Dans nos sociétés, on observe une forte tendance à négliger la valeur de l’acte intellectuel, à mépriser ouvertement l’intelligence, à se moquer de la création artistique à moins qu'elle ne soit commercialisable.
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29 septembre 2012
Dans nos sociétés
Professeur titulaire au département des sciences de l'éducation de l'Université du Québec à Trois-Rivières
28 septembre 2012
L'enjeu fondamental de l'ordre politique
Comme Platon nous l'a donné à comprendre il y a plus de 2000 ans, l'ordre politique ne saurait se réduire à une simple question d'organisation matérielle de la collectivité. En lui, se joue notre condition humaine.
Professeur titulaire au département des sciences de l'éducation de l'Université du Québec à Trois-Rivières
Modernité et postmodernité
La modernité se conjugue avec changement. Mais le
changement n’est pas ici anarchie, bien au contraire; il est loin d’aller dans
tous les sens, il a un sens bien précis. La modernité concevait en effet
l’ordre comme étant la succession ininterrompue de changements allant dans un
seul sens : le progrès technique et économique soutenu par une économie de
marché (ou programmée comme dans les régimes communistes) et les avancés de la
science. Le meilleur était toujours devant. Tout ce qui favorisait le progrès
ainsi défini était socialement acceptable, tout ce qui le contrecarrait était
nuisible et devait donc être écarté ou carrément éliminé. L’ordre c’était le
changement soumis à la science, la technique et à l’économie. Tout ce qui n’allait
pas dans ce sens était désordonné. On associait aussi désordre avec impureté.
L’impureté était en effet perçue comme relevant du désordre. La modernité
refusait ainsi l’impureté en l’associant à tout ce qui ne favorisait pas
l’ordre. Toute forme d’impureté devait donc être éliminée. Le saut était facile
à faire – et fut fait très souvent – entre impureté, désordre et hétérogénéité
sociale et culturelle. Par conséquent, les «différents» (socialement,
culturellement, ethniquement, religieusement, sexuellement) étaient persécutés
en toute bonne conscience.
Ordre → changement dans le sens du progrès → amélioration
du monde
Désordre → refus du changement dans le sens du progrès →
destruction du monde
Dans ce cadre, il y a ceux qui sont modernes et qui font
la promotion du progrès. Et, il y a ceux qui ne le sont pas ou ne le seront
jamais. L’identité passant par l’acceptation et la croyance dans le progrès,
ceux qui n’acceptent pas ce progrès ou n’y croient pas ont des identités
négatives. Il y a production d’une altérité parfois totale comme dans les
idéologies racistes (fascisme, nazisme).
Dans la postmodernité rien de tel. Il n’existe plus un
sens, une direction dans laquelle va le progrès. La notion de progrès s’est
même en quelque sorte volatilisée. Le monde postmoderne vit toujours du
changement mais c’est un changement superficiel qui repose sur une base
immuable (bien qu’elle ne soit jamais identifiée comme telle) : la
consommation. La consommation c’est une autre manière de dire la jouissance
narcissique du moi : «je fais ce qui me plaît, j’achète ce que je veux».
Tout peut changer, tout doit changer, sauf la capacité de consommer, sauf mes
droits à jouir du plus de liberté possible. On tolère ainsi toutes les libertés
en autant qu’elles se conjuguent avec la jouissance narcissique. Dans ce
contexte, la pureté n’est plus une préoccupation car il n’y a plus une
direction où aller. Il n’y a plus de vérités révélées par la science, plus de
solutions à tous les problèmes apportées par la technique. Plus besoin de
pureté, seulement besoin de ce qui se consomme et le métissage, dans un
contexte d’échanges mondiaux, se consomme bien.
En fait, il n’y a plus d’altérité autre que le fait d’être ou de ne pas
être consommateur. La difficulté ici vient moins de la production d’altérité
radicale que de l’impossibilité à produire de l’altérité. Penser l’autre comme
autre (même s’il demeure un être humain et en cela qu’il continue à partager
avec moi quelque chose de commun ayant une valeur en elle-même : notre
commune appartenance à l’humanité), sur le plan social ou culturel devient de
plus en plus ardu pour nos contemporains. Autrui n’est jamais qu’un pareil à
moi qui ne se connaît pas encore…et lorsque cela arrivera, nos différences
essentielles disparaîtront; ne restera que les différences «folkloriques». Il y
a dans cette manière de penser occidentale quelque chose de naïf et de
généreux : tous pourront avoir accès à mon bien-être. Mais, on peut y
déceler aussi un vice dangereux : l’incapacité à se sortir de soi,
l’impuissance à rencontrer et à dialoguer avec l’altérité, bref, le narcissisme
érigé en attitude d’ouverture à autrui.
