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26 février 2024

Penser sous deux catégories distinctes

« Je tiens vraiment à maintenir cette distinction entre penser sous la catégorie de l'action, c'est-à-dire penser ce que font les hommes, et penser sous la catégorie de la production, pense la manière dont les faits sont subsumés sous des principes. » (p. 116)

Référence :

Ricoeur, P. (1995). La critique et la conviction. Entretien avec François Azouvi et Marc de Launay. Paris : Hachette. 

23 février 2024

Idéologie de la différence

« (...) l'idéologie de la différence, en rendant les différences indifférentes, ruine l'esprit critique qui repose sur le partage des mêmes règles de discussion et sur la participation à des communautés d'argumentation recrutées sur d'autres bases que la constitution historique de groupes différents d'appartenance. » (p. 89)

Référence : Ricoeur, P. (1995). La critique et la conviction. Entretien avec François Azouvi et Marc de Launay. Paris : Hachette. 


22 février 2024

Lire (bis)

Lire pour s'éduquer;

Lire pour se soigner; 

Lire pour bien s'exprimer;

Lire pour bien penser;

Lire pour participer de la beauté du monde;

Lire pour mieux agir;

Lire pour vivre mieux.

Lire

« Nous lisons parce que, même si lire n'est pas indispensable pour vivre, la vie est plus aisée, plus claire, plus ample pour ceux qui lisent que pour ceux qui ne lisent pas. » (p. 39)

Référence :

Compagnon, Antoine (2007). La littérature pour quoi faire ? Paris : Collège de France / Fayard.

20 février 2024

Ciblage de la recherche

Le ciblage de la recherche scientifique signifie que le politique dirige en grande partie - via les organismes de subventions et les commandites - le regard du chercheur en fonction de ses intérêts (gestion du social, développement économique, aide aux entreprises, etc.) et non pas en fonction de l'intérêt du savoir. La recherche devient ainsi prisonnière de ce ciblage (lequel est en lien avec la nouvelle gouvernance des universités qui se pensent comme des « entreprises de service »).

Humanité et société

« Il y a humanité et fondation de la société à partir du moment où est édicté le prescrit et l'interdit, le juste et l'injuste, le bien et le mal. » (p. 60-61)

Référence :

Pierre-Jean Simon (2001). Éloge de la sociologie ou la fécondité du néant. Paris : PUF. Collection sociologie d'aujourd'hui.

19 février 2024

Raconter/écouter

 «(...) la mémoire n'est rien sans raconter. Et raconter n'est rien sans écouter.»

Ricoeur, P. (2007). Vivant jusqu’à la mort. Suivi de Fragments. Paris : Seuil, p. 63.

15 février 2024

Paroles prophétiques

« En poursuivant les tendances actuelles, personne n'arrivera à rien d'autre qu'à la perte croissante de la propriété, une chose engloutie par un système tout aussi impersonnel et inhumain, que nous l'appelions communisme ou capitalisme. Si nous ne pouvons pas revenir en arrière, il ne semble guère utile d'aller de l'avant. Il n'y a rien d'autre devant nous qu'un désert de standardisation, mis en place soit par le bolchevisme, soit par les grandes entreprises. » 

G.K. Chesterton, The Outline of Sanity (1926)

En français : Plaidoyer pour une propriété anticapitaliste, Paris, L'Homme nouveau, 2009


14 février 2024

La physique quantique résiste aux déterministes purs et durs

La physique quantique postule des événements sans cause, événements qui surviennent tout bonnement. Sur la base d'un état x, il est donc impossible déterminer si un événement se produira ou non, on ne peut qu'émettre des probabilités.

La recherche qualitative peut être...

Dans une société de droits, la recherche qualitative peut être une pratique scientifique où les « sujets » sont autres choses que des « objets » (l’action instrumentale versus l’action communicationnelle dont parle Habermas).

Dans une société où cohabitent des logiques multiples et souvent contradictoires, la recherche qualitative peut être ce lieu où le sens du social peut se reconstruire en évitant tout autant le relativisme que l’essentialisme. 

