Les combats perdus sont les plus beaux. Il ne faut donc pas cesser de combattre la folie qui nous habite.
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26 décembre 2017
Combats perdus
Professeur titulaire au département des sciences de l'éducation de l'Université du Québec à Trois-Rivières
Espoir
Et, pourtant, l'être humain continue d'espérer !
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Question
À quoi ressemblerait notre histoire si l'être humain avait un peu de bon sens ?
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Quand la bonté ne fait pas le poids
Une once de bonté pour des tonnes de méchancetés, voilà à quoi ressemble l'histoire humaine.
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Petite bouée
Chez l'être humain, la joie est une petite bouée qui flotte sur une mer de larmes.
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Horreur
Si la nature a horreur du vide, l'être humain, lui, a horreur du non-sens.
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Une chose difficile
Rien de plus difficile que d'être sage en tout temps.
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Chose éphémère
Le bonheur, le vrai, est une chose éphémère.
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22 décembre 2017
Endormir le peuple
Nos gouvernements travaillent d'abord pour les puissances économiques en distribuant de temps en temps quelques bonbons au peuple pour l'endormir. Et ça marche !
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Ne rien attendre
Il ne faut rien attendre d'éthique de la part de gens dont la réussite repose sur l'immoralité.
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Notre bien
Qui est assez naïf pour croire que les puissants veulent notre bien ?
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20 décembre 2017
Triomphe et stupidité
Une science triomphante devient toujours stupide ... et l'économie est actuellement une science triomphante !
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Des forces nuisibles
Les forces économiques et politiques travaillent actuellement contre la démocratie et le bien commun.
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Un poison
Une société où tout est pensé en terme de marché est une société dont la vie démocratique est empoisonnée.
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Barbarie
La pensée économique néolibérale est une forme de barbarie.
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Y mettre le prix
Quand tout a un prix, plus rien n'a de valeur.
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15 décembre 2017
Comprendre selon Gadamer (philosophe allemand, 1900-2002)
Toute compréhension repose
sur une pré-compréhension, une structure d'anticipation qui renvoie à la
tradition dans laquelle vit l'interprète et qui modèle ses préjugés (conçus ici
non pas négativement mais comme dimensions inévitables de notre processus de
compréhension du monde). Cette compréhension préalable peut à son tour se
déployer pour elle-même, se comprendre d'une manière explicite. L’explicitation
d'une compréhension préalable est nécessaire au processus d’interprétation d’un
phénomène. La compréhension du phénomène reposer donc sur une compréhension
préalable explicitée et mise en rapport avec une compréhension subséquente.
La tradition n'est pas
une chose que nous pouvons mettre de côté. Nous appartenons d'abord à une
tradition historique et c'est à partir de celle-ci que nous abordons les
choses. Par conséquent, nos interprétations ne sont jamais neutres mais
toujours « conditionnées » par la tradition dans laquelle nous vivons et qui
forme la substance de nos préjugés. La tradition est à la fois ce qui limite
notre compréhension et ce qui la rend possible, à la fois ce qui la contraint
et ce qui l'ouvre.
Si la compréhension est
conditionnée par une tradition historique, celle-ci vient à nous à travers le
langage. Le langage n'est donc pas un outil neutre, extérieur à l'interprète,
mais le véhicule même des traditions interprétatives. Nous appartenons au
langage comme nous appartenons à l'histoire. En ce sens, le « travail de
l'histoire » à travers le langage n'est pas entièrement transparent; il dépasse
notre subjectivité, la limite et la rend possible. Si l'interprétation est le
ressort constitutif de toute activité cognitive et pratique, le langage est le
mode d'être privilégié de cette activité interprétante.
La compréhension
comporte aussi une dimension productive qui se situe entre la création ex
nihilo et la pure et simple reproduction. Si la compréhension s'enracine
d'abord dans une tradition interprétative qui la limite et la rend possible, elle
n'est toutefois une reprise de la tradition. La compréhension s'enracine en
fait dans le présent, dans les intérêts, les questions et les préoccupations de
l'interprète. En ce sens, la compréhension ne peut reproduire exactement la
tradition. Il y a toujours, ne serait-ce que minimalement, variation de la
pensée. Par ailleurs, la compréhension ne loge ni du côté du sujet, ni du côté
de l'objet ou de la tradition, mais dans cet entre-deux où le dialogue se noue.
Toute compréhension comporte donc une production, à la fois une transformation
de soi et de la tradition.
Si la compréhension
s'enracine aussi dans le présent, dans les questions, les intérêts, les
préoccupations et les attentes de sens de l'interprète, en d'autres termes si
l'interprète est constitutif de la vérité herméneutique c'est que la
compréhension comporte un aspect d'application à soi, une compréhension de soi.
Comprendre c'est traduire dans ses propres termes, en fonction de sa situation.
Cette application relève d'une recherche de sens.
Nous ne disposons jamais
d’une compréhension achevée du monde. C’est pourquoi notre compréhension est
toujours provisoire, sujette à révision. Comprendre est un projet sans fin. Cette
ouverture de la compréhension possède la structure logique de la question. Par
le questionnement, on s’ouvre à de nouveaux sens. La compréhension obéit à la
dialectique de la question et de la réponse.
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Des lectures pour 2018
Pêle-mêle...
Paul Émile Roy : Le christianisme à un tournant.
Jules Tessier : Sur la Terre comme au ciel.
Annie Lebrun : Si rien avait une forme, ce serait cela.
Michel Fabre : Qu’est-ce que problématiser ?
Véronique Koehler : Voyage dans l’ancienne Russie.
Claude-Gilbert Dubois : Mythologies de l’Occident.
Olivier Rey : Une folle solitude. Le fantasme de
l’homme auto-construit.
Julia Kristeva : Cet incroyable besoin de croire.
Philippe Haeck : Pourquoi lis-tu au milieu de la nuit ?
Andrew Potter : Je suis vrai. Tomber dans le piège de
l’authenticité.
Ruwen Ogien : La panique morale.
Ruwen Ogien : Mon dîner chez les cannibales.
Ruwen Ogien : Mes mille et une nuits : la maladie
comme drame et comédie.
Jean-Marc Narbonne : Antiquité critique et modernité.
Essai sur le rôle de la pensée critique.
Didier Eribon : Principes d’une pensée critique.
Gérald Bronner : La pensée extrême. Comment des hommes
ordinaires deviennent des fanatiques.
Gérald Bronner : La planète des hommes :
réenchanter le risque.
Carole Widmaïer : Fin de la philosophie politique ?
Hannah Arendt contre Léo Strauss.
Nicolas Grimaldi : Préjugés et paradoxes.
Nicolas Grimaldi : Le livre de Judas.
Jean-François Mattéi : Platon et le miroir du mythe.
Raymond Aron : Leçons sur l’histoire.
Krzysztof Pomian : Sur l’histoire.
Krzysztof Pomian : L’ordre du temps.
Alain Boyer : L’explication en histoire.
Jean Brun : Philosophie de l’histoire. Les promesses du
temps.
François Dosse : L’histoire.
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Ce qui ne change pas
Si les temps changent à vitesse Grand V, une chose ne change pas, l'être humain exploite toujours autant son prochain.
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11 décembre 2017
Suffisance
Nous avons tous nos travers, nous pouvons tous déplaire à certaines personnes, mais, y a-t-il quelque chose de plus insupportable qu'un individu suffisant ?
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Vérité et mensonge
Si l'être humain recherche viscéralement la vérité, il produit aussi viscéralement du mensonge.
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Grand privilégié
À quoi reconnaît-on un grand privilégié ? À sa fortune, certes mais aussi à sa propension à se croire intellectuellement et moralement meilleur que les autres.
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Résister au changement
Plus nous avons à perdre, plus nous argumentons pour le statu quo.
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08 décembre 2017
Deux formes d'exploitation
Le capitalisme repose sur deux formes d'exploitation: celle des salariés et celle de la nature.
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Dépossession
C'est en dépossédant les autres que l'élite économique acquiert son pouvoir.
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04 décembre 2017
L'agnostisme
L'agnostisme est une posture à la fois d'ouverture au monde et d'humilité en tant qu'êtres pensants car il se fonde en quelque sorte sur un doute, celui envers notre capacité à dévoiler tous les mystères de l'univers.
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03 décembre 2017
Un plan parfait
Rendons l'État inefficace et permettons à de riches mécènes de se faire du capital social en palliant, dans certains domaines, aux insuffisances du financement étatique. Ils pourront déduire cette aide de leurs impôts tout en passant pour des gens généreux.
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Vertu et mépris
Quand un groupe se croit plus vertueux que les autres, il se croit alors permis de les mépriser. C'est exactement ce que fait le Canada à l'égard du Québec.
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Bêtise
Il s'en trouvera toujours pour faire passer leur justification du statu quo pour un raisonnement pertinent et profond.
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Corruption
Tous les politiciens ne sont pas corrompus, c'est évident, mais le système, lui, l'est... et cela aussi c'est évident.
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Raison mal utiliée
Nous utilisons plus souvent notre raison pour justifier nos privilèges que pour les faire tomber.