Professeur titulaire au département des sciences de l'éducation de l'Université du Québec à Trois-Rivières
27 septembre 2012
L'aide aux nouveaux enseignants aux USA
Fiche de lecture
Référence : Burke, A. (2010). How well prepared
and supported are new teachers ? Results for the Northwest Region from the
2003/04 Schools and Staffing Survey, Issues
& Answers Report, REL2010- No. 097, Washington, DC: U.S. Department of
Education, Institute of Education Sciences, National Center for Education Evaluation
and Regional Assistance, Regional Educational Laboratory Northwest.
Résumé : Cet
article présente différentes statistiques quant à la préparation et au soutien
offert aux enseignants débutants du secteur publique des États du Nord-Ouest,
aux États-Unis (Idaho, Oregon, Montana, Alaska et Washington).
Situation générale :
Aux États-Unis, il y a un haut
niveau de roulement de personnel en enseignement, en particulier en ce qui
concerne les enseignants débutants, qui sont davantage susceptibles de quitter
la profession que leurs collègues plus expérimentés (Ingersoll et Smith, 2003).
Selon Ingersoll (2003), environ le 1/3 des enseignants quitte la profession au
cours des trois premières années dans la profession et ce pourcentage augmente
à 40-50% à la fin de la 5e année (Ingersoll, 2003). Selon le
National Commission on Teaching and America’s Future, le coût engendré par
cette situation dans les écoles publiques s’estime à plus de 7 milliards de dollars par
année pour l'ensemble des États-Unis. Certaines conditions peuvent aider les enseignants débutants et
favoriser leur persévérance dans la profession : assignation de mentors
enseignant la même matière et participation à des activités d’insertion,
notamment planification et collaboration avec d’autres enseignants. Toutefois,
selon une étude commanditée par Harris Interactive (2005), environ le 1/3 des
nouveaux enseignants n’ont pas accès à un mentor ou ont un mentor qui n’est pas
aidant.
L’étude présente les résultats
d’un questionnaire (2003/04 School and Staffing
survey) distribué à des enseignants des écoles publiques du Nord-Ouest
ayant commencé à enseigner entre 1999 et 2003. Le sondage concerne la formation
initiale, l’aide reçue durant la première année d’enseignement et la
préparation pour les différents rôles liés à la profession.
- 23,6% des enseignants du Nord-Ouest avaient moins
de 5 ans d’expérience en 2003-2004 (comparativement à 26% à l’échelle
nationale).
- En ce qui concerne la préparation à l’enseignement,
64% des enseignants du Nord-Ouest avaient un cours universitaire (68% à
l’échelle nationale) et 37% avaient
une maîtrise (23% à l’échelle nationale).
- Pour la région du Nord-Ouest, 5% des enseignants
avaient eu un stage de 4 semaines ou moins, 23% de 5 à 11 semaines et 72%
de 12 semaines ou plus.
- 93% des enseignants avaient reçu des cours quant à
la sélection et l’adaptation du matériel d’enseignement, 97% avaient suivi
des cours quant aux théories de l’apprentissage et à la psychologie des
élèves et 96% avaient pu observer d’autres enseignants en classe et
recevoir du feedback quant à leur enseignement.
- Au moins les 2/3 des enseignants indiquent avoir
été bien ou très bien préparés pour enseigner leur matière et pour utiliser
une variété de méthodes d’enseignement.
- Dans tous les États du Nord-ouest, sauf l’Oregon,
moins des 2/3 des enseignants indiquent avoir été bien ou très bien
préparés pour gérer la classe et la discipline.
- Dans toutes les régions, moins des 2/3 des enseignants
indiquent avoir été bien ou très bien préparés pour utiliser l’ordinateur
dans leur enseignement.