Dans une société où les sciences humaines et sociales sont souvent réduites à n’être que les auxiliaires du pouvoir (limitées à ce qui est communément appelé le processus du problem setting / problem solving), la recherche qualitative peut être une pratique qui contribue à se souvenir que la compréhension n’est pas d’abord une affaire de maîtrise et de contrôle mais un « advenir », un « événement » au sens où l’entend une certaine philosophie herméneutique.

13 février 2024

Une science qui déteste le langage

La science technicienne n'aime pas le langage car il est porteur du symbolique.

L'idéal du monde techniciste

Substituer à la vie, à l'expérience, un outil de planification global capable de prévoir tous les possibles pour que plus rien n'advienne inopinément.

Une marotte de nos planificateurs de tout poil

Se donner une représentation du futur et, à partir de là, considérer qu'il faut impérativement adapter le présent en fonction de ce futur anticipé (ce qui revient à produire immédiatement le futur).

La bêtise du discours sur l'efficacité et la performance

« Toute complexité inhérente aux rapports humains est amenée à être considérée comme un ralentissement illicite du fonctionnement général de la production. » (p. 82)

Lagandré, C. (2009). L’actualité pure. Essai sur le temps paralysé. Paris : PUF.


09 février 2024

Étudier le « social » : vision herméneutique

Dans l'étude de l'humain, toute conception de la « vérité » précède inévitablement le développement de toute méthode ou interprétation.

C'est notre pré-compréhension d'un phénomène social (texte, pratique, etc.) qui permet l'interprétation.

Notre pré-compréhension d'une « vérité » produit la méthode plutôt que l'inverse; les méthodes viennent après coup.

On se confronte à un objet d'étude à partir d'un horizon de compréhension, lequel génère les questions et aiguillonne vers des réponses possibles.

Mais, cet horizon de compréhension n'est qu'un départ. Y rester pris serait se condamner au solipsisme.

Pour étendre son horizon de compréhension, il faut établir une relation dialogique avec le phénomène étudié.

C'est par cette relation dialogique que la fusion des horizons est possible.

Cette fusion des horizons est la rencontre entre le sujet, la tradition (constituée notamment des pré-compréhensions) et le phénomène.

Cela débouche sur une nouvelle interprétation du phénomène.

Comme l'a bien montré Gadamer, en matière de sciences humaines et sociales, la « vérité » ne vient pas d'abord de la méthode.

Gadamer, H.-G. (1996). Vérité et Méthode. Les grandes lignes d’une herméneutique philosophique. Paris : Seuil. Collection « L’ordre philosophique ». Paru originellement en allemand en 1960.


08 février 2024

Fourvoiement

Dans notre époque prométhéenne, la capacité à produire le changement est souvent vue comme l'équivalent de la rationalité.

06 février 2024

Sur Gérard Bouchard (2023). Pour l’histoire nationale. Valeur, nation, mythes fondateurs, Boréal.

À partir de 2006 s’est déroulé au Québec le plus important débat sur l'enseignement de l'histoire. Dans ce débat, Gérard Bouchard, est resté à l'écart. Il prend maintenant la parole dans cet ouvrage majeur.

Il faut savoir que le programme ministériel de 2006, Histoire et éducation à la citoyenneté, niait ou marginalisait, la nation canadienne, devenue canadienne-française puis québécoise tout comme les questions qui lui sont liées telles l’oppression ou l’affirmation nationales. Un débat, très dur entre spécialistes s’en est alors suivi. Finalement, à la suite du rapport du ministère de l’Éducation, le programme a été modifié substantiellement afin de remettre à l'ordre du jour la question nationale.