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Renoncement
Quand la charité remplace les mesures sociales, c'est qu'on a renoncé à la justice sociale.
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29 novembre 2017
La course à la reconnaissance
Tous les regards se portent sur les "identités discriminées", autochtones, communautés ethniques, homosexuels, transgenres, etc. Tous revendiquent des droits et demandent réparation pour les torts subis dans le passé. Cela n'est pas un mal en soi, bien au contraire. Cependant, cette course à la "reconnaissance de mon identité" a deux effets pervers : elle entraîne un morcellement de la société en autant de petits groupes plus ou moins repliés sur eux-mêmes, rendant ainsi de plus en plus hasardeuse une pensée du bien commun et elle laisse dans l'ombre la question des inégalités économiques qui ont explosé à la faveur du néolibéralisme.
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23 novembre 2017
Finalité réductrice pour la science
Contrairement à ce que certains prétendent, nous n'aimons pas les sciences, nous adorons seulement les technologies qu'elles permettent de produire.
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Posture réactive
Nous ne voulons plus de normes a priori. Aux problèmes qui se posent à nous comme société, nous préférons apporter des réponses pragmatiques de sorte que nous sommes, pour l'essentiel, figés dans une posture réactive plutôt que proactive.
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22 novembre 2017
Larbins
Les puissants trouvent toujours des larbins pour défendre leurs intérêts.
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Des intérêts bien compris
Il y a trop de "pragmatiques", de "réalistes" et de "lucides" en ce bas monde. Nous leur avons donné le pouvoir et on voit bien où cela nous a conduit. Nous avons simplement oublié que ce que ces gens appellent "raison" n'est le plus souvent que l'expression de leurs intérêts.
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Maladie grave
Nos démocraties sont malades de tous les maux que Platon avait déjà diagnostiqués en son temps.
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Des gens intéressés
Il n'y a pas plus empressés à trouver des arguments pour le statu quo que ceux qui en profitent pleinement.
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Georges Leroux : un intellectuel à lire
Nadeau, C. (2017). Georges Leroux. Entretiens. Montréal : Boréal.
Leroux, Georges (2016). Différence et liberté. Enjeux
actuels de l’éducation au pluralisme. Montréal : Boréal.
Leroux, Georges (2014). Wanderer. Essai sur le Voyage
d’hiver de Franz Schubert. Avec une suite photographique de Bertrand Carrière.
Montréal : Nota Bene. 1ère édition parue en 2011.
Leroux, Georges (2007). Partita pour Glenn Gould. Musique et
forme de vie. Montréal : Les Presses de l’Université de Montréal.
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Inculture
Notre inculture a atteint un tel niveau que nous sommes en passe de ne plus avoir ne serait-ce qu'une toute petite idée de ce que nous avons perdu.
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Tristesse
Nous sommes des amnésiques qui se divertissent à en mourir.
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21 novembre 2017
Déplorable dérive
Les professeurs d'université ont adopté trop facilement les critères d'évaluation des dossiers de recherche imposés par les organismes de recherche, critères essentiellement quantitatifs basés sur l'obtention de subventions de recherche et la publication dans des revues scientifiques arbitrées. Un bon chercheur est d'abord quelqu'un qui récolte de l'argent et, ensuite, qui publie principalement dans un type de format. Alignement de la recherche sur le productivisme.
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20 novembre 2017
Travailler sur soi
La recherche de l'érudition, si critiquée de nos jours, est d'abord un travail profond sur soi.
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Dramatique privation
L'économisme prive la jeunesse de la richesse culturelle accumulée depuis des siècles.
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Plaire aux donateurs
Avec le système des recherches subventionnées - au demeurant utile - trop de chercheurs universitaires n'ont plus qu'un désir : plaire aux donateurs.
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Nostalgie conservatrice
Il est facile de critiquer l'école actuelle au nom d'une nostalgie conservatrice. Mais ces conservateurs ont rarement quelque chose de constructif et de pertinent à proposer.
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18 novembre 2017
Triste monde
Il est triste le monde universitaire que j'habite. Il est à l'image du monde extérieur...bêtement économiste, bêtement utilitariste.
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Le passé ?
Nous avons tellement tourné le dos au passé que nous ne savons plus d'où nous venons.
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17 novembre 2017
L'idéologie individualiste
Le succès des neurosciences n'est pas étonnant car, en quelque sorte, ces sciences confortent dans leur croyance ceux qui adhèrent à l'idéologie individualiste, laquelle présente les individus comme «uniques auteurs de leur vie». Les neurosciences fournissent ainsi des arguments pour naturaliser des différences qui, pour l'essentiel, relèvent en fait de la socialisation.
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Inégalités
Plus on monte dans l'échelle sociale, plus l'on croit que les inégalités sont le fruit de la nature.
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Un essentialisme utile
Le dominant a toujours intérêt à être essentialiste, à savoir que ça lui sert bien de croire que ce que nous sommes relève de potentialités innées. Cela justifie à ses yeux la hiérarchie sociale !
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Le dominant
On reconnait un «dominant» à cette vision individualiste et satisfaite qu'il a de lui-même.
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Je suis mon groupe
Quoi qu'en pensent les dominants - qui se perçoivent toujours comme affranchis de leur groupe - l'identité d'une personne est l'expression de son appartenance au groupe dont elle fait partie.
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14 novembre 2017
Michel Meyer
Quatre ouvrages d'un philosophe qui - que l'on soit en accord ou pas avec ses propos - est toujours intéressant à lire...
Meyer, M. (2013). Qu’est-ce que l’Histoire ? Progrès ou
déclin ? Paris : PUF.
Meyer, M. (2012). Qu’est-ce que le refoulement ?
Paris : Éditions de l’Herne.
Meyer, M. (2005). Comment penser la réalité ? Paris :
PUF.
Meyer, M. (1997). Qu'est-ce que la philosophie ? Paris : Le
Livre de Poche.
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13 novembre 2017
Discours du privilégié
À quoi reconnaît-on un privilégié ? À son discours, qui justifie avec force que tout doit demeurer en l'état.
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Justifier le statu quo
La meilleure façon de justifier le statu quo, c'est de faire croire à tous qu'il serait trop complexe de changer les choses.
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Aliénation
Celui qui ne s'indigne plus de rien est nécessairement soumis aux pouvoirs qui l'aliènent.
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Immoralité légalisée
Quand les puissants se votent des lois sur mesure, ils légalisent l'immoralité.
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Amnésie
L'être humain se veut sans racine. Il est juste amnésique.
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Monde sauvage
Nous en sommes arrivés - influencés par les penseurs néolibéraux - à tout voir comme un marché, à considérer que tout doit être pensé sous l'angle du rapport marchand, de sorte que toutes les institutions doivent se vendre et entrer en compétition les unes contre les autres. Ce monde où les plus forts gagnent nécessairement (il a été pensé par et pour eux), en est un que l'on peut qualifier de sauvage car il valorise la force au détriment de la justice, de la morale et du partage.
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Dénaturation
Quand on applique une causalité imitée des sciences de la nature aux phénomènes sociaux, on les dénature.
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09 novembre 2017
Des futurs enseignants : anticipation de la collaboration en milieu scolaire
Introduction
Ce court
texte s’attarde aux représentations que de futurs
enseignants ont de la collaboration, entre les différents membres de
l’équipe-école et l’enseignant débutant, et des conditions afférentes. Il rend
compte des résultats préliminaires d’une partie des données d’une des recherches
menées par l’équipe du laboratoire
d’analyse de l’insertion professionnelle enseignement (LADIPE, UQTR). Les données qui suivent proviennent d’un
questionnaire administré aux finissants de trois programmes de formation à
l’enseignement à l’UQTR. Au total, 267 étudiants des cohortes de 2004-2005 et
2005-2006 y ont répondu, dont 111 du baccalauréat en éducation préscolaire et
enseignement primaire (BÉPEP), 88 du baccalauréat en enseignement secondaire
(BES) et 68 du baccalauréat en adaptation scolaire et sociale (BASS). Précisons
que cette recherche s’est continuée en 2006-2007 et se continuera encore en
2007-2008.
Mise en contexte
On sait que
le soutien offert à l’enseignant durant ses premières années d’exercice de la
profession joue un rôle crucial dans sa capacité à construire son efficacité
professionnelle. On sait aussi que la contribution du débutant aux activités
d’une équipe enseignante peut représenter une condition favorable à son
insertion professionnelle. La question de la collaboration entre l’enseignant
novice et ses collègues expérimentés s’avère ainsi d’un intérêt particulier et
il est pertinent de s’interroger sur les
représentations qu’ont les futurs enseignants de la collaboration dans le
contexte de l’entrée dans la profession. Le concept de collaboration fait ici
référence à un investissement dans ses relations interprofessionnelles. La
collaboration est plus exigeante que la collégialité, spontanée ou contrainte. Elle
se manifeste dans son rapport au travail et aux collègues, elle exclut la
concurrence et la compétition tout autant que l’indifférence (Portelance et
Durand, 2006).
