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10 octobre 2018

Penser la recherche en éducation : petit tour historique


Penser l’éducation avant la modernité

À partir du XVIIe siècle, avec l’apparition des premières écoles sur le modèle que nous connaissons encore aujourd’hui, le discours pédagogique se divise en deux grands courants : le courant religieux et le courant humaniste. Bien que n’étant pas toujours en conflit, ces deux courant conçoivent l’éducation de manière relativement différente. Surtout, ils tenteront de traduire leurs idées dans des pratiques concrètes : pensons à Jésuites et aux frères des écoles chrétiennes pour l’un et à Pestalozzi pour l’autre, discipline de Jean-Jacques Rousseau. Ainsi, tournant le dos à la seule pensée spéculative, le champ de l’éducation de cette époque se caractérise déjà par la cohabitation de la théorie et de la pratique, cohabitation qui constitue toujours un défi de nos jours.

Penser l’éducation durant l’essor de la modernité

En Occident, le XIXe va être le théâtre de l’éclosion sans précédent de la science. À cette époque le positivisme et l’évolutionnisme sont des courants de pensée triomphants. Suivant le pas, l’éducation se veut scientifique. À partir du début XXe siècle jusqu’aux années 1950/1960, les penseurs tentent d’établir une pédagogique objective, sorte de science pratique. La recherche en pédagogie s’arrime aux méthodes issues des sciences de la nature et de la santé. D’un côté, émerge la psychologie pédagogique – ce qu’on appelle aujourd’hui la psychopédagogie – laquelle prend pour objet la dimension psychologique de la connaissance scientifique du développement de l’enfant. La recherche porte alors sur l’apprentissage, le développement affectif, moral et social de l’enfant. Les méthodes de recherche les plus utilisées sont notamment l’observation systématique et l’entretien clinique. D’un autre côté, on retrouve la pédagogie expérimentale, laquelle va devenir la didactique expérimentale. Ce courant de recherche est en quelque sorte le versant didactique de la connaissance scientifique du développement de l’enfant. On cherche alors à élaborer des dispositifs d’enseignement à partir de modèles issus de la critique rationnelle de la pratique et des connaissances psychologiques. Ou encore, on tente de vérifier expérimentalement l’efficacité de ces dispositifs. C’est surtout dans ce courant de recherche que se développent la méthode des tests et les devis quasi-expérimentaux, les approches corrélationnelles. Dès l’or, on constate des tensions entre la pratique et la rationalité scientifique, les résultats des recherches se révélant souvent plutôt décevant pour les praticiens.

Penser l’éducation durant la postmodernité

À partir de la deuxième moitié du XXe siècle la pensée postmoderne de déploie et remet en cause les approches de recherche inspirées par le positivisme. En éducation, le postmodernisme va se traduire, entre autres, par une remise en cause des recherches à devis expérimentaux, par le rejet plus ou moins accentué des statistiques comme base de données et par l’adoption d’approches collaboratives. Le postmodernisme ne pourra toutefois étouffer totalement les courants dits plus classiques de sorte que la recherche en éducation devient un champ où cohabitent une multitude d’approches, de disciplines, de paradigmes, de théoriques aux objets diversifiés. Les nouvelles orientations qui marquent la recherche en éducation depuis quelques décennies aboutissent n’ont pas été sans conséquences. D’abord, l’objet de la recherche s’est considérable élargi. Les sciences de l’éducation portent en effet leur regard sur une immense diversité d’objets et de problématiques. Ensuite, les méthodes se sont également diversifiées notamment par l’adjonction de disciplines contributives, comme l’anthropologie, la psychologie, l’histoire, la philosophie, la sociologie, etc. Enfin, cette diversité dont fait preuve le champ de la recherche en éducation s’est traduit par un éclatement où il est souvent facile de se perdre.
Penser l’éducation maintenant
Après le cognitivisme et le socioconstructivisme, une nouvelle mode émerge en éducation ces dernières années, mode issue des recherches en santé, celle d’asseoir les pratiques professionnelles sur des données probantes. Rappelons ici que les données probantes ne sont pas des vérités absolues, elles restent des hypothèses, mais des hypothèses que l’on souhaite les plus fiables possibles à un moment particulier et dans un contexte donné. Cette mode, qui n’est pas sans mérite, court bien entendu le danger inhérent à toute mode, à savoir celui d’être dévoyée, mal comprise, mal utilisée ou, pire encore, celui de se figer et de devenir dogmatique.

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