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15 décembre 2017

Comprendre selon Gadamer (philosophe allemand, 1900-2002)

Toute compréhension repose sur une pré-compréhension, une structure d'anticipation qui renvoie à la tradition dans laquelle vit l'interprète et qui modèle ses préjugés (conçus ici non pas négativement mais comme dimensions inévitables de notre processus de compréhension du monde). Cette compréhension préalable peut à son tour se déployer pour elle-même, se comprendre d'une manière explicite. L’explicitation d'une compréhension préalable est nécessaire au processus d’interprétation d’un phénomène. La compréhension du phénomène reposer donc sur une compréhension préalable explicitée et mise en rapport avec une compréhension subséquente.
La tradition n'est pas une chose que nous pouvons mettre de côté. Nous appartenons d'abord à une tradition historique et c'est à partir de celle-ci que nous abordons les choses. Par conséquent, nos interprétations ne sont jamais neutres mais toujours « conditionnées » par la tradition dans laquelle nous vivons et qui forme la substance de nos préjugés. La tradition est à la fois ce qui limite notre compréhension et ce qui la rend possible, à la fois ce qui la contraint et ce qui l'ouvre.
Si la compréhension est conditionnée par une tradition historique, celle-ci vient à nous à travers le langage. Le langage n'est donc pas un outil neutre, extérieur à l'interprète, mais le véhicule même des traditions interprétatives. Nous appartenons au langage comme nous appartenons à l'histoire. En ce sens, le « travail de l'histoire » à travers le langage n'est pas entièrement transparent; il dépasse notre subjectivité, la limite et la rend possible. Si l'interprétation est le ressort constitutif de toute activité cognitive et pratique, le langage est le mode d'être privilégié de cette activité interprétante.
La compréhension comporte aussi une dimension productive qui se situe entre la création ex nihilo et la pure et simple reproduction. Si la compréhension s'enracine d'abord dans une tradition interprétative qui la limite et la rend possible, elle n'est toutefois une reprise de la tradition. La compréhension s'enracine en fait dans le présent, dans les intérêts, les questions et les préoccupations de l'interprète. En ce sens, la compréhension ne peut reproduire exactement la tradition. Il y a toujours, ne serait-ce que minimalement, variation de la pensée. Par ailleurs, la compréhension ne loge ni du côté du sujet, ni du côté de l'objet ou de la tradition, mais dans cet entre-deux où le dialogue se noue. Toute compréhension comporte donc une production, à la fois une transformation de soi et de la tradition.
Si la compréhension s'enracine aussi dans le présent, dans les questions, les intérêts, les préoccupations et les attentes de sens de l'interprète, en d'autres termes si l'interprète est constitutif de la vérité herméneutique c'est que la compréhension comporte un aspect d'application à soi, une compréhension de soi. Comprendre c'est traduire dans ses propres termes, en fonction de sa situation. Cette application relève d'une recherche de sens.

Nous ne disposons jamais d’une compréhension achevée du monde. C’est pourquoi notre compréhension est toujours provisoire, sujette à révision. Comprendre est un projet sans fin. Cette ouverture de la compréhension possède la structure logique de la question. Par le questionnement, on s’ouvre à de nouveaux sens. La compréhension obéit à la dialectique de la question et de la réponse. 

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