Quelques résultats
Les étudiants conçoivent la
collaboration entre novice et expert comme un partage de connaissances,
d’informations et d’expériences. Les futurs enseignants du secondaire précisent
que les connaissances partagées portent « sur les stratégies et les contenus
d’enseignement, de même que sur le fonctionnement de la classe et de l’école »
(BES 11[1]).
Pour l’ensemble des participants, collaborer signifie partager son expérience «
dans les deux sens » (BASS 17), « partager sa vision de certaines situations »
(BASS 36), « accepter le partage des projets que l’on crée » (BASS 32). Dans
cette dynamique de partage, l’expert apporte avant tout son expérience et le
novice des idées nouvelles. Mais ce partage ne s’effectue pas à parts égales puisque
le statut de l’expert diffère de celui du novice. En effet, l’expert est
considéré comme une personne qui guide, soutient, conseille, aide et encourage
le novice et lui transmet des rétroactions sur son enseignement.
Parmi les gestes jugés essentiels à l’intégration du novice
dans une équipe pédagogique, mentionnons l’accompagnement, la supervision et
l’encadrement par l’enseignant expérimenté ainsi que sa disponibilité, mais
aussi son ouverture aux idées et aux essais du débutant et une certaine
reconnaissance de son bagage professionnel. Les étudiants considèrent que les
enseignants facilitent l’insertion du débutant en « le laissant prendre sa
place » (BASS 11), « lui faisant confiance » (BÉPEP 1), « le prenant comme un
collègue » (BASS 3), « reconnaissant ses compétences » (BÉPEP 16). Une attitude
d’écoute, de compréhension et de respect est souhaitée pas les étudiants du
BASS. Inversement, certains gestes du novice rendent moins difficile son
insertion professionnelle, comme l’apport d’idées novatrices et de nouveaux
savoirs sur les méthodes d’enseignement ainsi qu’une attitude d’ouverture aux
suggestions, aux critiques et aux conseils des autres. Les futurs enseignants
jugent important de s’impliquer dans le milieu, de « participer à tout ce qui
se présente » (BASS 10), de « s’investir pleinement » (BASS 15), de prendre des
initiatives, de « démontrer de l’autonomie par rapport à ce qui est implanté
dans l’école » (BÉPEP 14). Les finissants du BES considèrent avantageux d’être
respectueux de la culture du milieu.
Selon les étudiants, les directions d’établissement
scolaire et les enseignants expérimentés souhaiteraient, avant tout, que le
novice s’implique au sein du milieu scolaire en participant aux diverses
activités, mais aussi en apportant des idées nouvelles, ce qu’un stagiaire
imagine comme la réponse à un besoin de « nouveau souffle » (BASS 17).
Également, elles attendraient des nouveaux enseignants qu’ils agissent de
manière compétente, professionnelle et éthique. Les directions d’école
préféreraient des débutants coopératifs et capables de prendre des initiatives,
capables de s’adapter et qui démontrent de la motivation et du dynamisme.
Notons ici que les attentes du milieu scolaire à l’égard de l’enseignant débutant
à savoir, la connaissance de la matière, l’habileté à créer un climat
d’apprentissage et la capacité d’analyse, ne figurent pas de manière explicite
parmi les principaux éléments de réponses des futurs enseignants.
Les
attentes à l’égard du milieu scolaire ne semblent pas toutes faciles à combler.
En effet, les finissants souhaitent être considérés comme de véritables
enseignants, acceptés tels qu’ils sont, traités d’égal à égal. Ils veulent « se
sentir à part entière dans l’équipe-école » (BES 10). Par ailleurs, ils
apprécieraient aussi être guidés, soutenus, épaulés et encouragés par les
enseignants experts. Ces deux attentes peuvent paraître paradoxales. Toutefois,
les expériences agréables de collaboration avec un enseignant associé
permettent généralement au futur enseignant d’imaginer un agencement entre le
fait d’être guidé et soutenu par un enseignant et celui d’exprimer ses idées et
d’argumenter pour les défendre. En ce sens, les deux attentes ne s’opposent
pas, elles s’harmonisent.
Les étudiants croient qu’ils se révéleront innovateurs en
ce qui concerne la conception de l’enseignement, la modélisation des stratégies
d’apprentissage, les connaissances sur la réforme scolaire, les manières
d’enseigner et l’utilisation des technologies de l’information et de la
communication. Ils apporteront « une vision nouvelle et fraîche » (BASS 32) et
« de nouvelles idées et du nouveau matériel pédagogique » (BES 19). Cette
vision d’eux-mêmes s’inscrit en cohérence avec leurs conceptions de la
collaboration entre novice et expert, leurs représentations des attitudes
favorables à une insertion professionnelle réussie et leurs perceptions des
attentes du milieu scolaire à leur égard. On y retrouve l’expression d’une
grande valeur accordée aux idées nouvelles à transmettre, un apport enrichi
d’une forte dose d’énergie, de dynamisme et d’enthousiasme, de la « fraîcheur »
(BASS 19), et même de la « fougue » et de la « passion » du débutant (BES 2).
Les futurs praticiens ne semblent pas s’imaginer que leurs tentatives
d’innovation et leur volonté de s’impliquer activement pourraient être freinées
par certaines contraintes quotidiennes qui les placeraient dans des conditions
de survie plutôt que de satisfaction professionnelle ou qui les forceraient à
délaisser leurs idéaux relatifs à l’apprentissage pour les remplacer par la
préoccupation de maintenir un climat de classe convenable. Ils anticipent
pourtant les difficultés des débuts. Parmi les principaux obstacles à une
insertion professionnelle réussie, ils indiquent surtout l’enseignement d’une
discipline qui ne correspond pas à son profil de formation, l’enseignement à
des élèves en situation scolaire particulière, un statut d’emploi précaire et
le travail avec des élèves d’un ordre d’enseignement différent de celui pour
lequel ils sont préparés. À ceci, ils ajoutent les nombreuses heures de
planification des cours, le manque de matériel didactique, l’appartenance à une
équipe pédagogique peu intéressée au travail d’équipe. En somme, les étudiants
prévoient que leur insertion professionnelle pourrait ressembler à un parcours
semé d’embûches. Sauront-ils rechercher l’aide dont ils auront besoin ou seront-ils
portés à éviter d’en demander? Seront-ils enclins à envisager l’insertion sous
un angle quelque peu fataliste, considérant que la seule stratégie pour surmonter
les problèmes consiste à attendre qu’ils passent (Martineau et Presseau, 2003)
ou décideront-ils de changer leur choix de carrière?
Conclusion
Les futurs enseignants semblent porteurs d’un
véritable désir de collaboration avec les autres acteurs scolaires. De plus,
ils se font une image assez juste des exigences de la collaboration, insistant
sur la nécessité de la reconnaissance de leur apport possible au milieu. En
fait, les futurs enseignants semblent se percevoir comme des agents de
changement. Cependant, cette vision ne prend pas suffisamment en compte les
contraintes du milieu. Enfin, les répondants font preuve d’un certain réalisme
lorsqu’ils identifient les obstacles qu’ils pourraient rencontrer au cours de
leur insertion professionnelle. En somme, cette recherche laisse entendre que
les futurs enseignants ont su développer, tout au long de leur formation, une
vision somme toute assez juste de ce qui les attend sur le terrain.
Références
Martineau,
S. et Presseau, A. (2003). Le sentiment d’incompétence pédagogique des
enseignants débutants et le soutien à l’insertion professionnelle :
phénomènes de système et logiques d’acteurs. In N. Delobbe, G. Karnas et C.
Vandenberghe (éds.). Développement des
compétences, investissement professionnel et bien-être des personnes, tome
1. Louvain-la-Neuve : Presses Universitaires de Louvain, 359-368.
Portelance, L. et Durand, N. (2006). La collaboration entre novice
et expert en enseignement : nature, modalités et impacts perçus, Journal of the Canadian Association for
Curriculum Studies, vol. 4, no 2, 77-99.
[1] Le numéro accolé au
programme d’enseignement indiqué en majuscules, comme BES 11, correspond au
numéro attribué à l’étudiant qui a répondu au questionnaire. Ce numéro a été
attribué de façon aléatoire.
Professeur titulaire au département des sciences de l'éducation de l'Université du Québec à Trois-Rivières
QUELQUES BRÈVES RÉFLEXIONS DANS L’ESPOIR DE REMETTRE À L’ORDRE DU JOUR LA QUESTION DU PÉDAGOGUE CULTIVÉ
INTRODUCTION
Dans la cadre des réformes entreprises
au Québec depuis quelques années en éducation – et notamment en ce qui concerne
la réforme des programmes de formation à l’enseignement – il semble bien que le
modèle du pédagogue cultivé en tant qu’héritier, interprète et critique ait été
quelque peu oublié au profit du discours sur les compétences. Ce modèle se
voulait en quelque sorte une balise pour la construction de la professionnalité
de l’enseignant et, partant, de son identité professionnelle (MEQ, 2001). Cet
oubli est d’autant plus déplorable que, dans le contexte qui est le nôtre, il
semble de plus en plus important de réfléchir sur la question de l’identité
professionnelle et de proposer aux novices un cadre « facilitateur » (Martineau
et Presseau, 2005). C’est pourquoi nous proposons ici une réflexion à cet
égard. S’y exprime notre vision de ce que peut vouloir dire des actions qui
visent à former un pédagogue cultivé (Simard et Martineau, 1996), c’est-à-dire
un héritier, un interprète et un critique.
