Ce qui suit est le résumé d'une communication scientifique dont la référence est :
Martineau, S., Sannier-Bérusseau, C, Grandjean Lapierre, É. (2015).
Les styles d’apprentissages et
l’apprentissage autorégulé : tour d’horizon des recherches passées et
présentes. Congrès ADMEE-Europe, symposium «Les
préférences d’apprentissage et le développement de l’autonomie», Liège,
Belgique, 28 janvier 2015.
Cette commication a été réalisée dans le cadre d'un projet de recherche dirigé par le professeur Alexandre Buysse de l'Université Laval et où j'agissais à titre de co-cherheur.
Contexte et objectif
L’élève est acteur de son
processus d’apprentissage et ce, pas uniquement au plan cognitif mais aussi au
plan métacognitif, motivationnel et comportemental. Cela se traduit par des
styles d’apprentissage différents (De Corte,
2010). Reflétées dans certaines
définitions des styles d’apprentissage multidimensionnels, les conceptions de
l’enseignement/apprentissage, orientations motivationnelles, manières de
réguler les apprentissages et de traiter l’information semblent jouer un rôle
déterminant dans la réussite scolaire, tant au niveau de la persévérance que de
la qualité des apprentissages et donc des résultats eux-mêmes. Plusieurs études
lient la réussite scolaire et la persévérance au développement d’un style
d’apprentissage autorégulé (Zimmerman &
Schunk, 2001/2008), vu comme la participation active de l’apprenant au
processus d’apprentissage, et se traduisant notamment par une préférence pour
l’autorégulation, une initiative personnelle, une volition permettant l’effort
et donc la persévérance, une tendance à une motivation intrinsèque (Boekaerts, Pintrich, & Zeidner, 2005; Cosnefroy,
2011). L’objectif poursuivi ici était de mettre en lumière les
connaissances et les pratiques actuelles concernant les styles d’apprentissage,
ce qu’il en est de leur évolution au secondaire, cibler les facteurs qui, selon
les écrits, influencent l’évolution de ces styles et les manières d’accompagner
le développement positif de ceux-ci, particulièrement auprès des élèves les
plus à risque d’échec et de décrochage scolaires.
Cadre de la recherche
Des notions et
inventaires de styles d’apprentissage très
différents ont été établis et utilisés (Chevrier,
Fortin, Théberge, & Leblanc, 2000) jusqu’à mainteanant. Il s’en
dégage essentiellement quatre grandes catégories de styles d’apprentissage (Sadler-Smith,
Riding, & Rayner, 1997) : 1-les styles qui couvrent les éléments
cognitifs de la personnalité (p.ex. le CSA de Riding (1991), qui comprend des styles analytique ou holistique, verbal ou
non-verbal) ; 2- les styles qui touchent au traitement de l’information
(p.ex. le Learning style inventory
questionnaire de Kolb (1984)) ; 3-
les styles d’approches de l’apprentissage (p.ex. en profondeur, apathique, en surface et stratégique (Entwistle, Tait, & McCune, 2000)) ; 4-
les styles recouvrant des préférences pour des méthodes d’enseignement (p.ex.
les styles indépendant,
dépendant, évitant, participant, collaborateur, et compétitif mis en valeur par Riechmann et Grasha (1974)).
Il convient toutefois de considérer les styles d’apprentissage des
élèves comme étant composés d’un ensemble de dimensions, et pas uniquement des
dimensions cognitives (De Corte, 2010). Nous avons donc concentré notre synthèse sur les approches qui tiennent
compte simultanément de multiples dimensions à la fois, tels le Study Process Questionnaire (SPQ) et le Learning Process questionnaire (LPQ) de
Biggs (1978, 1988) et celui qui, d’après
nous, réunit le plus de dimensions, soit l’Inventory
of learning styles (ILS) de Vermunt (Vermunt,
1998; Vermunt & Simons, 1986). Ces approches globales permettent en
effet d’appréhender les multiples facettes de l’apprentissage et reposent sur
la conscience que l’apprenant a de son apprentissage (aspect métacognitif).
