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28 janvier 2015

L’évaluation en contexte de stage en enseignement. Points de vue des trois acteurs de la triade

La formation à l’enseignement au Québec est d’une durée de quatre années (1er cycle universitaire). Elle se fait en alternance entre le milieu universitaire et le milieu scolaire et comprend 700 heures de stage. Ses orientations sont la professionnalisation et l’approche culturelle de l’enseignement. Surtout, l’approche par compétences professionnelles préconisée a complexifié l’évaluation dans les stages. La collaboration entre les deux formateurs du stagiaire est alors particulièrement nécessaire car le jugement professionnel porté sur les performances du stagiaire doit être argumenté et documenté. Ainsi, les stages sont l’occasion d’un travail en commun où le superviseur universitaire (SUP) et l’enseignant associé (EA) endossent des rôles complémentaires. Or, cette collaboration ne va pas sans obstacles : relation hiérarchique; absence d’un sentiment de compétence du formateur de terrain ; manque de communication substantielle et de coopération des deux formateurs. En fait, l’alternance n’est formatrice que si elle prend la forme d’une intégration qui facilite une véritable articulation des savoirs théoriques et d'expérience. Définissons ici quelques concepts pertinents à notre recherche. L’évaluation concerne le processus de formation plutôt que le produit. Elle est partie prenante du processus de développement professionnel du futur enseignant. C’est dire que l’évaluation du développement des compétences professionnelles nécessite une conception de l’évaluation intégrée à la formation prenant en compte la régulation des stratégies d’apprentissage du formé et la régulation des stratégies d’enseignement et d’évaluation du formateur. Quant à l’évaluation formative, elle est un processus d'évaluation continue ayant pour objet d'assurer la progression de chaque apprenant dans une démarche d'apprentissage pour apporter (s'il y a lieu) des améliorations ou des correctifs appropriés. Pour sa part, la régulation proactive permet à l'enseignant (formateur) d'ajuster et d’adapter ses actions en fonction des besoins détectés chez l’apprenant (stagiaire). En ce qui concerne la régulation interactive (formateur et formé), elle renvoie au fait que l’apprentissage est contextualisé et se construit en interaction. Enfin, l’évaluation certificative (sommative) est l’évaluation des acquis (après la formation) pour vérifier l’atteinte des objectifs de formation. Tous ces processus sont en cause dans la triade formée par le superviseur universitaire (SUP), l’enseignant associé (EA) et le stagiaire (S). La recherche brièvement présentée ici (dont la responsable était Liliane Portelance, professeure titulaire à l'UQTR) avait pour objectif général d’analyser les propos des membres de la triade portant sur le processus d’évaluation du stagiaire. Pour ce faire, nous avons rencontré 7 stagiaires, 3 superviseurs et 3 enseignants associés. Nos données reposent sur un questionnaire écrit  (S, EA, SUP), des entrevues individuelles semi-dirigées (S, EA, SUP) et des conversations au naturel en triade lors des rencontres de supervision. Nous avons opté pour une stratégie d’analyse des données reposant sur une catégorisation émergente à l’aide de Weft QDA. L’analyse des données qualitatives a été validée par le processus de l’intercodage et de l’interanalyse entre les trois chercheurs. Nos résultats laissent voir des tensions dans l’évaluation en contexte de formation en alternance.  Plus spécifiquement, nous constatons une méconnaissance de la formation universitaire de la part des enseignants associés. De la même manière, les superviseurs universitaires font preuve d’une méconnaissance du contexte scolaire. De plus, des deux types d’acteurs montrent une compréhension différente des compétences professionnelles et portent leur attention sur des objets d’évaluation différents et de nature différente. En outre, leurs contacts sont loin d’être intensifs, ils sont plutôt ponctuels. À cela s’ajoute le fait que les deux membres de la entretiennent souvent des rapports hiérarchiques où le superviseur universitaire occupe le statut le plus élevé en raison de son titre de membre du corps professoral d’une université. En somme l’évaluation – tant formative que sommative – ainsi que les deux types de régulations cités plus haut (proactive et interactive) font souvent problème dans la triade de telle sorte qu’on ne peut affirmer que la collaboration entre les acteurs va de soi. Par exemple, le superviseur universitaire est perçu comme le «vrai» évaluateur du stagiaire quand l’évaluation est sensée être le fruit d’une collaboration non hiérarchique. Il va sans dire que les problèmes de collaboration entre le SUP et le EA dans le cadre de la triade peut nuire considérablement à la qualité de la relation dans la triade et, partant, au bien-être du stagiaire. Ce dernier est souvent la victime des tensions entre ses deux évaluateurs. 

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