1- L’émergence d’une nouvelle identité de
l’enseignant
Remontons
quelque peu dans le temps afin d’identifier les transformations de ce que nous
appelons aujourd’hui l’identité professionnelle des enseignants et mieux
entrevoir certaines relations entre le savoir et le travail enseignant. Nous
nous référons ici notamment à l’article de Gauthier et Martineau paru en 1998
dans la revue Pédagogie collégiale.
Avant le
XVIIe siècle le maître peut être qualifié de “naturel”. Ce dernier n'a pas
conscience de lui-même. Pour lui, son savoir enseigner se réduit au contenu à
transmettre dans un rapport pédagogique de “un à un”. Il reçoit à tour de rôle chacun des élèves
pour leur inculquer un contenu culturel donné. Comme il sait lire, il peut,
sans aucun autre artifice, montrer à lire; seule la logique de la matière
préside évidemment à son enseignement.
Au maître naturel succède le maître
comme “artisan”. Toute la période qui s'étend du XVIIe au XXe siècle va voir
apparaître et se consolider ce nouveau rapport au métier. Ce maître a reçu une
formation pédagogique qu'il a apprise par imitation notamment auprès des
communautés religieuses enseignantes. Le
savoir pédagogique est du type recette et formalisé à partir des usages et de
l'expérience. On assiste alors non seulement à la naissance de la pédagogie
mais aussi au début de la mise en place d'une tradition pédagogique qui prendra
par la suite une connotation très péjorative avec l'appellation “pédagogie
traditionnelle”.
Tout le XXe siècle a été une tentative
pour renverser la pédagogie traditionnelle. Un nouveau discours domine les
débats, celui de la pédagogie nouvelle centrée sur les besoins de l'élève. Diverses tendances la traversent. Le maître est
vu d'abord comme un “scientifique” et la pédagogie comme une application de la
psychologie. On voit chez certains auteurs le désir de faire de l'enseignant un
spécialiste des lois de l'apprentissage. Les recherches portent sur le
développement de l'enfant et sur l'apprentissage. La pédagogie prend une couleur expérimentale
et technocratique. Mais le maître de la pédagogie nouvelle est vu parfois aussi
comme “animateur-thérapeute”. Alimenté cette fois par la psychologie clinique,
il se met à l'écoute des besoins de l'élève.
La pédagogie se centre sur l'intérêt de l'enfant et se conjugue au temps
du socio-affectif. La recherche de Soi
prévaut et la pédagogie devient expérientielle et vécucentriste.
Or,
une nouvelle figure du maître, une nouvelle identité professionnelle de
l’enseignant, semble en émergence depuis quelques années. Il s'agit de la
naissance de l'enseignant comme “professionnel”. Enserré dans une situation
complexe, une classe avec environ trente étudiants à instruire, à éduquer et à
qualifier, il doit constamment prendre une multitude de décisions. Pour ce faire, il peut prendre appui sur
certains résultats de la recherche pédagogique qui l'informent et nourrissent
son jugement. En tant qu'acteur rationnel il est capable de justifier publiquement
ses choix en s'appuyant sur autre chose que le sens commun.
Plus
que jamais, ce professionnel doit savoir juger. Plus que jamais, la formation
qu’il reçoit doit nourrir son jugement. Plus que jamais, il doit développer un
sain rapport aux savoirs et à la culture.
2- Le savoir et la
culture comme rapport
Le
professionnel dont nous venons de présenter brièvement l’émergence est un
acteur qui a su développer un triple rapport au savoir et à la culture (MEQ,
2001). Rappelons ici brièvement de quelle manière se caractérise ce triple
rapport.
2.1 Rapport au monde
Le
sujet n’aborde pas le monde tel qu’il est mais à partir des catégories du
langage dont il hérite. Plus encore, il intériorise des représentations qui
renvoient à ses positions sociales (classe, sexe, âge, etc.). Par ailleurs, sa
trajectoire personnelle influe sur sa compréhension du monde. C’est pourquoi on
peut dire que le savoir et la culture sont un rapport au monde en ce sens
qu’ils agissent comme grilles de lecture du monde.
2.2 Rapport à soi
Le
savoir et la culture expriment aussi un rapport à soi. Le sujet n’accède pas
directement à lui-même d’une manière purement intuitive ou immédiate. La
connaissance de soi est toujours un processus de compréhension à travers la
culture et la tradition qui la porte. Se comprendre c’est comprendre qui on est
non pas comme entité abstraite ou épistémique mais comme sujet inscrit dans
l’histoire. À travers l’apprentissage c’est aussi une image de soi qui se
construit (processus identitaire).
2.3 Rapport à autrui
Le rapport au savoir et à la culture
est aussi un rapport à autrui dans la mesure où le sujet est toujours en
relation avec d’autres sujets. Comprendre quelque chose c’est comprendre pour
soi certes mais c’est aussi accéder à un monde partagé avec d’autres sujets qui
comprennent (pareillement ou différemment). Le rapport à autrui est donc
également un rapport identitaire.
Développer un triple rapport d’une
manière saine c’est en quelque sorte se donner les outils pour juger.
3- LE SAVOIR, LA
CULTURE ET LE JUGEMENT
Pour
former un enseignant en tant qu'héritier, interprète et critique (un pédagogue
cultivé) comme nous y invite le MELS, il faut que celui-ci sache de quoi il
hérite, ce qu'il a à interpréter (et comment le faire) et qu'il puisse
développer une pensée critique. Donc, la formation initiale à l’enseignement et
la formation continue posent les questions suivantes :
De quoi suis-je l'héritier ?
Comment j'assume cet héritage ?
Qu'ai-je ainsi à interpréter ?
Comment puis-je le faire ?
Qu'est-ce qui est objet de critique
dans cet héritage et que me donne à voir mon interprétation?
Comment cette critique peut-elle
s'inscrire dans mon projet pédagogique ?
Former
à être un héritier, un interprète et un critique nécessitera alors le développement
du jugement (Simard, Gauthier, Martineau, 2001). Or, le jugement ne s'apprend
pas, il s'exerce. Mais, si le jugement ne s'apprend pas il se nourrit. Sa principale
nourriture c'est la culture. L'enseignant comme héritier, interprète et
critique c'est donc le pédagogue cultivé. Mais alors se pose aussi la question
: En quoi la culture permet-elle de développer le jugement ? Elle le permet
parce qu'elle donne à voir. La culture est en effet outil pour voir, matrice
pour comprendre. La culture alimente le jugement en ceci qu'elle permet de
lier, de distinguer, de classer; elle fait apparaître des objets de pensée là
où il n'y avait que de l'indifférencié.
La culture, donc, fournit :
- l'outil pour juger;
- l'objet à juger;
- l'occasion de juger
La
culture en effet me donne les savoirs pour distinguer, classer, lier bref, les
savoirs sur lesquels repose mon jugement. Mais elle donne aussi l'objet à juger
car elle «donne à voir» là ou l'autre ne voit rien à juger (indifférenciation).
La culture est invitation au classement, donc au jugement. Enfin, en donnant à voir, en fournissant l'objet, elle
donne l'occasion d'exercer son jugement donc de développer sa compétence à
juger. La culture développe ainsi le jugement sur la triple dimension de
l'outil, de l'objet et de l'occasion.
Bref,
un enseignant héritier, interprète et critique en tant que pédagogue cultivé,
c’est celui qui sait juger car il sait lire les situations. Il est compétent au
sens où non seulement il sait agir, mais il peut agir et il veut agir. Sa
capacité à juger lui vient de ses savoirs et de sa culture.
CONCLUSION
En somme, cette question du pédagogue
cultivé demeure, nous semble-t-il, au cœur de la problématique de l’identité
professionnelle de l’enseignant même si le discours sur les compétences l’a
occultée. En fait, elle est intimement liée à la professionnalité de
l’enseignant c'est-à-dire à sa capacité à intervenir avec efficacité et
efficience dans les situations complexes qui sont celles de l’enseignement
d’aujourd’hui (Martineau et Gauthier, 2000). En ce qui concerne les enseignants
en insertion professionnelle, les études démontrent que ceux-ci sont non
seulement à la recherche de savoirs et de stratégies pour mieux intervenir en
classe mais aussi à la recherche des modèles de professionnalité afin de
consolider leur identité professionnelle (Martineau et Portelance, 2005).
Malheureusement, trop souvent, dans ce dernier cas, le nouvel enseignant est
laissé à lui-même et doit se bricoler une identité au gré de ses expériences
sans soutien spécifique. Or, si les programmes de formation à l’enseignement
sont tenus de favoriser la construction d’une identité professionnelle positive
(MEQ, 2001), le milieu universitaire ne saurait y arriver seul. Là comme
ailleurs en matière de formation des enseignants, une action concertée, un
partenariat, une synergie entre les formateurs universitaires et les acteurs du
milieu scolaire demeurent les meilleures avenues pour agir avec succès.