- En général, pour toutes les régions du Nord-Ouest,
le pourcentage d’enseignants qui disent avoir été peu ou pas préparés est
de 18,2% pour l’enseignement d’une matière, 23,2% pour l’utilisation de
diverses méthodes d’enseignement, 33,4% pour l’évaluation des élèves,
34,8% pour l’adaptation du curriculum et du matériel, 37,4% pour la
gestion de classe et la discipline et 44,7% pour l’utilisation de l’ordinateur
- Les enseignants indiquent avoir reçu différentes
formes de support au cours de leur première année dans
l’enseignement : programme d’insertion (59,2%), charge de travail
réduite (3,9%), nombre de préparations de cours réduit (5,7%), temps de
planification en commun (35,1%), séminaires ou formations pour les
nouveaux enseignants (60,1%), assistance en classe (23,1%) et communication
supportante (68,2%).
- 66% des enseignants de la région ont pu travailler
avec un mentor (50% avec un mentor enseignant la même matière). Le degré
d’assistance de ce mentor était bon dans 41,5% des cas, modéré dans 28,6%
des cas et peu élevé ou absent dans 29,9% des cas.
Références citées dans ce résumé :
- Harris
Interactive. (2005). The MetLife survey of the American teacher: transitions
and the role of supportive relationships, 2004–2005. A survey of teachers,
principals and students. New York: MetLife (ERIC ED488837).
- Ingersoll,
R. M. (2003). Is there really a teacher shortage? A research report. Seattle:
University of Washington, Center for the Study of Teaching and Policy.
- Ingersoll,
R. M., and Smith, T.M. (2003). The wrong solution to the teacher shortage. Educational
Leadership, 60(8), 30–33.
- National
Commission on Teaching and America’s Future. (2007). The high cost of
teacher turnover [Policy brief]. Washington, DC: National Commission on
Teaching and America’s Future.
Professeur titulaire au département des sciences de l'éducation de l'Université du Québec à Trois-Rivières
Insertion professionnelle des enseignants, expérience américaine
Fiche de lecture
Référence : Appolloni, S. (2009). NSDC’s standards to the rescue, Journal of Staff development, National
Staff Development Council, 30(5), December 2009, p. 36-42.
Résumé :
L’auteur décrit un programme d’insertion au Nevada, en expliquant
plus particulièrement la formation reçue par les 10 mentors à temps plein de ce
programme et les conditions pour qu’un mentor soit efficace.
Description de la (ou des) mesure(s) d’insertion
Le district de Reno, au Nevada,
reçoit chaque année environ 200 enseignants débutants. Afin de les accueillir
et les soutenir adéquatement, 10 mentors à temps plein ont été engagés. Pendant
8 ans, le district a assigné un mentor aux nouveaux enseignants, qui devaient
également participer à un programme d’études de deux ans.
Afin de planifier l’apprentissage
chez les mentors, le district s’est basé sur les standards établis par le
« National Staff Development Council » (NSDC, 2001).
Dans le but d’aider les mentors à se
centrer sur leurs apprentissages, une communauté d’apprentissage professionnel
a été créée. Des rencontres entre les mentors (nommées Friday Forum) étaient prévues tous les vendredis pour une
durée de 3 heures. Chaque rencontre débutait par une question de base à
laquelle chacun des membres pouvait répondre. La règle établie était d’écouter
chacun sans interruption puis, une fois que tous les membres avaient parlé, la
première personne à avoir pris la parole effectuait un résumé des propos. Les
questions portaient sur le mentorat et sur le rôle du mentor. Appolloni
souligne que les participants ont à la fois appris comment fonctionner au sein
d’une communauté d’apprentissage (règles pour la collaboration et la
discussion) et comment agir à titre de mentors. Les mentors ont également
répondu à différents questionnaires afin de découvrir leurs forces, traits de
personnalité, styles d’apprentissage, etc. Enfin, ils ont fait l’inventaire de
leurs besoins en matière de formation afin d’orienter leur apprentissage
professionnel.
Différentes thématiques ont été abordées
avec les mentors : théories de l’apprentissage et du changement, gestion
de classe, différenciation, fondations du mentorat, coaching différencié,
phases du développement chez le nouvel enseignant, manières d’offrir du support
émotionnel ou technique, évaluation formative des novices, etc.
Les mentors efficaces sont
ceux qui :
- Se perçoivent comme membres
d’une équipe qui soutient les novices,
- Agissent comme mentors et non
comme évaluateurs,
- Veillent à maintenir la
confidentialité
- Vont consulter d’autres
ressources au besoin,
- Cherchent à rendre le novice de
plus en plus autonome,
- Perçoivent qu’ils font la
différence dans la vie des élèves en accélérant la croissance professionnelle
des enseignants novices et en favorisant leur désir de demeurer dans la
profession.
