L’adolescence représente un moment de la vie qui requiert beaucoup d’adaptation tant sur le plan biologique, psychologique que social. Un adolescent, comme n'importe qui, va ressentir du stress dans certaines situations. L'adolescent rencontre beaucoup de situations où il doit s'adapter - pensons simplement au contexte scolaire. Or, l’adaptation réfère aux pensées et comportements nécessaires lorsqu’un individu est confronté à une situation représentant une menace (stress) afin d’éviter les répercussions négatives pour son bien-être. Dans ce cas, le stress se transforme en composante essentielle pour le développement d'une personne. Puisqu’il est impossible de faire disparaître le stress, mieux vaudrait apprendre à l’apprivoiser et à le négocier. Un mauvais choix adaptatif entre un adolescent et des stresseurs sera nuisible au fonctionnement cérébral nécessaire à ses apprentissages académiques et à son bien-être. Le stress deviendra problématique lorsqu’ il atteint des niveaux trop élevés pour être négocié. On parle alors de stress toxique. Dans ces conditions, la production chronique d’hormones de stress crée un état physiologique nuisible (toxique) à la fois pour le corps et le cerveau.
Soulignons que c’est à l’adolescence que le lobe frontal se réveille et commence à dialoguer avec les autres régions du cerveau, dont l’amygdale et l’hippocampe. Le lobe frontal en plein développement à ce stade joue un rôle crucial dans l’inhibition de l’amygdale, région du cerveau chargé de détecter les dangers et d’envoyer un signal positif au système de stress, afin de freiner des détections répétitives de peurs et de danger menant à l'apparition de désordre anxieux (le travail s'effectue en collaboration avec l’hippocampe). Certes, l’adolescent est maintenant capable d’inhiber l’activation de l’amygdale lorsque cela est nécessaire mais le système n’est pas encore totalement configuré. C’est pourquoi on retrouve une certaine vulnérabilité au stress puisque son développement est incomplet provoquant ainsi des irrégularités hormonales lorsque vient le temps de contrôler sa réponse de stress et régulariser ses émotions. Le processus d’apprentissage de l’inhibition des réponses de stress de l’amygdale est un pas essentiel vers l’âge adulte.
Des niveaux de stress élevés à l’adolescence sont associés à des problèmes adaptatifs se manifestant de façon intériorisée (retrait, évitement, plaintes somatiques, troubles anxieux et dépression) ou de façon extériorisée (agressivité réactive, trouble d’opposition et crise de colère). De plus, on sait que les premiers troubles de santé mentale apparaissent vers l’âge de 14 ans. Parmi les plus fréquents, on retrouve les troubles anxieux qui se manifestent sous plusieurs symptômes : émotionnels (sensibilité accrue, nervosité, irritation tristesse, faible estime de soi), cognitifs (difficulté de concentration, désorganisation, procrastination), physiques (problèmes de sommeil, maux de tête, fatigue), comportementales (trouble alimentaire, violence, absentéisme, consommation accrue de tabac, sucre, chocolat, alcool, drogues). L’exposition aux différents facteurs de stress peut s’avérer problématique pour les adolescents d’un point de vue académique et comportemental nuisant de ce fait à leurs apprentissages.
Pour aller plus loin :
Lupien, S. (2020). Par amour du stress.
(2e éd.) Montréal, Québec: Éditions Va Savoir.
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