RÉFÉRENCES
Gauthier, C.,
Martineau, S. (1998). Naissance
et reconnaissance d'une nouvelle figure du maître. Pédagogie Collégiale, vol. 12, no. 2, décembre 1998, p. 15-20.
Martineau, S., Gauthier, C. (2000). La place des
savoirs dans la construction de l’identité professionnelle collective des
enseignants ou le paradoxe de la qualification contre la compétence. Dans Enseignant-Formateur :
la construction de l’identité professionnelle, sous la direction de C.
Gohier et C. Alin. Paris : L’Harmattan. p. 85-110.
Martineau,
S., Portelance, L. (2005). L’insertion professionnelle : un tour d’horizon
des recherches. L’Écho du RÉS.É.A.U., vol. 5, no.1, p. 7-17.
Martineau, S., Presseau, A. (2005). L’identité
professionnelle et l’entrée dans la carrière des professeurs : entre la
crise des institutions et la nécessité de créer du sens. Actes 3e
Colloque Questions de pédagogies dans
l’enseignement supérieur : nouveaux contextes, nouvelles compétences,
École Centrale de Lille, France, Lille. p. 13-18.
Ministère de
l’Éducation (2001). La formation à
l’enseignement. Les orientations, les compétences professionnelles.
Québec : Gouvernement du Québec.
Simard, D.,
Gauthier, C., Martineau, S.
(2001). Le rôle de la culture dans l’exercice du jugement professionnel :
un défi pour la formation fondamentale des enseignants. Dans Entre culture,
compétence et contenu. La formation fondamentale, un espace à redéfinir, sous
la direction de C. Gohier et S. Laurin. Montréal : Logiques. p. 111-140.
Simard, D., Martineau, S. (1996). Le pédagogue
cultivé et la crise de la culture : problématique et repères. (le) Télémaque, no. 7-8, octobre 1996,
p. 61-71.
Professeur titulaire au département des sciences de l'éducation de l'Université du Québec à Trois-Rivières
Socrate, Jésus et Bouddha
Si Socrate, Jésus et Bouddha revenaient dans notre monde, de quel côté seraient-ils ? Celui des néolibéraux et des managers de droite en tout genre ? Assurément pas !
Professeur titulaire au département des sciences de l'éducation de l'Université du Québec à Trois-Rivières
Marcher au pas
L'esprit lessivé par les médias, nous marchons au pas pour le plus grand bien des puissants.
Professeur titulaire au département des sciences de l'éducation de l'Université du Québec à Trois-Rivières
08 novembre 2017
Recherche qualitative
La recherche qualitative s’appuie
sur plusieurs courants théoriques (l’interactionnisme
symbolique, la phénoménologie, l’herméneutique, le constructivisme, entre autres). Elle
s’exprime également à travers de multiples approches (la théorie ancrée, l’ethnographie,
les études de cas, notamment). Il
n’y a donc pas une forme unique de recherche qualitative. Il y a plutôt des approches variées qui
s’entendent sur certains principes généraux dont : l’importance de la relation entre le chercheur et le participant; le caractère évolutif du déroulement de
la recherche; la dimension interprétative de l’analyse des données; la mise en place d'un système
de validation des résultats de la recherche cohérent avec ce type de recherche (la recherche qualitative possède ses propres critères de rigueur). De plus, la recherche qualitative est ancrée dans une épistémologie dont la finalité est essentiellement la compréhension d’un
phénomène. Cette compréhension est conçue comme évolutive plutôt que
figée comme dans la vision positiviste de la science.
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07 novembre 2017
Science
Trop de scientifiques adhèrent à une vision non scientifique de la science.
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Vivre
Pour l'humain, vivre c'est nécessairement espérer.
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Le sens
Avant d'être cherché et exprimé, le sens est pressenti.
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La méthode des sciences sociales
La méthode spécifique des sciences sociales est par nature interprétative. Elle participe de la structure d'ensemble des interactions significatives et des différentes interprétations dont est faite la société.
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06 novembre 2017
Limites des neurosciences
Si les neurosciences peuvent décrire ce qui se passe dans le cerveau humain quand celui-ci se représente une image ou forme une idée, elles ne disent rien sur la signification de l'image en tant qu'image et sur l'idée en tant qu'idée.
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02 novembre 2017
Critique et pensée critique
Si la critique est une chose facile, la
pensée critique, elle, ne l’est pas. La première est une posture «du sens
commun» non critique justement de ses prémisses. La seconde est une posture
nourrit et fondée sur des savoirs solides et passée au crible de la critique
elle-même. En effet, la pensée critique n’est pas critique de la seule pensée
«des autres» mais aussi critique d’elle-même, elle est un processus de questionnement ouvert et
continuel.
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Brève présentation de l'herméneutique selon Gadamer
Rappelons ici brièvement quelques aspects essentiels de
l’herméneutique (principalement gadamérienne). La conception herméneutique de l'interprétation accorde de
l'importance à quatre facteurs : 1- un sujet qui interprète et qui est toujours
situé socialement, culturellement, historiquement; 2- une pratique sociale de
l'interprétation qui est toujours historiquement ancrée; 3- une temporalité de
l'interprétant et de l'interprété; 4- donc, une interprétation qui est toujours
située. La compréhension d’un phénomène est fonction de notre situation
présente où s’expriment nos intérêts (situation herméneutique). Lorsqu’on tente
de comprendre un phénomène, certaines questions ou préoccupations sont
évidentes alors que d’autres nous sont inaccessibles (horizon herméneutique). L’histoire
n’est pas neutre, elle a un effet dans le temps qui se fait sentir et modèle
notre manière de percevoir. «L’efficace de l’histoire» détermine toujours
d’avance ce qui sera pour moi objet de recherche et de questionnement (l’effet
de l’histoire). C’est ainsi que Gadamer proposera de réhabiliter le concept de
préjugé. On se comprend toujours, au départ, de manière spontanée et ce,
avant toute forme de réflexion. C’est pourquoi nos préjugés – plus que nos
jugements – constituent notre réalité. En fait, il n’y a pas d’être hors
préjugé. Par conséquent, l’horizon herméneutique – nos questions sur le monde –
est formé de préjugés. Ces derniers, parce qu’ils nous fournissent des
questions, rendent accessible ce qui est à comprendre. C’est par la
compréhension que l’on départage les préjugés féconds de ceux qui ne le sont
pas.
Dans ce cadre, la tradition est conçue comme une condition de la
compréhension car on ne comprend quelque chose qu’à partir d’une
pré-compréhension, laquelle renvoie à notre inscription dans une histoire, donc
une culture. La tradition n’est alors pas un savoir figé mais doit être
envisagée comme des réponses à des problèmes vécus (dialectique
question/réponse). Ajoutons que, selon la tradition de pensée phénoménologique
et herméneutique, nous ne construisons pas de sens, plutôt, nous le
co-constituons en dialogue avec la chose visée (ici l’histoire). Cette manière
de comprendre le sens qui advient évite ainsi un psychologisme naïf où l'ego
apparaît comme souverain sur le monde. Je comprends un monde qui a déjà été
compris et, le comprenant, je me comprends davantage participant alors d’une
compréhension renouvelée du monde (cercle herméneutique) car, comme le souligne
Gadamer (1996), dès que l’on comprend, on comprend autrement.
Référence :
Gadamer, H.-G. (1996). Vérité
et méthode. Les grandes lignes d’une herméneutique philosophique.
Paris : Seuil.
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Sur l'enseignement de l'histoire
Malgré ce qu'affirment certains didacticiens, en histoire, il ne saurait y avoir présentation de
la matière sans une certaine mise en récit (Ricoeur,1986). Il s’agit moins de
remplacer l’histoire-récit par quelque chose d’autre que de savoir quelle
histoire-récit est privilégiée. Comme le rappelle judicieusement Bruner (1996,
2005), l’histoire est nécessairement sélection de ce qui est jugé pertinent ou
ne l’est pas (elle implique une forme d’évaluation des événements) et donc,
ultimement, elle est proposition d’un récit; c’est-à-dire présentation d’une
séquence d’événements et de leur raison d’être (pourquoi ce récit plutôt qu’un
autre ou plutôt que le silence), Et, comme il le dit si bien : «Les
modèles narratifs ne se bornent en effet pas à donner forme au monde; ils
façonnent également les esprits qui cherchent à lui donner un sens» (2005, p.
40).
Références :
Bruner, J. (2005). Pourquoi nous racontons- nous des histoires ? Paris : Pocket.
Bruner, J. (1996). L’éducation, entrée dans la culture. Les problèmes de l’école à la
lumière de psychologie culturelle. Paris : Retz.
Ricoeur, P. (1986). Du
contexte à l’action. Paris : Seuil.
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01 novembre 2017
Une pensée bête
Le « winner », dans notre monde néolibéral, est bêtement convaincu qu'il s'est construit lui-même.
