Le petit texte qui suit est une fiction...
Je viens de sortir de
l’université, le marché du travail m’ouvre les bras, chanceux, j’ai ma première
classe à moi. Les gens sont bien gentils, la direction est accueillante, les
collègues me sourient et me souhaitent la bienvenue. On m’a montré mon bureau
de travail, le local où je vais enseigner, le salon des profs, et voilà. Pour
le reste, s’il y a un problème, on me dit de «faire signe». Bon, c’est certain, on
m’a donné des élèves «difficiles», une queue de tâche, mais, faut pas trop être
gourmand quand on a la chance comme moi d’avoir un job.
Ce matin je rencontre mes élèves
pour la première fois. Je me suis préparé comme un fou mais je suis nerveux et
des papillons voltigent dans mon estomac. Comment cela se passera-t-il ? …
Ouf, je suis passé au travers cette
rencontre initiale. Mais, je ne sais pourquoi, je doute de moi, ai-je dit ce
qu’il fallait dire, fait ce qu’il fallait faire ? …
Six semaines plus tard…
Quel métier ! Que de difficultés,
que de défis ! J’ai l’impression de ne plus rien savoir du tout sur
l’enseignement, comme le sentiment de devoir tout réapprendre sur le tas. Ai-je
si peu appris de ma formation ? Et les élèves qui ne collaborent pas toujours.
Pourtant, je travaille vraiment beaucoup pour préparer des activités
intéressantes et innovantes juste pour eux. Ça me démolit quand je sors d’une
leçon où cela n’a pas bien été. Je prends ça personnel. Je ne suis pas certain
de moi, je n’en dors pas la nuit. Avoir tant idéalisé ce moment de l’entrée
dans la carrière et me retrouver ainsi à imaginer parfois la quitter parce que
c’est trop dur. Suis-je fait pour l’enseignement ?
Quatre mois ont passé…
Ça va mieux qu’au début mais ce
n’est toujours pas la joie. Je dois tout faire tout seul sans soutien, ni des
collègues, ni de la direction. Oh, les gens sont toujours aussi gentils mais
c’est chacun pour soi. Et, quand on est nouveau comme moi, comment aller avouer
ses peurs ou, pire, ses erreurs ?
Fin de l’année scolaire…
J’ai survécu ! Quelle année, quel
défi. Ça été si difficile parfois que cela a même failli mettre mon couple en
danger : pas facile de vivre avec quelqu’un qui en arrache au travail. Je dois
tout de même dire que je sors plus fort de l’aventure. Par contre je sors aussi
quelque peu aigri de cette première année et je n’aime pas ça. Aigri dès le
début, qu’est-ce que va être la suite! Pourquoi ai-je dû vivre cela entièrement
seul ? Je ne croyais pas que le milieu était si individualiste. On m’avait
prévenu, «l’insertion professionnelle, surtout la première année, c’est pas de
la tarte, faut être fait fort», mais de là à imaginer que ç’était comme ça !
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