« Effective
mentors learn to build trust, coach, collaborate, consult, move from buddy to
growth agent, observe teachers and students with a trained eye, give specific
feedback, teach novice to analyze student work, mentor without evaluating,
maintain confidentiality, communicate effectively with site administrators,
encourage reluctant novice, model lessons, offer timely resources, provide
time-management strategies, use technology effectively, and use data to guide
dialogue.” (p. 40, 42).
Les meilleurs mentors sont ceux
qui sont passionnés quant à la construction des capacités et à l’amélioration
de l’efficacité des autres enseignants. (Lipton et Wellman, 2003). Afin de
mieux apprendre leur rôle et de devenir efficaces, les mentors peuvent lire et
discuter à propos de textes écrits par des spécialistes en éducation et en
mentorat. Ils peuvent également passer du temps sur la résolution de problèmes,
la collecte de données, le développement de compétences, l’application de résultats
de recherche dans leur propre processus de décision et l’engagement dans
différentes formes de développement professionnel afin d’être en apprentissage
continu. Les mentors efficaces saisissent également les opportunités d’observer
la pratique d’autrui afin d’en tirer des leçons pour leur propre croissance.
Appréciation générale de la (ou des) mesure(s) d’insertion décrite(s)
Appréciation générale de la (ou des) mesure(s) d’insertion décrite(s)
Afin d’évaluer ce programme de
mentorat, le district a engagé un évaluateur extérieur, afin de collecter et
d’analyser des données à la fois qualitatives et quantitatives. Les méthodes de
collecte de données ont été : des focus groupes et des sondages auprès des
novices et des administrateurs. L’équipe d’évaluation du district a également
procédé à une analyse de données concernant la rétention et la performance des
novices. Elle note une augmentation de la rétention (97,9% en 2009) et une
diminution des évaluations insatisfaisantes quant à la performance.
L’ajout de mentors à temps plein
semble avoir un impact positif, ce qui s’explique notamment par le fait
que :
1. On note une amélioration de la
confiance entre le novice et le mentor (qui n’est pas directement à l’école).
2. Les mentors ont davantage de
temps pour observer les novices et leur offrir du feedback.
3. L’équipe de travail formée par
le mentor de l’école (site-mentor),
l’administrateur et le mentor à temps
plein permet au novice de recevoir différentes sources de soutien.
Références citées dans ce résumé
Lipton, L. & Wellman, B. (2003). Mentoring matters: A practical guide to learning-focused
relationships. Sherman, CT: MiraVia.
National Staff Development Council. (2001). NSDC’s standards for staff development. Oxford , OH : Author.
Professeur titulaire au département des sciences de l'éducation de l'Université du Québec à Trois-Rivières
26 septembre 2012
Le succès des milieux financiers
Depuis des décennies les milieux financiers travaillent d'arrache pied afin de faire prévaloir partout et en tout temps les droits des marchés économiques sur tous les autres droits. Grâce à la complicité des gouvernements acquis à leur cause, leur succès est indéniable pour le plus grand malheur du plus grand nombre. Le monde qu'ils construisent en est un fait d'inégalités où le citoyen, s'il a la chance de ne pas être socialement déclassé, est réduit à n'être qu'un consommateur et un travailleur. Devenue religion, la finance prétend être la finalité des finalités, le summum de la civilisation.
Professeur titulaire au département des sciences de l'éducation de l'Université du Québec à Trois-Rivières
Savoir comme performance
Le discours sur les compétences réduit le savoir à n'être qu'une performance.
Professeur titulaire au département des sciences de l'éducation de l'Université du Québec à Trois-Rivières
25 septembre 2012
Exigence de la démocratie
«La démocratie requiert que les citoyens soient prêts à faire un effort pour découvrir comment fonctionne le monde autour d'eux».
Référence:
Sennett, R.
(2008). La culture du nouveau capitalisme. Paris : Hachette. Paru pour la
première fois en anglais en 2006.
(p. 138)
Professeur titulaire au département des sciences de l'éducation de l'Université du Québec à Trois-Rivières
24 septembre 2012
Une société fragmentée
Plus les inégalités sociales augmentent, plus la société se fragmente.
Professeur titulaire au département des sciences de l'éducation de l'Université du Québec à Trois-Rivières
Le règne du court terme
Dans le capitalisme financier, les cours de la bourse et non plus les dividendes sont devenus les véritables indicateurs de résultats. Par conséquent, le court terme domine.