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Questionnement
Si la compréhension est étroitement liée à la capacité de questionnement comme l'a si bien démontré le grand philosophie allemand Gadamer, que penser du fait que tant de gens ne se questionnent jamais?
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Ignorant cultivé
Rien de plus arrogant que l'ignorant cultivé !
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31 octobre 2017
Une perte
Lorsqu'il est trop longtemps au pouvoir, un parti politique perd le (peu de) sens du bien commun qu'il pouvait avoir.
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Décadence
Si on en juge par la corruption qui règne dans le monde politique et économique, les supposées élites du Québec sont en plein décadence.
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29 octobre 2017
Vedettariat partout
En tout, nos sociétés déboussolées privilégient les vedettes même en matière de connaissances savantes.
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L'esprit critique mis de côté
Je suis toujours étonné - en fait, pas vraiment - de voir à quel point les chercheurs mettent rapidement de côté leur esprit critique pour privilégier leurs intérêts de carrière.
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27 octobre 2017
L'effort, une denrée rare
Dans notre monde hédoniste et pressé en tout, le seul endroit où on valorise encore l'effort et le long terme c'est le sport.
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Petite vie
Ce qui m'impressionnera toujours c'est la facilité avec laquelle une partie de la population est prête à accorder du crédit aux mensonges répétés sans relâche par nos dirigeants en autant que leur petite vie ne soit pas dérangée.
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Manque d'éducation
À force de n'utiliser la science que pour accroître sa domination sur le monde ou sur ses semblables, l'humain démontre qu'il est un être encore peu éduqué.
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Aveuglement
Le psychologisme ambiant nous rend aveugles aux facteurs en cause dans certaines problématiques sociales car celles-ci prennent le plus souvent leur origine dans les phénomènes économiques, politiques, culturels.
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Les médias
Les médias (certes nécessaires), tels qu'ils sont actuellement, nous donnent à voir un monde insensé et chaotique; ce faisant, ils nourrissent le cynisme et le fatalisme.
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23 octobre 2017
L'expérience
Les enseignants glorifient l'expérience au détriment des savoirs formalisés. Or, cette surévaluation de l'expérience, ignore le conformisme que celle-ci peut cacher et sous-estime les illusions qu'elle peut véhiculer.
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Vision tronquée du social
Derrière la perspective positiviste en recherche (souvent quantitative), il y a plus ou plus affirmée la croyance que les régularités les plus significatives du social sont inscrites dans la situation observée, décrite et quantifiée. Or, on assimile ainsi le social à une sorte de milieu naturel excluant alors le rapport dialectique de l'humain au social et la dimension symbolique de ce monde.
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Le sens en SHS
En sciences humaines et sociales (SHS), le sémantique (la recherche du sens) et souvent plus importante et plus pertinente que la recherche de la syntaxe (l'analyse des relations entre des unités objectivées).
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La science pensée autrement
La façon «traditionnelle» de penser la science veut que cette dernière consiste à chercher à dire le vrai et à contrôler le monde. Cette quête se fait alors souvent sans balises éthiques et dans le seul but de développer le pouvoir sur la matière et sur les humains. Il serait plus opportun de définir et de penser la science comme ce qui, tout en étant informative pour le contrôle du monde, agit dans le sens de l'élargissement de la capacité d'action émancipatrice de l'être humain.
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19 octobre 2017
Quelques mots sur l'insertion professionnelle des enseignants
Certaines formes d’expérience de l’insertion
professionnelle semblent influencer le développement du sentiment de compétence. On peut ainsi constater que les enseignants qui débutent en carrière se sentent de plus en
plus compétents à mesure qu’ils prennent de l’expérience, ce qui est plutôt encourageant. On constate également qu’une stabilité dans l’affection au poste, une insertion moins difficile,
un soutien jugé satisfaisant et un certain degré de satisfaction par rapport à son
travail sont des facteurs qui font augmenter le sentiment de compétence. Par ailleurs, bien que les programmes de soutien à l'insertion professionnelle sont incontestablement utiles, il appert que l’ampleur et la
profondeur de leur effet ne sont pas assurées. Pour cela, certaines conditions
semblent nécessaires dont, entre autres, la correspondance du soutien aux besoins ressentis
par l’enseignant débutant, l’aide concrète apportée dans le cadre d’une mesure
donnée ainsi que l’intensité du soutien.
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17 octobre 2017
Un travail pervers
En travaillant à sa déshumanisation, l'humain travaille à sa disparition.
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11 octobre 2017
Une certitude
Une certitude dans notre beau pays: plus le montant de la fraude est important moins vous risquez d'être puni.
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Étonnant étonnement
Nous élisons :
- des arrivistes;
- des égocentriques;
- des malhonnêtes;
- des médiocres;
- mais aussi des soumis.
Et, nous nous étonnons que le monde ne se porte pas bien !
- des arrivistes;
- des égocentriques;
- des malhonnêtes;
- des médiocres;
- mais aussi des soumis.
Et, nous nous étonnons que le monde ne se porte pas bien !
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Une foi déçue
Si je rencontrais plus souvent des gens humbles plutôt que des prétentieux, j'aurais foi en l'humanité.
Si je rencontrais plus souvent des gens généreux plutôt que des cupides, j'aurais foi en l'humanité.
Si je rencontrais plus souvent des gens honnêtes plutôt que des malfaisants, j'aurais foi en l'humanité.
Dans un monde qui produit et encourage les traits de personnalité psychopathe, la bonté n'est pas absente mais elle se fait trop discrète.
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06 octobre 2017
La déraison de la force
Toute force qui dépasse la raison agit au delà du raisonnable.
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Champ de bataille
Pour le capitalisme, le monde est un champ de bataille où chacun lutte pour sa survie. Et tant pis si certains luttent à mains nues et d'autres à bord de blindés.
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Sans intérêt
Notre société s'intéresse à nous que dans la mesure où nous travaillons et consommons.
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Avilissement
L'esprit de l'être humain travaille à produire ce qui l'avilit.
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Monde inhumain
Le jour où les chiffres ont pris la place des êtres de chair et de sang, le monde est devenu inhumain.
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Discours du dominant
Le discours du dominant est totalitaire pas essence, il ne tolère aucun dialogue réel.
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Sans culpabilité
Dans un monde où la recherche de la richesse monétaire et du pouvoir qu'elle donne est placée au dessus de tout, celui qui triomphe est toujours un être incapable de ressentir de la culpabilité.
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04 octobre 2017
La peur
Celui qui a peur est toujours prêt à accepter de plus en plus de servitudes.
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Des choses
Le complexe technico-économique élabore jour après jour le monde dans lequel nous ne sommes plus que des choses.
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L'être adapté
Il est parfaitement adapté à ce monde celui qui n'en perçoit pas (ou plus) le vide abyssal.
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Sûreté
Notre besoin de sûreté a fait de nous des esclaves.
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02 octobre 2017
Servitude et illusion
La servitude est notre lot quotidien, l'illusion notre nourriture commune.
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Bête préférence
Nous préférons la tranquillité à la conscience et, ce faisant, nous sommes bêtes.
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Surtout ne pas penser
Nous avons créée un océan de larmes et nous faisons tout pour ne pas y penser.
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Sans limite
La crédulité de l'être humain n'a aucune limite. La cupidité non plus !
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Supporter le monde
Nous avons fait du monde un désert que nous supportons seulement avec l'aide de petites pilules.
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Sur les neurosciences
Les neurosciences s'inscrivent dans un courant plus général, le naturalisme, lequel prétend en quelque sorte que tout ce qui existe tombe sous la coupe des sciences naturelles car dans le monde n'existent que des objets matériels. Le naturalisme - donc les approches en neurosciences - est un matérialisme.
Ainsi, les neurosciences vont dire qu'au fond, exister en tant qu'être humain se résume à avoir un cerveau qui fonctionne.
Par conséquent, la connaissance de l'être l'humain passe, sinon exclusivement, à tout le moins principalement par la connaissance du fonctionnement de son cerveau.
En ce sens, les neurosciences soutiennent, plus ou moins explicitement que le comportement de l'être humain se comprend et s'explique par la biologie en fonction de l'évolution de l'espèce. Elles font donc preuve d'une sorte de darwinisme social.
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25 septembre 2017
Persévérer dans la profession enseignante
Les enseignants débutants qui persévèrent le font
particulièrement en raison de trois types de motivation intrinsèque : l’amour de la profession, le
caractère enrichissant de la fonction et l’aisance dans le travail.
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20 septembre 2017
Un philosophe nous parle
Pour une critique limpide et brillante de l'individualisme méthodologique, pour une présentation simple (mais pas simpliste) de la philosophie analytique, pour une discussion de ce qu'est la métaphysique et pour bien d'autres choses...en 180 pages :
Descombes, Vincent (2013). Exercices d’humanités. Dialogue avec
Philippe de Lara. Paris : Les Dialogues des petits Platons.
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19 septembre 2017
Contre le méthodologisme
En science, ce n'est pas en maîtrisant les méthodes que l'on peut apprendre à problématiser et donc à bien questionner.