Gérard Bouchard analyse cette problématique avec attention et minutie. Les tenants et aboutissants du concept de nation sont ainsi investigués. L’auteur note qu'il est étonnant et décevant que, même depuis 2017, « le lien affectif à la nation ne fasse pas partie des finalités de l’enseignement. » (p. 64) Pour pallier à cela, il analyse nos mythes nationaux, dont le principal est la Conquête de 1760 et propose de les intégrer davantage à l’apprentissage. Il insiste également sur l’intégration de la diversité – et des questions autochtones- tout en n’oubliant pas la majorité historique. Pour lui, les valeurs historiques à promouvoir davantage « sont les repères dont on s’attend à ce qu’ils orientent le devenir d’une nation, ordonnent ses choix, nourrissent les identités et inspirent les comportements. » (p. 80).

Bouchard soutient que la nation et ses valeurs à mettre de l’avant en enseignement « sont indissociables d’une forme quelconque de nationalisme. […] Le nationalisme qu’il faut viser, c’est celui qui suscite chez ses membres un attachement et un désir de progrès dans la poursuite d’idéaux élevés et dans le respect des autres nations. » (p. 218). Enfin, le récit et l’émotion devraient, selon lui, tenir une place plus importante dans l'enseignement de l'histoire.

Un ouvrage très riche en réflexions et fort éclairant sur les enjeux et défis de l'enseignement de l'histoire dans une petite nation non souveraine comme celle du Québec.

05 février 2024

Générativité en recherche qualitative

Les quatre critères de scientificité généralement admis en recherche qualitative :

Crédibilité;

Transférabilité;

Fiabilité;

Confirmabilité.

Est-ce que l’usage de ces critères qui répondent terme à terme aux critères issus du quantitatif est bien approprié pour le quantitatif ? 

Si le qualitatif souhaite vraiment prendre en compte le contexte – ce qu’il affirme – doit peut-être s’éloigner des critères calqués sur ceux issus du quantitatif, lesquels font justement l’impasse sur le contexte. Ce concept renvoie à une manière de comprendre la « scientificité » de la RQ différemment. La générativité prend en quelque sorte la place de la généralisation. Elle signifie la capacité qu’une recherche a de stimuler et de participer à la production de nouveaux objets d’étude, de perspectives inédites, de méthodes novatrices de cueillette, etc : 

« L’appréciation de l’apport d’une recherche qualitative, sa validité scientifique, se rapporte alors aux idées et aux distinctions qu’elle permet de générer. » (Proulx, 2019, p. 64) 

« La question de la générativité s’inscrit dans une conception des recherches qualitatives qui n’est pas linéaire. Les recherches qualitatives ne sont plus des entreprises orientées vers la découverte de réponses et de solutions statiques, universelles et intemporelles, voire l’offre de réponses toutes faites pour résoudre des problèmes prédéterminés, c’est-à-dire émanant d’une vision technico-rationaliste, dit Schön (1983). Elles s’arriment avec l’idée de contribuer et de participer à l’avancement des compréhensions (de toutes sortes) et de produire de nouvelles idées (de toutes sortes). Tournée vers le futur et l’avancement des compréhensions, l’intention des travaux en recherches qualitatives sous l’angle de la générativité n’en devient plus d’offrir un état de fait sur ce qui est et comment ceci l’est : on ouvre plutôt la porte au possible et à ce qui peut arriver. C’est en ce sens que les recherches qualitatives participent au développement de nouvelles problématiques de recherche, de nouvelles questions, de nouvelles connaissances scientifiques, de nouvelles distinctions, de nouvelles dynamiques de recherche, qui en génèrentde nouvelles à leur tour. Et c’est l’ensemble des éléments d’une recherche qui possède un potentiel de générativité : de la façon de formuler les questions de recherche aux outils méthodologiques et d’analyse, en passant par la façond’aborder et de ficeler les enjeux et ancrages théoriques, jusqu’aux résultatseux-mêmes. » (Proulx, 2019, p. 64)

(Le) « caractère situé, contingent et historique de la générativité en fait une dimension bien arrimée au caractèresitué, contingent et surtout dynamique des recherches qualitatives. » (Proulx, 2019, p. 64)

Référence :

Proulx, J. (2019). Recherches qualitatives et validités scientifiques. Recherches qualitatives38(1), 53–70. https://doi.org/10.7202/1059647ar