Elles ont également la particularité de permettre de cerner une évolution des
styles d’apprentissage. En effet, certaines composantes de ces styles
d’apprentissage varient selon les contextes, alors que d’autres, liées à la
personnalité, restent plus stables (Adema, van der Zee, & van der Molen,
2000). C’est ainsi que si tout apprentissage comprend une part
d’autorégulation et que l’enfant dispose à un jeune âge d’une tendance à
l’apprentissage autorégulé, il semblerait que de nombreux facteurs viennent
influencer cette prédisposition selon son âge, ses performances ou ses choix
d’études (Wigfield, 2002).
Méthodologie
La synthèse porte sur les
plus récents développements, scientifiques concernant: les styles
d’apprentissage, notamment l’apprentissage autorégulé et leur modalités
d’évolution; les liens entre persévérance, styles d’apprentissage et réussite
scolaire; la relation entre styles d’enseignement et styles d’apprentissage;
les facteurs influençant le changement dans les styles d’apprentissage. Cette
recension s’est effectuée sur la base de moteurs de recherche scientifiques
(notamment ERIC, PSYCHINFO, ERA, FRANCIS), de portails de revue (notamment
PERSÉE, ÉRUDIT) mais aussi sur la base de moteurs professionnels (moteurs de
recherche liés à la formation des enseignants ou à la pratique des enseignants
et moteur de recherche liés aux syndicats d’enseignants). Dans un premier
temps, nous avons classifié les textes selon leur objectif. Nous avons
distingué les différentes bases théoriques, notamment sur le plan des
dimensions des styles d’apprentissage retenues. Nous avons procédé à une
lecture croisée des textes. Cette lecture croisée s’est effectuée en comparant
les lectures à partir d’une grille de codification semi-émergente basée sur les
cadres théoriques, les méthodologies, les moyens mis en œuvre, les publics cibles,
les résultats obtenus. Il s’agit d’un système de validation croisée du contenu.
Aperçu des résultats
Nous avons obtenu une synthèse
critique portant sur les éléments suivants :
-
styles d’apprentissage (modèles existants,
modèles les plus fiables, modèles retenus);
-
liens entre les styles d’apprentissage et la
persévérance, la motivation et l’autonomie;
-
liens entre styles d’apprentissage et la
réussite scolaire ou diplomation particulièrement au secondaire;
- variations de styles d’apprentissage en
fonction des cycles et secteurs de formation au secondaire;
-
les liens entre style d’apprentissage et
transition réussie vers un autre secteur de formation au secondaire : de
la formation générale du secondaire vers la formation professionnelle, vers la
formation générale des adultes, vers la formation menant à l'exercice d'un
métier semi-spécialisé;
-
les styles d’apprentissage en formation
générale aux adultes;
-
lien entre styles d’apprentissage et
développement de l’apprentissage autorégulé;
-
différents facteurs influençant les styles
d’apprentissage;
-
moyens proposés, étudiés ou mis en œuvre pour
faire évoluer les styles d’apprentissage;
-
styles d’enseignement (modèles existants,
modèles les plus fiables, modèles retenus);
-
effets des styles d’enseignement sur les
styles d’apprentissage ;
- évaluation de moyens mis en œuvre pour
accompagner l’évolution des styles d’apprentissage.
Prospective
Le décrochage scolaire est
une des priorités de l’éducation au Canada et au Québec. Malgré l’existence de nombreux cadres
théoriques sur les styles d’apprentissages et l’apprentissage autorégulé et la
multiplication des recherches empiriques sur cette problématique, les
interventions en milieu scolaire semblent la plupart du temps basées sur la
seule expérience des enseignants ou les convictions de certains conseils
pédagogiques. En ce sens, les recherches crédibles et les données probantes
influencent faiblement les actions sur le terrain. Il semble donc que des
efforts doivent être faits afin de développer des moyens de formation.
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