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Particularité des SHS
Les sciences humaines et sociales ont ceci de particulier que celui qui cherche entre en jeu dans ce qu'il cherche.
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Préjugé
Aucune compréhension n'est libre de préjugé.
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Comprendre et interpréter
On ne peut comprendre sans interpréter mais on peut interpréter sans comprendre.
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17 septembre 2017
Une navrante réduction
Réduire les sciences humaines et sociales à un simple rôle de technologies de la gestion du social c'est leur enlever à la fois leurs dimensions critique, pédagogique et émancipatrice.
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16 septembre 2017
Assujettissement
Nous avons la possibilité de réduire la pauvreté dans nos sociétés - voire de l'éradiquer - mais nous ne le faisons pas. Nous préférons laissez la pensée néolibérale nous dicter notre conduite.
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11 septembre 2017
Victoire du totalitarisme mou
Lorsque nous serons tous adaptés et adaptables, efficaces et efficients, que nous en serons heureux, lorsque plus aucune critique véritable ne se fera entendre, la pensée totalitaire du néolibéralisme aura définitivement gagné.
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06 septembre 2017
Lectures de la dernière semaine
Ferry, L., Renaut, A. (1988). Heidegger et les modernes.
Paris : Grasset.
Hamelin, P. (2009). Promenades philosophiques.
Bécherel : Les Perséides.
Maffesoli, M., Fischer, H. (2016). La postmodernité à
l’heure du numérique. Regards croisés sur notre époque. Paris : François
Bourin.
Parmentier, R. (2013). La chute de Constantinople. Les
dernières heures de l’Empire romain d’Orient. Namur : 50 minutes.
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Vous avez dit curriculum ?
· 1- Curriculum
opératoire : ce qui est effectivement enseigné et évalué dans la classe,
toutes les interactions entre l'enseignant et les élèves. 2- Curriculum
caché : ensemble des valeurs et des normes qui structurent et orientent la
vie scolaire (système d'émulation, projet éducatif de l'école, vocation
spécifique, réglementation, etc.). 3- Curriculum
ignoré : ce qui n'est pas enseigné. Les matières ou problématiques
d'actualité qui ne sont pas comprises dans le curriculum. 4- Curriculum
informel : toutes les activités offertes aux jeunes à l'extérieur des cours
réguliers en classe et dont la participation est volontaire. Ces différents types de curriculum représentent , chacun à leur manière, un ensemble de processus
et de moyens d'apprentissage planifiés pour atteindre des finalités éducatives.
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05 septembre 2017
Illusion de liberté
Nous pensons être libres mais nous sommes prisonniers de nos illusions, esclaves de nos chimères, lesquelles sont entretenues par un système marchand.
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Le meilleur des mondes
Nous sommes en passe de faire de toutes les expériences de vie ou de tous les états d'âme un symptôme de trouble psychologique. Vous vous révoltez contre le pouvoir en place ? Vous avez un trouble de l'opposition ! Vous vous sentez déprimé par notre monde ? Vous avez un trouble de l'adaptation ! Or, le plus merveilleux c'est que nous avons un petite pilule pour éliminer ces méchants symptômes et vous rendre à nouveau fonctionnel. Le «meilleur des mondes» se met en place sous nos yeux !
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03 septembre 2017
Fascisme
Bien que présentant des visages multiples, le grand intellectuel Umberto Eco a néanmoins réussi à identifier les caractéristiques communes à tout fascisme.
1- culte de la tradition
2- refus du modernisme
3- culte de l'action pour l'action
4- refus de tout désaccord
5- peur de la différence
6- appel aux citoyens frustrés
7- obsession du complot
8- identification d'un bouc-émissaire
9- vision de la vie comme une guerre permanente
10- élitisme populiste
11- culte de l'héroïsme
12- culte de la mort
13- machisme
14- création d'une novlangue (détournement du langage)
1- culte de la tradition
2- refus du modernisme
3- culte de l'action pour l'action
4- refus de tout désaccord
5- peur de la différence
6- appel aux citoyens frustrés
7- obsession du complot
8- identification d'un bouc-émissaire
9- vision de la vie comme une guerre permanente
10- élitisme populiste
11- culte de l'héroïsme
12- culte de la mort
13- machisme
14- création d'une novlangue (détournement du langage)
Eco, U. (2017). Reconnaître le fascisme. Paris :
Grasset. Paru originellement en 1997.
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31 août 2017
À une certaine époque, il y eut...
À une certaine époque, il y eut dans nos sociétés quelque chose que nous appelions université, lieu de haut savoir, de recherche désintéressée, de liberté académique, lieu d'épanouissement de la pensée critique.
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27 août 2017
Quand un grand dialogue avec d'autres grands
Rolland, Romain (1991). Correspondance entre Romain Rolland et
Maxime Gorki 1916-1936. Préface et notes de Jean Pérus. Cahier 28. Paris :
Albin Michel.
Rolland, Romain (1972). D’une rive à l’autre. Hermann Hesse et
Romain Rolland. Correspondance, fragments du journal et textes divers. Cahier
21. Paris : Albin Michel.
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25 août 2017
Une expérience en vase clos
Dans ce monde en proie au pragmatisme, nous ne concevons plus l'expérience humaine comme étant quelque chose qui repose sur la rencontre de l'altérité mais plutôt comme un «autoréférencement».
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Renoncer à comprendre le monde
En tant que théorie de la connaissance, le pragmatisme propose moins de «voir» le monde (chercher la «vérité») que de le manipuler en fonction de nos intérêts. En cela, ce courant de pensée est en phase avec le néolibéralisme.
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Réductionnisme social
En sciences sociales, les approches inspirées du pragmatisme - telles l'ethnométhodologie, l'interactionnisme, la théorisation enracinée, etc. - ont fait disparaître de l'écran radar l'objectivité des médiations sociales des pratiques des sujets (ce qui se constitue en dehors d'eux dans des structures comme les institutions, la culture, le langage, etc.).
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24 août 2017
Réductionnisme postmoderne
Dans nos sociétés technologiquement avancées, toute connaissance est un simple instrument servant à agir et toute activité n'a comme objectif que la maximalisation de l'intérêt.
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23 août 2017
Erreur de perspective
Chez les positivistes et les néopositivistes, le sujet qui connaît (le chercheur) se réduit à la transparence des opérations qu'il met en place pour connaître et à la capacité perceptive des outils qu'il utilise pour étudier le monde. Ainsi, le sujet qui connaît n'a aucune consistance existentielle.
Voir à ce sujet les travaux de Michel Freitag.
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Un gros oubli
Nous nous sommes fait une représentation de l'économie et de la technologie comme étant des «choses» qui fonctionnent par elles-mêmes et selon leur propre logique, indépendamment de nous donc, oubliant ainsi que ce sont des créations humaines au service d'intérêts humains.
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22 août 2017
Destruction
L'esprit du marché a tout envahi et a tout pourri. Bien que des résistants se lèvent un peu partout, le rouleau compresseur qui ne pense qu'en termes de chiffres continue de détruire le monde physique et le monde social.
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18 août 2017
Naufrage
Dirigées comme des « Wal-Mart », réduites à être des industries à travailleurs diplômés et des fournisseurs de savoirs pour l'économie, nos universités sombrent dans la bêtise.
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Tristesse
Que c'est triste un peuple amnésique !
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17 août 2017
Effort
L'effort n'est plus quelque chose à la mode, on ne la valorise plus sauf dans les sports.
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Production universitaire
Les universités produisent de moins en moins de savants ou d'intellectuels, elles produisent plutôt des travailleurs pour un marché.
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Abandons
Nous avons abandonné la science pour la technique et la vérité pour l'efficacité.
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15 août 2017
Ce qui est vrai...
Dans un monde où la pensée marchande a tout englobé (même la science), ce qui est vrai est ce qui est bêtement efficace.
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12 août 2017
Un État devenu simple arbitre
Dans nos sociétés contemporaines où la vie politique n'est plus que le reflet d'une société civile éclatée, l'État a perdu toute légitimité sauf celle d'arbitrer les conflits d'intérêts entre groupes de pression. Dans cet arbitrage, l'État n'est pas neutre, il arbitre en fonction des influences auxquelles il est soumis.
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09 août 2017
Notes sur l'herméneutique de Gadamer
Hans-Georg Gadamer est un philosophe allemand né à Marbourg le 11 février 1900 et mort à Heidelberg le 13 mars 2002.
Disciple de Heidegger, il a développé une philosophie herméneutique
très riche.
Quelques notions clé de l'herméneutique gadamérienne
Situation herméneutique :
La compréhension d’un phénomène est fonction de notre situation présente où
s’expriment nos intérêts.
Horizon herméneutique :
Lorsqu’on tente de comprendre un phénomène, certaines questions ou
préoccupations sont évidentes alors que d’autres nous sont inaccessibles.
L’efficace de l’histoire :
L’histoire n’est pas neutre, elle a un effet dans le temps qui se fait sentir
et modèle notre manière de percevoir. «L’efficace de l’histoire» détermine
toujours d’avance ce qui sera pour moi objet de recherche et de questionnement.