Professeur titulaire au département des sciences de l'éducation de l'Université du Québec à Trois-Rivières
17 septembre 2012
Un petit bouquin qui fait réfléchir
Je recommande la lecture du petit ouvrage (moins de 100 pages) du philosophe américain Thomas Nagel :
Nagel, T. (2003).
Qu’est-ce que tout cela veut dire ? Une très brève introduction à la philosophie.
Traduit de l’anglais par Ruwen Ogien. Paru originellement en anglais en 1987. Paris :
Édition de l’éclat. Collection «tiré à part».
Une introduction à la philosophie basée sur la questionnement plutôt que sur la présentation des doctrines des grands penseurs.
Professeur titulaire au département des sciences de l'éducation de l'Université du Québec à Trois-Rivières
14 septembre 2012
À lire pour ceux qui aiment la philosophie
Pouivet, Richard (2008). Philosophie contemporaine. Paris : PUF.
Un ouvrage d'introduction qui, chose rare en français, présente et distingue bien la philosophie analytique et la philosophie continentale. L'auteur ne cache pas son penchant pour la première. Un livre très intéressant et fort instructif pour les non spécialistes.
Professeur titulaire au département des sciences de l'éducation de l'Université du Québec à Trois-Rivières
13 septembre 2012
Culture, connaissance et sagesse
Si la culture et la connaissance ne garantissent pas la sagesse, peut-il y avoir de la sagesse sans culture et sans connaissance ?
Professeur titulaire au département des sciences de l'éducation de l'Université du Québec à Trois-Rivières
11 septembre 2012
Vérité
En philosophie de la connaissance, il existe trois grandes théories de la vérité :
1- la théorie de la vérité correspondance où la vérité tient à son adéquation à l'objet visé;
2- la théorie de la vérité cohérence où la vérité est affaire de relation entre les croyances;
3- la théorie pragmatiste de la vérité où celle-ci se mesure à son utilité cognitive.
Professeur titulaire au département des sciences de l'éducation de l'Université du Québec à Trois-Rivières
10 septembre 2012
L'école en souffrance
Marie-France Maranda, Simon Viviers (dirs.), L’école en souffrance. Psychodynamique du
travail en milieu scolaire, Québec, Presses de l’Université Laval,
collection Trajectoires professionnelles et marché du travail contemporain,
2011, 177 pages.
Ce petit ouvrage aborde une question de plus en
plus débattue dans les recherches sur le travail enseignant et les différents
métiers de l’éducation : la souffrance vécue par les acteurs. Dans un
contexte où près de 20 % des enseignants quittent définitivement l’enseignement
durant leurs premières années d’exercice et où l’on évoque régulièrement le
haut niveau de stress et de détresse psychologique que vit le personnel
scolaire, ce livre arrive à point nommé pour susciter le questionnement et
soutenir la réflexion.
Fruit d’une recherche collective effectuée dans
le cadre des travaux du Centre de recherche et d’intervention sur l’éducation
et la vie au travail (CRIEVAT) et menée auprès du personnel d’une école en
milieu défavorisé, l’ouvrage se compose de quatre chapitres, lesquels analysent
la situation des quatre principaux «corps d’emplois» d’une école : les
enseignants (chapitre 1); les professionnels non enseignant (chapitre 2); le
personnel de soutien (chapitre 3); les membres de la direction (chapitre 4).
Tous les chapitres sont signés par M.-F. Maranda et S. Viviers auxquels se
joignent Anne Marché-Paillé (chapitres 1 et 2) et Lucie Héon (chapitre 4).
Comme le titre l’indique, les auteurs adoptent
ici un cadre théorique particulier : la psychodynamique du travail. Une
annexe présente très (trop) brièvement les grandes lignes de ce cadre
théorique. Pour l’essentiel, il tente de cerner la dynamique des processus
psychiques des sujets en analysant la manière dont ceux-ci réagissent aux
réalités du travail qui structurent leur identité. La psychodynamique ne se
contente pas de construire une compréhension du réelle, elle se veut aussi une
«clinique» du travail et, en ce sens, elle est donc porteuse de visées
transformatrices.
