Bienvenue



Pour me rejoindre :

Stemar63@gmail.com

07 juin 2023

Brefs commentaires personnels sur le débat entourant la création d'un Institut national de l'excellence en éducation (INEÉ)

En mai et juin 2023, un débat fait rage en éducation autour d'un projet de loi voulant notamment créer un Institut national de l'excellence en éducation (INEÉ)

Les positions des tenants de l'INEÉ dénotent une analyse biaisée des sciences de l'éducation, de la formation des enseignants et des formateurs.

Ils parlent comme si les formateurs étaient déconnectés de la réalité scolaire. Or, il n'y a jamais eu autant de recherches de terrain faites en partenariat avec les enseignants. De plus, les facultés et départements d'éducation ont embauché ces dernières décennies de plus en plus de professeurs qui ont obtenu le brevet d'enseignement. Par ailleurs, autour de 80 % des activités/cours des programmes de formation à l'enseignement au Québec sont donnés par des chargés de cours dont la vaste majorité sont des enseignants de métier (sont-ils aussi déconnectés ?).

Les tenants de l'INEÉ souhaitent étendre le modèle médical à l'éducation sans questionner sa pertinence pour une profession fort différente des professions médicales. Ajoutons à cela qu'ils font constamment un procès d'intention aux opposants à l'INEÉ, lesquels ne seraient que de vils corporatistes. Bien entendu, si plus de 300 formateurs/chercheurs s'opposent à l'INEÉ ce ne peut être que pour des mauvaises raisons et des motifs inavouables. En fait, jamais ils ne répondent aux très nombreux arguments des opposants, ils s'en tiennent seulement à des accusations non fondées et vicieuses. Leur vision de l'excellence semble aussi fort questionnable et limitée à la réussite scolaire (et non éducative). Enfin, ils ne prennent pas en compte le fait qu'une multitude de professions ne font pas reposer leur pratique sur des «evidence-based practices».

La vision du constructivisme présentée par les adeptes de l'INEÉ est caricaturale et en bonne partie fausse" Ceux-ci savent-ils qu’ils n’y a à toute fin pratique plus de positivistes (au sens du 19e siècle) même en science de la nature et que cela ne signifie pas que ceux-ci considèrent que la connaissance est un construit personnel. Aussi, ils semblent confondre approches méthodologiques et paradigmes épistémologiques rendant synonymes approche qualitative et constructivisme; ce qui est faux. Par exemple, la majeure partie des anthropologues de la 1ère moitié du 20e siècle étaient positivistes et travaillaient tous en qualitatif. La grande majorité des historiens actuels ont une vision assez classique du savoir scientifique, c’est à dire objectiviste (qui n’est pas le positivisme radical), et travaillent essentiellement avec des approches qualitatives issues de l’herméneutique.

À lire les tenants de l'INEÉ, les sciences de l'éducation se résument (ou devraient se résumer) à la pédagogie (recherches sur l'enseignement). Or, les sciences de l'éducation regroupent non seulement des chercheurs de différentes disciplines mais comportent également de multiples objets d'étude : les politiques scolaires, les programmes scolaires, les directions d'établissement, le rapport parents - écoles; le développement de l"enfant, le travail enseignant (insertion professionnelle, décrochage, évolution de la profession, etc.), l'histoire de l'éducation et j'en passe. Critiquer les sciences de l'éducation sous le seul angle de la production des savoirs pour enseigner est très réducteur.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire