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22 juin 2011

Brefs propos sur les dispositifs de soutien à l'entrée dans l'enseignement

Introduction

Ces dernières années, au Québec et ailleurs, de plus en plus d’expériences de soutien à l’insertion professionnelle en enseignement ont été réalisées. Les écrits sur le sujet sont en fait unanimes pour dire qu’un soutien accru permet d’atténuer les problèmes rencontrés par les débutants lors de l’entrée dans la carrière et favorise ainsi le développement de compétences chez les enseignants novices, tout en réduisant les risques de décrochage professionnel (voir les quelques références de certains travaux du Laboratoire d’analyse de l’insertion professionnelle en enseignement, LADIPE, à la fin de cette chronique). Les mesures de soutien proposées pour faciliter l’insertion professionnelle des novices sont variées, allant de programmes complets et s’étalant sur plusieurs mois ou plusieurs années (mentorat, groupe de discussion entre débutants ou entre débutants et experts, réseaux électroniques d’entraide, formations spécifiques offertes aux enseignants débutants) à des interventions plus ponctuelles, surtout offertes en début d’année (activités d’accueil des nouveaux enseignants, journées thématiques de la rentrée visant à faire connaître le fonctionnement de l’école, etc.). Nous présentons ici brièvement les mesures de soutien les plus fréquemment mentionnées dans la littérature spécialisée, soit le mentorat, les réseaux électroniques d’entraide et les groupes collectifs de soutien.

Le mentorat

Le mentorat, également appelé tutorat par certains auteurs, est sans aucun doute la mesure la plus fréquemment suggérée dans les recherches québécoises. Il se définit comme un soutien professionnel offert au débutant par un collègue expérimenté. Il s’agit du jumelage d’un enseignant novice avec un enseignant d’expérience, afin de l’aider à cheminer lors du processus d’insertion professionnelle.

Les chercheurs soulignent que le mentorat constitue un moyen particulièrement efficace pour accompagner et soutenir l’enseignant en processus d’insertion professionnelle. Toutefois, même si plusieurs chercheurs retiennent le mentorat comme dispositif de soutien aux enseignants en insertion professionnelle, ses modalités d’application sont très différentes d’une recherche à une autre, que ce soit au regard de la durée, des critères de sélection des mentors, de la façon dont s’effectue le jumelage mentor/mentoré ou du rôle joué par le mentor dans la relation mentorale.

En ce qui concerne la durée du mentorat, il est généralement préconisé un accompagnement d’au moins une année si l’enseignant débutant est à temps plein ou de deux ans s’il est à temps partiel. Mais, on suggère souvent d’échelonner les programmes de mentorat québécois sur deux ans à temps plein, afin de permettre aux enseignants de développer adéquatement leurs compétences pédagogiques. Les critères de sélection des mentors sont variables. On se base la plupart du temps sur l’expérience en enseignement, sur les compétences pédagogiques, sur la personnalité du mentor, sur son désir de partager ses connaissances et sur son habileté à communiquer. Le mentor doit également être capable de percevoir facilement les difficultés vécues par les enseignants débutants, afin de pouvoir apporter son soutien. En outre, il doit être habile à exercer la pratique réflexive et à susciter le questionnement et la réflexion chez le novice. Le jumelage mentor/mentoré peut prendre diverses formes et être effectué selon divers critères. Généralement, l’on tente de jumeler deux enseignants de même niveau ou de même discipline. Une attention est également portée à la personnalité et à la «philosophie de l’éducation», afin qu’elles soient similaires chez le mentor et chez le mentoré. En effet, si les deux partenaires ont une approche similaire en enseignement, la communication sera plus facile, mais parfois, il est difficile de cerner la pédagogie du débutant, alors on ne peut pas toujours se fonder sur ce critère pour jumeler les mentors et leurs mentorés. En outre, dans certains cas, le mentor doit accompagner plusieurs débutants et pour ce faire, il est libéré d’une partie de sa tâche d’enseignement.

En ce qui a trait au rôle du mentor, la majorité des auteurs mentionnent qu’il doit accompagner l’enseignant débutant, l’aider et le soutenir. Certains auteurs ajoutent qu’il doit jouer un rôle de conseiller auprès du mentor et répondre à ses questions. Toutefois, il n’est pas là pour effectuer les tâches d’enseignement à la place du novice, mais bien pour le soutenir dans celles-ci. Enfin, quelques recherches soulignent que le mentor ne doit pas jouer un rôle d’évaluateur, ce qui nuit à la relation de confiance instaurée entre les deux partenaires

Les réseaux électroniques d’entraide

Grâce aux avancées technologiques récentes, les réseaux électroniques d’entraide deviennent de plus en plus populaires comme mesure d’aide à l’insertion professionnelle des enseignants débutants. Ces réseaux peuvent prendre plusieurs formes, tels le mentorat en ligne, le forum de discussion ou le portail d’informations. Examinons brièvement chacune de ses formes de soutien.

Le mentorat en ligne, également appelé mentorat virtuel, est similaire au mentorat traditionnel, en ce sens qu’il vise à offrir du soutien à l’enseignant débutant lors de l’insertion professionnelle. Toutefois, contrairement au mentorat réalisé en face à face, le novice peut discuter avec un ou plusieurs mentors, par le biais d’un site web. Il pourra alors poser ses questions et recevoir une rétroaction en ligne. Cette façon de fonctionner assure une plus grande confidentialité pour l’enseignant débutant. En effet, dans plusieurs sites de mentorat, l’enseignant peut ne pas révéler son identité et s’identifier par un pseudonyme, ce qui peut lui permettre de parler plus facilement des difficultés vécues, sans crainte d’être jugé.

Pour sa part, le forum de discussion est un site d’échanges entre enseignants novices qui peuvent y discuter de leurs problèmes, proposer des solutions, fournir des conseils et offrir leur soutien aux autres débutants. Dans ce cas, le novice peut à la fois offrir et recevoir de l’aide. Dans certains programmes, le forum de discussion est jumelé avec un mentorat en ligne et des mentors peuvent alors intervenir pour soutenir la réflexion des débutants.

Enfin, le portail d’informations pour les enseignants débutants est un site web qui regroupe différentes informations et diverses ressources qui peuvent être utiles aux enseignants : matériel pédagogique, informations sur les services disponibles au sein de l’école ou de la commission scolaire, outils pour la gestion de classe ou pour l’évaluation, informations concernant le portfolio, etc. Ce portail peut également inclure les deux dispositifs précédents, soit le forum de discussion et le mentorat en ligne.

Les groupes de soutien à l’insertion professionnelle

Les groupes de soutien permettent à l’enseignant novice de rencontrer d’autres débutants et de discuter avec eux. La composition de ces groupes est variable. Dans certains cas, le groupe est constitué uniquement de débutants, alors que dans d’autres cas, il inclut également des enseignants experts, des chercheurs, des conseillers pédagogiques ou des membres de la direction. Il existe probablement autant de façons différentes de fonctionner que de groupes de soutien. Le déroulement et la fréquence des rencontres sont donc très diversifiés et il est difficile d’établir une constante pour tous les groupes. Dans les écrits, on peut néanmoins faire ressortir deux grands types de groupes de soutien, soit le groupe de discussion et le groupe d’analyse des pratiques.

Le groupe de discussion vise à amener les enseignants débutants à échanger sur différents thèmes les concernant. Il peut être organisé de façon très libre, en permettant à chacun de discuter sur les sujets qui les préoccupent dans le moment, ou encore être plus structuré, en prévoyant un thème à aborder à chacune des rencontres. Les thématiques les plus souvent traitées sont : la gestion de classe, les rencontres de parents, l’évaluation, la rentrée des élèves, le portfolio et les problèmes rencontrés dans la pratique quotidienne. Quant au groupe d’analyse des pratiques, il vise plus particulièrement à explorer les situations problématiques vécues par les débutants et à tenter d’en tirer des apprentissages. À chacune des rencontres, un des membres du groupe doit présenter une situation vécue ou un projet qu’il souhaite réaliser, puis les autres membres apportent leur soutien, leurs idées, leurs réflexions, leurs questions et leurs propositions de solutions. L’animateur (par exemple, un conseiller pédagogique ou un enseignant expert) peut également exposer des modèles théoriques en lien avec la problématique discutée. Enfin, pour clore la rencontre, les autres membres du groupe tentent d’établir un lien entre la situation présentée et leur propre pratique d’enseignement, afin de découvrir les actions qu’ils peuvent eux-mêmes effectuer dans leur classe.

Conclusion

En somme, le paysage des dispositifs de soutien à l’entrée dans la profession est relativement varié et passablement intéressant. Reste que, au Québec à tout le moins, ces dispositifs sont encore trop rares. En effet, une poignée de commissions scolaires se sont dotées de tels programmes (on peut d’ailleurs retrouver certains de ces programmes sur le site du Carrefour national de l’insertion professionnelle en enseignement – CNIPE – à l’adresse suivante www.insertion.qc.ca). On ne peut que souhaiter une généralisation de ceux-ci à l’ensemble du territoire québécois.

Références

Bergevin, C., Martineau, S. (2007). Le mentorat. 65 pages.
http://www.insertion.qc.ca/article.php3?id_article=126

Martineau, S., Vallerand, A.-C. (2007). Les dispositifs pour soutenir l’insertion professionnelle des enseignants. 19 pages.
http://www.insertion.qc.ca/article.php3?id_article=134

Martineau, S., Bergevin, C., Vallerand, A.-C. (2006). Un regard sur les écrits sur l’insertion professionnelle des enseignants. 10 pages.
http://www.insertion.qc.ca/article.php3?id_article=98

Ndoreraho, J.-P., Martineau, S. (2006). Une problématique des débuts de la carrière en enseignement. 17 pages.
http://www.insertion.qc.ca/article.php3?id_article=104

Ndoreraho, J.-P., Martineau, S. (2006). Recensions de thèses et de mémoires sur l’insertion professionnelle en enseignement. 234 pages.
http://www.insertion.qc.ca/article.php3?id_article=96

Vallerand, A.-C., Martineau, S. (2006). Plaidoyer pour le mentorat comme aide à l’insertion professionnelle des nouveaux enseignants. 8 pages.
http://www.insertion.qc.ca/article.php3?id_article=89

Vallerand, A.-C., Martineau, S. (2006). Rôle de la direction quant à l’insertion professionnelle. 11 pages.
http://www.insertion.qc.ca/article.php3?id_article=86

Vallerand, A.-C., Martineau, S. (2006). Recension des écrits sur l’insertion professionnelle en enseignement. 575 pages.
http://www.insertion.qc.ca/article.php3?id_article=58

Vallerand, A.-C., Martineau, S. (2005). Bibliographie thématique sur l’insertion professionnelle.
http://www.insertion.qc.ca/article.php3?id_article=43

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