L’histoire fait
toujours l’objet d’enjeux idéologiques forts. Ce faisant, on ne la retrouve pas
uniquement dans les livres ou les manuels de classe. Présente dans tous les
arts, elle joue un rôle identitaire comme ce fut le cas au Québec dans les
années 1960-1970. À travers les chansons ou la poésie – pensons à la mythique Nuit de la poésie du 27 mars
1970 où se sont succédés sur la scène du théâtre Gesù à Montréal de grands
poètes québécois, Gaston Miron, Michèle Lalonde, Raôul Duguay, Denis
Vanier, Paul Chamberland, Pierre Morency et bien d'autres –
l’histoire du Québec était alors non seulement mobilisée mais aussi revue en
fonction d’un projet social et politique. En parallèle, les historiens
professionnels revoyaient l’histoire de la Nouvelle-France et de la province du
Québec pour la sortir des sentiers tracés par le clergé et son nationalisme
conservateur de survivance. Ainsi, durant la révolution tranquille, par la
musique, le cinéma, la poésie ou le roman, le Québec tentait de redéfinir son
identité et cela ne pouvait se faire sans revisiter son histoire. Mouvements de
femmes, mouvements de jeunes, mouvements, de gauche, le Québec voyait
différents groupes de la société civile prendre la parole pour non seulement
pour changer le présent mais aussi pour définir le futur. Et cela, passait
nécessairement par un questionnement du passé, par sa réinterprétation, par
l’interrogation de la tradition et donc par une réécriture des récits jusque-là
admis. Les « sans grades », les minorités, les absents de l’histoire
officielle, voulaient parler et se faire entendre, ils voulaient que l’histoire
porte leurs voix. Désormais, il ne serait plus possible d’écrire l’histoire
sans parler d’eux.
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