Depuis
Kant on sait que pour comprendre ou expliquer le monde, nous ne sortons pas de
nos représentations. Selon l'expression du philosophe allemand, les «choses en
soi» sont inconnaissables. Ce que nous savons du monde est lié à notre position
dans ce monde. Est-ce à dire que nous sommes condamnés à «l'à peu près», à
l'irrationnel, au «tout se vaut», à la seule subjectivité ? Certains semblent
le croire. Ce n'est pourtant pas le cas.
En
fait, si nous n'avons accès aux choses que par la seule médiation de nos outils
d'appréhension du monde, cela
n'exclut pas l'objectivité. Mais, celle-ci ne
loge plus - comme le croyait le réalisme - dans l'adéquation du savoir avec la
chose elle-même mais dans le rapport des représentations entre elles. En effet,
dans la compréhension du monde, tous les rapports de représentations ne se
valent pas. Par exemple, d'un point de vue pragmatique, on peut dire qu'est
vrai ce qui «marche», ce qui fonctionne, ce qui permet d'agir sur le monde.
D'un point de vue rationaliste, on peut dire qu'est vrai l'explication du
phénomène ou de l'objet qui met en jeu le meilleur rapport des représentations
entre elles. Dans les deux cas, le réel n'apparaît plus comme un en soi
métaphysique mais comme un réel qui émerge; émergence qui n'est toutefois pas
le fruit des fantaisies du sujet connaissant.
En
somme, on peut dire que le relativisme et l'anti-rationalisme ont tort. Ils pensent naïvement que,
parce que nous n'avons pas accès aux choses en elles-mêmes, la porte est
ouverte à toutes les formes de subjectivismes. Il n'en n'est rien. Notre
langage est capable de construire des systèmes de relations. De ceux-là nous
pouvons juger de leur objectivité, de leur logique, de leur capacité
explicative des phénomènes et des objets.
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