Le préjugé :
On se comprend toujours, au départ, de manière spontanée et ce, avant toute
forme de réflexion. C’est pourquoi nos préjugés – plus que nos jugements –
constituent notre réalité. Ainsi, il n’y a pas d’être hors préjugé. Par
conséquent, l’horizon herméneutique – nos questions sur le monde – est formé de
préjugés. Ces derniers, parce qu’ils nous fournissent des questions, rendent
accessible ce qui est à comprendre. La compréhension départage les préjugés
féconds de ceux qui ne le sont pas.
La tradition :
Elle est une condition de la compréhension car je ne comprends quelque chose
qu’à partir d’une pré-compréhension, laquelle renvoie à mon inscription dans
une histoire, une culture. La tradition n’est pas un savoir figé mais peut être
envisagée comme des réponses à des problèmes vécus (dialectique
question/réponse).
Une certaine conception herméneutique de l'interprétation
Dans cette conception,
l'interprétation est conçue comme un parcours dans un texte ou une sorte de
performance sémiotique.
La conception herméneutique de l'interprétation accorde notamment de
l'importance à quatre facteurs plus ou moins ignorés par les conceptions
syntaxiques ou logico-sémantiques de l'interprétation :
1- un sujet qui interprète et qui est toujours situé socialement,
culturellement, historiquement;
2- une pratique sociale de l'interprétation qui est toujours historiquement
ancrée;
3- une temporalité de l'interprétant et de l'interprété;
4- donc, une interprétation qui est toujours située.
La notion de situation en phénoménologie
La notion de situation en
phénoménologie signifie : je suis né à une époque donnée et cela délimite mes
«pensables» et mes «possibles». En fait, la situation est autre chose qu'une
simple borne objective imposée à une conscience absolue. La situation est
plutôt condition de l'action ou, encore, condition de la compréhension. Dans
cette optique, pour la phénoménologie, il ne saurait exister quelque chose
comme une conscience absolue. Il y a plutôt une appropriation créatrice du sens.
Et, cette appropriation créatrice du sens constitue la conscience même
(laquelle ne saurait être en surplomb du monde mais est toujours imbriquée en
lui).
La compréhension a une structure herméneutique circulaire
Toute compréhension comporte une pré-compréhension, une structure
d'anticipation qui est à son tour pré-figurée par la tradition dans laquelle
vit l'interprète et qui modèle ses préjugés. Cette compréhension préalable peut
à son tour se déployer pour elle-même, se comprendre d'une manière explicite.
Cette explicitation d'une compréhension préalable, telle est la tâche de
l'interprétation. L'idée d'une compréhension comme articulation d'une
compréhension préalable correspond à la structure de ce qu’on appelle le cercle
herméneutique.
La compréhension s'enracine d'abord dans le passé
La tradition n'est pas une chose que nous pouvons mettre de côté. En vertu du
principe du «travail de l'histoire», nous appartenons d'abord à une tradition
historique et c'est à partir d'elle que nous abordons les choses. Par exemple,
notre connaissance de l'histoire, de l'art, de la science ou des lois morales,
notre compréhension de concepts tels que le bien, la vérité, l'objectivité,
bref la manière suivant laquelle nous comprenons et nous questionnons le monde,
tout cela relève d'abord d'une tradition historique et culturelle. Par
conséquent, nos interprétations ne sont jamais neutres mais toujours
conditionnées par la tradition dans laquelle nous vivons et qui forme la
substance de nos préjugés. La tradition est à la fois ce qui limite notre
compréhension et ce qui la rend possible, à la fois ce qui la contraint et ce
qui l'ouvre.
La compréhension est toujours linguistique
Si la compréhension est toujours conditionnée par une tradition historique,
celle-ci vient à nous à travers le langage. Le langage n'est donc pas un outil
neutre, extérieur à l'interprète, mais le véhicule même des traditions
interprétatives. La langue parle en nous et nous constitue comme patrimoine de
textes et de formes historiquement finies, comme ensemble de règles et comme
dialogue interpersonnel. Nous appartenons au langage comme nous appartenons à
l'histoire : ni devant, ni derrière, ni au-dessus, mais compris dans
l'histoire, et donc compris dans une tradition interprétative et langagière. En
ce sens, le «travail de l'histoire» à travers le langage n'est pas entièrement
transparent; il dépasse notre subjectivité, la limite et la rend possible. Si
l'interprétation est le ressort constitutif de toute activité cognitive et
pratique, le langage est le mode d'être privilégié de cette activité
interprétante.
La compréhension est toujours productive
La compréhension comporte une dimension productive qui se situe entre la
création ex nihilo et la pure reproduction. Si la compréhension s'enracine
d'abord dans une tradition interprétative qui la limite et la rend possible, en
revanche elle n'est pas que la simple reprise et reproduction de la tradition.
La compréhension s'enracine aussi dans le présent, dans les intérêts, les
questions et les préoccupations de l'interprète. En ce sens, la compréhension
ne loge ni du côté du sujet, ni du côté de l'objet ou de la tradition, mais
dans cet entre-deux où le dialogue se noue. Toute compréhension comporte donc
une production, à la fois une transformation de soi et de la tradition.
La compréhension comporte une application
Si la compréhension s'enracine aussi dans le présent, dans les questions, les
intérêts, les préoccupations et les attentes de sens de l'interprète, en
d'autres termes si l'interprète est constitutif de la vérité herméneutique c'est que la compréhension comporte un aspect
d'application à soi, une compréhension de soi. Comprendre c'est en quelque
sorte traduire dans ses propres termes, appliquer à sa situation présente,
trouver un éclairage pour sa vie. Comprendre veut dire avoir réussi à appliquer
un sens à notre situation, avoir trouvé réponse à nos questions. Cette
application n'a rien d'une application instrumentale; elle relève plutôt d'une
recherche de sens à partir de sa situation concrète, recherche de sens qui
implique une ouverture à l'autre, et donc la possibilité d'un dialogue
véritable.
La compréhension possède la structure logique du questionnement
L'être humain ne dispose pas d’une compréhension achevée et définitive sur le
monde; sa rationalité est toujours limitée. De sorte que sa compréhension préalable
est aussi un projet, une esquisse, un guide ouvert à des modifications et à des
développements. Cette ouverture de la compréhension a la structure logique de
la question. On pourrait le dire autrement. Si la compréhension comporte une
application à soi, une compréhension de soi, et que l'application consiste dans
la recherche d'un sens à notre situation actuelle, alors l'application obéit à
la dialectique de la question et de la réponse. Par le questionnement, on
s’ouvre à des nouveaux sens, à de nouvelles pratiques.
Dialogue
Pour les philosophes Gadamer (1996) et Ricoeur
(1986), le dialogue joue un rôle de premier plan dans toute recherche de
compréhension et de construction des savoirs, recherche qui ne peut jamais se
reposer sur la possession définitive d’une vérité, et qui, pour cette raison
même, implique une ouverture à l’altérité (que cette altérité s’incarne dans un
texte, une œuvre d’art ou une personne en chair et en os). En fait, la
compréhension humaine est essentiellement dialogique : dialogue entre moi
et l’autre, entre l’interprète et un texte, entre le présent et le passé. La
compréhension et le langage présentent ainsi la structure dialogique de la
question et de la réponse (Gadamer, 1996). La promotion d’un art du dialogue
est donc associée à une prise de conscience de la finitude de la compréhension
humaine et de l’impossibilité de parvenir à une connaissance définitive du
monde.
Le sens
La tradition de pensée
phénoménologique et herméneutique nous apprend qu'à proprement parler, nous ne
construisons pas de sens. Plutôt, nous le co-constituons en dialogue avec la
chose visée. Cette manière de comprendre le sens qui advient évite ainsi un
psychologisme naïf où l'ego apparaît comme souverain sur le monde. La tradition
de pensée phénoménologique et herméneutique met en évidence le fait que l'ego
est en dialogue avec une chose déjà porteuse de sens.
Références :
Gadamer, H.-G. (2006). Interroger
les Grecs. Études sur les Présocratiques, Platon et Aristote. Montréal
: Fides.
Gadamer, H.-G. (2003). L’héritage
de L’Europe. Paris : Payot. Traduit de l’allemand et préfacé par
Philippe Ivernel.
Gadamer, H.-G. (2002). Les
chemins de Heidegger. Paris : Librairie Philosophique
J. Vrin. Collection « Bibliothèque des textes philosophiques ».
Traduction, présentation et notes de Jean Grondin.
Gadamer, H.-G. (1996). Vérité
et Méthode. Les grandes lignes d’une herméneutique philosophique.
Paris : Seuil. Collection «L’ordre philosophique». Paru originellement en
allemand en 1960.
Gadamer, H.-G. (1996). Le
problème de la conscience historique. Paris : Seuil. Collection
«traces écrites». Édition établie par Pierre Fruchon. Conférences prononcées en
1958.
Gadamer, H.-G. (1996). La
philosophie herméneutique. Paris PUF. Collection Épiméthée.
Ricoeur,
P. (1986). Du texte à l'action. Essais d'herméneutique générale, II. Paris:
Seuil.
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