À partir de 2006 s’est déroulé au Québec le plus important débat sur l'enseignement de l'histoire. Dans ce débat, Gérard Bouchard, est resté à l'écart. Il prend maintenant la parole dans cet ouvrage majeur.
Il faut savoir que le programme ministériel de 2006, Histoire et éducation à la citoyenneté, niait ou marginalisait, la nation canadienne, devenue canadienne-française puis québécoise tout comme les questions qui lui sont liées telles l’oppression ou l’affirmation nationales. Un débat, très dur entre spécialistes s’en est alors suivi. Finalement, à la suite du rapport du ministère de l’Éducation, le programme a été modifié substantiellement afin de remettre à l'ordre du jour la question nationale.
Gérard Bouchard analyse cette problématique avec attention et minutie. Les tenants et aboutissants du concept de nation sont ainsi investigués. L’auteur note qu'il est étonnant et décevant que, même depuis 2017, « le lien affectif à la nation ne fasse pas partie des finalités de l’enseignement. » (p. 64) Pour pallier à cela, il analyse nos mythes nationaux, dont le principal est la Conquête de 1760 et propose de les intégrer davantage à l’apprentissage. Il insiste également sur l’intégration de la diversité – et des questions autochtones- tout en n’oubliant pas la majorité historique. Pour lui, les valeurs historiques à promouvoir davantage « sont les repères dont on s’attend à ce qu’ils orientent le devenir d’une nation, ordonnent ses choix, nourrissent les identités et inspirent les comportements. » (p. 80).
Bouchard soutient que la nation et ses valeurs à mettre de l’avant en enseignement « sont indissociables d’une forme quelconque de nationalisme. […] Le nationalisme qu’il faut viser, c’est celui qui suscite chez ses membres un attachement et un désir de progrès dans la poursuite d’idéaux élevés et dans le respect des autres nations. » (p. 218). Enfin, le récit et l’émotion devraient, selon lui, tenir une place plus importante dans l'enseignement de l'histoire.
Un ouvrage très riche en réflexions et fort éclairant sur les enjeux et défis de l'enseignement de l'histoire dans une petite nation non souveraine comme celle du Québec.
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