Les notes qui suivent reposent sur l'ouvrage suivant :
Michel Develay (2001). Propos sur les sciences de l'éducation. Réflexions épistémologiques. Paris: ESF.
En sciences de l'éducation, on doit articuler trois questions ;
1- la question des valeurs;
2- la question de la rationalité;
3- la question de la faisabilité.
Par ailleurs, les sciences de l'éducation doivent faire cohabiter deux épistémologies :
a- celle de la science qui vise la vérité;
b- celle de la pratique qui cherche l'efficacité.
Ainsi, les sciences de l'éducation peuvent être pensées en tant que :
- sciences de l'explication (nomothétiques);
- sciences de l'interprétation (herméneutiques);
- sciences de l'action juste (pragmatico-praxiques).
Les sciences de l'éducation peuvent s'alimenter de l'expérience pratique mais elles doivent aussi s'en méfier et la critiquer car la connaissance basée sur l'expérience, si elle permet de connaître, peut aussi illusionner (conduire à une méconnaissance); sans compter que, la plupart du temps, elle repose d'avantage sur l'intuition que sur la raison.
Il n'en demeure pas moins que les sciences de l'éducation ne peuvent pas ne pas se situer par rapport à l'expérience (tant valorisée par les enseignants). Or, on se rappellera alors que la connaissance basée sur l'expérience est plutôt utilitaire, centrée sur les faits (qui sont alors faiblement problématisés et pris comme allant de soi), non intégrée dans un système cohérent et assez réfractaire aux changements. Par contre, la connaissance scientifique tend à se centrer sur les relations entre les phénomènes, à s'intégrer dans un système (théorique) et à intégrer le changement.
Les résultats des sciences de l'éducation devraient à la fois être dans le vrai, viser l'efficacité et concourir au juste. Dit autrement, les sciences de l'éducation doivent s'intéresser au logos, s'ancrer dans l'ethos et s'enraciner dans le pathos.
C'est dire que la scientificité des sciences de l'éducation ne peut être dissociée de leur projet émancipateur car la recherche est finalisée en premier lieu par l'usage social qu'elle permet. Or, dans nos sociétés, globalement, l'éducation vise l'accroissement de l'autonomie du sujet. Donc, la seule recherche de la preuve ne peut faire foi de tout en sciences de l'éducation, la recherche de sens est tout aussi nécessaire. On comprend alors qu'en sciences de l'éducation, se pose constamment la question des valeurs comme éléments régulateurs de l'action.
Les sciences de l'éducation doivent donc toujours naviguer entre le vrai et le bien sans sacrifier l'un pour l'autre Une chose vraie n'est pas nécessairement souhaitable en éducation. Mais, une chose souhaitable n'est pas obligatoirement valide (vraie). Et, le vrai et le bien ne sont pas nécessairement faisables (ou efficaces).
Le chercheur en sciences de l'éducation doit donc accepter de vivre des tensions entre des postures souvent difficilement conciliables. Il visera à la fois la vérité sans oublier le bien (les valeurs) et le faisable. Posture inconfortable s'il en est mais au combien stimulante.
En somme, tout en proposant des modèles d'intelligibilité du réel (qui disent le vrai), le chercheur en sciences de l'éducation suggère aussi des modèles propositionnels qui respectent le bien, le juste et le faisable.
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