Cette production n’est pas sans mérites dont le plus
important, selon nous, est de donner à voir et à entendre la voix des
différents acteurs du milieu scolaire. Toutefois, sa lecture laisse quelque peu
perplexe. D’abord, sur le plan de la forme. On pourra à juste titre être agacé
par les nombreuses répétitions d’un chapitre à l’autre. En fait, les chapitres
semblent avoir été conçus pour des publications séparées. Il aurait alors été
préférable de les retravailler pour cette publication afin d’en extirper les
redites. Ensuite, sur le plan du contenu. Comme nous l’avons dit plus haut, le
cadre théorique est insuffisamment développé (il tient en deux pages et demie)
et les informations méthodologiques sont aussi fort lacunaires. On déplorera par
ailleurs une bibliographie bien mince : huit références seulement dont la
majorité impliquant la principale signataire, la professeure Maranda. De plus, si
l’on souscrit globalement à l’analyse proposée par les auteurs, on déplore
cependant une certaine tendance à la généralisation abusive (rappelons qu’il
s’agit d’une recherche menée auprès d’une seule école en milieu particulier) et
le manque de prise de distance critique par rapport discours des sujets (manque
particulièrement criant dans le chapitre 1 qui portent sur les enseignants).
Néanmoins, malgré ces lacunes, nous recommandons la lecture de cet ouvrage à
quiconque souhaite mieux comprendre la réalité du monde scolaire. Il y
découvrira que – comme les auteurs le montrent – ce n’est pas dans les
stratégies adaptatives personnelles que résident les solutions aux problèmes du
monde du travail mais dans les réaménagements organisationnels.
Professeur titulaire au département des sciences de l'éducation de l'Université du Québec à Trois-Rivières
Réalisme et antiréalisme
Pour l'essentiel, il existe deux grandes positions radicalement opposées en philosophie de la connaissance : le réalisme et l'antiréalisme.
Réalisme :
La réalité existe indépendamment de nos options conceptuelles et théoriques. Le travail de connaissance consiste à faire correspondre nos options à ce qui existe.
Antiréalisme :
Tout ce qui existe est relatif à nos options conceptuelles et théoriques. Le travail de connaissance consiste à concevoir des concepts et des théories qui donnent sens au monde.
Professeur titulaire au département des sciences de l'éducation de l'Université du Québec à Trois-Rivières
08 septembre 2012
Constructivisme radical
En sciences humaines et sociales, le constructivisme radical a bien des adeptes. Schématiquement on peut résumer sa position vis-à-vis la connaissance comme suit :
- On ne peut fonder ultimement nos connaissances et nos jugements moraux.
- Il est impossible de dire ce qu'est la nature réelle et ultime des choses.
- La réalité n'est pas indépendante de nous, elle ne peut être décrite objectivement (position antiréaliste).
Paradoxalement, bien des chercheurs considèrent ces énoncés comme des vérités indiscutables.
- On ne peut fonder ultimement nos connaissances et nos jugements moraux.
- Il est impossible de dire ce qu'est la nature réelle et ultime des choses.
- La réalité n'est pas indépendante de nous, elle ne peut être décrite objectivement (position antiréaliste).
Paradoxalement, bien des chercheurs considèrent ces énoncés comme des vérités indiscutables.
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02 septembre 2012
Lecture philosophique
Lecture hautement recommandée, le petit bouquin du philosophe français Yves Séméria. À travers des vignettes mêlant fiction et réalité, l'auteur nous donne à penser au moyen des grands noms de la philosophie.
Séméria, Y. (2004). Promenades
primesautières à travers la philosophie. Paris : Arléa.
Professeur titulaire au département des sciences de l'éducation de l'Université du Québec à Trois-Rivières
La pensée
Ce que le monde de la pensée instantanée met le plus en danger c'est la pensée elle-même.
Professeur titulaire au département des sciences de l'éducation de l'Université du Québec à Trois-Rivières
01 septembre 2012
Pauvres riches
Après trente ans de néolibéralisme, de mondialisation, d'accroissement des inégalités socio-économiques, de réinstallation du capitalisme sauvage, de destruction systématique des mesures sociales de redistribution des richesses, certains s'émeuvent de la montée d'un discours qui dénonce les riches. S'il est vrai qu'il faut éviter les chasses aux sorcières et ne pas jeter l'anathème sur toute personne disposant d'un fort revenu annuel, il est aussi vrai que la grogne populaire a été alimentée par ces longues années où l'arrogance des riches s'est affichée sans vergogne. Dans un monde où, depuis des décennies, la condition des plus modestes n'a pas cessé de se détériorer, n'est-il pas normal qu'un profond ras-le-bol se fasse entendre ?
Professeur titulaire au département des sciences de l'éducation de l'Université du Québec à Trois-Rivières
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