fonctionnalisme et le structuralisme. Il a systématiquement refusé la réduction de la société à des abstractions économiques (comme c'est le cas dans le marxisme) ou encore à des effets de structures impersonnelles (on pense au structuralisme). Il a plutôt insisté sur la dialectique entre la normativité, les institutions, et la praxis. Sa sociologie repense la place du sujet, de la normativité et du conflit. Elle intègre aussi l'important héritage de la phénoménologie, ce qui lui permet d’éviter la réification du social souvent constatée dans d'autres traditions théoriques. Michel Freitag a proposé une critique qu'on peut qualifier de radicale de la postmodernité et de la domination croissante de la logique technocapitaliste sur l’ensemble de la vie sociale. Il a mis au jour la dissolution de la société en tant que structure de sens ainsi que la marchandisation de l'ensemble des différentes sphères humaines. Son diagnostic dépasse donc les constats d'atomisation ou de fragmentation sociale proposés par d'autres penseurs. Il a fondé sa démarche théorique sur un retour à la question des conditions de toute connaissance sociale. De la sorte, il a marqué le lien entre la sociologie et la réflexion épistémologique. Michel Freitag a critiqué à la fois le scientisme, l’hyperfonctionnalisme et le tournant linguistique. Il les considérait comme déconnectés de l'ancrage ontologique et normative de la sociologie. Sa sociologie insiste justement sur le rôle des normes et de la praxis humaine. Pour Michel Freitag la société est une sorte de structure de pratiques, qui fait sens pour les acteurs et c'est en son sein que se constituent et se transforment les normes de ces derniers. Il a donc toujours refusé tout autant les conceptions hyperdéterminées (Bourdieu ou encore Luhmann) et les visions essentiellement individualistes qui oublient l'importance des institutions dans la vie humaine. Michel Freitag affirmait haut et fort la vocation critique de la sociologie face à la gestion technocratique. Plus globalement, il soutenait que les sciences sociales doivent viser à comprendre les tendances civilisationnelles et à restaurer la question de la normativité dans le monde contemporain. En raison de son élaboration théorique du symbolisme et de la normativité, il faut en mesure de traiter en profondeur les enjeux de sens, d’aliénation et d’écologie culturelle. Son oeuvre est donc nettement supérieure à celles, trop nombreuses, qui se contentent d'une gestion essentiellement descriptive ou instrumentale du monde social.
Référence :
Martineau, S., Buysse, A. (2016). Amorce d’un dialogue entre la vision humaniste de Michel Freitag et les sciences de l’éducation. Dans Éducation et humanisme. Variations. Sous la direction de D. Simard, J.-F. Cardin, L. Levasseur, Québec, PUL, p. 145-162.
Professeur titulaire au département des sciences de l'éducation de l'Université du Québec à Trois-Rivières
10 novembre 2025
Singer...
Les chercheurs en sciences humaines et sociales sont tellement concentrés à singer ceux qui oeuvrent en sciences de la santé et de la nature, qu'ils produisent de moins en moins ce qui faisait la force et l'intérêt de leurs disciplines.
Professeur titulaire au département des sciences de l'éducation de l'Université du Québec à Trois-Rivières
Vite et mal
Plus la science produit vite, plus elle produit mal.
Professeur titulaire au département des sciences de l'éducation de l'Université du Québec à Trois-Rivières
Recherche et réseau...
Une grande partie du métier de chercheur universitaire consiste aujourd'hui à se <<réseauter>>, donc à passer un temps fou à ne pas faire de la recherche.
Professeur titulaire au département des sciences de l'éducation de l'Université du Québec à Trois-Rivières
04 novembre 2025
Les principales différences entre l'interactionnisme symbolique et l'ethnométhodologie
L'interactionnisme symbolique et l'ethnométhodologie sont deux approches importantes et populaires de la sociologie qualitative. Elles sont toutes deux centrées sur l'étude de la vie quotidienne, des interactions sociales et de la signification.
Elles se distinguent toutefois par leur manière d'appréhender la construction du sens et la méthodologie employée.
Interactionnisme symbolique
À la suite de chercheurs tels Mead, Blumer ou encore ceux de l’École de Chicago, ce courant insiste sur la centralité des significations subjectives attribuées par les acteurs à leur réalité.
Les individus agissent ainsi en fonction des significations construites lors des interactions sociales. Ces significations sont négociées et transformées dans et par l’action.
L’accent est mis sur la nature interprétative de l’action. L’expérience sociale, la rencontre et la dynamique relationnelle façonnent le cadre d’interprétation des acteurs.
Les recherches se penchent donc sur les définitions de situation des acteurs : comprendre comment ils perçoivent, ajustent et modifient ces significations.
Ethnométhodologie
L’ethnométhodologie (dont le père fondateur est Harold Garfinkel) prolonge certains principes de l’interactionnisme mais se distingue par sa focalisation sur les méthodes pratiques et tacites dont les membres d'un groupe font usage pour construire l’ordre social au quotidien.
L’objet d’étude n’est pas seulement la signification, mais porte plutôt sur les pratiques de production du sens, pratiques par lesquelles les acteurs organisent et rendent l’action sociale intelligible au quotidien.
Ce courant postule que les acteurs sociaux sont compétents et utilisent des savoir-faire locaux, parfois improvisés, généralement implicites, pour maintenir l’apparence de normalité et de régularité sociale. Son concept de réflexivité rend compte de l’idée que le social est sans cesse (re)construit dans l’action.
Les recherches se concentrent alors sur la description fine des mécanismes concrets et des routines langagières et interactionnelles qui produisent l’ordre social.
Ainsi, si l’interactionnisme symbolique analyse comment le sens émerge dans l’interaction à travers l’échange et la négociation de signes, l’ethnométhodologie s’intéresse davantage aux procédés pratiques par lesquels les membres d’un collectif produisent (et rendent reconnaissable) ce même sens au quotidien.
Professeur titulaire au département des sciences de l'éducation de l'Université du Québec à Trois-Rivières