Penser
l’éducation avant la modernité
À partir du XVIIe siècle, avec l’apparition
des premières écoles sur le modèle que nous connaissons encore aujourd’hui, le
discours pédagogique se divise en deux grands courants : le courant
religieux et le courant humaniste. Bien que n’étant pas toujours en conflit,
ces deux courant conçoivent l’éducation de manière relativement différente.
Surtout, ils tenteront de traduire leurs idées dans des pratiques concrètes :
pensons à Jésuites et aux frères des écoles chrétiennes pour l’un et à
Pestalozzi pour l’autre, discipline de Jean-Jacques Rousseau. Ainsi, tournant
le dos à la seule pensée spéculative, le champ de l’éducation de cette époque se
caractérise déjà par la cohabitation de la théorie et de la pratique,
cohabitation qui constitue toujours un défi de nos jours.
Penser
l’éducation durant l’essor de la modernité
En Occident, le XIXe va être le théâtre
de l’éclosion sans précédent de la science. À cette époque le positivisme et l’évolutionnisme
sont des courants de pensée triomphants. Suivant le pas, l’éducation se veut
scientifique. À partir du début XXe siècle jusqu’aux années 1950/1960, les
penseurs tentent d’établir une pédagogique objective, sorte de science
pratique. La recherche en pédagogie s’arrime aux méthodes issues des sciences
de la nature et de la santé. D’un côté, émerge la psychologie
pédagogique – ce qu’on appelle
aujourd’hui la psychopédagogie – laquelle prend pour objet la dimension
psychologique de la connaissance scientifique du développement de l’enfant. La
recherche porte alors sur l’apprentissage, le développement affectif, moral et
social de l’enfant. Les méthodes de recherche les plus utilisées sont notamment
l’observation systématique et l’entretien
clinique. D’un autre côté, on retrouve la pédagogie
expérimentale, laquelle va devenir la didactique expérimentale. Ce courant de recherche est en
quelque sorte le versant didactique de la connaissance scientifique du
développement de l’enfant. On cherche alors à élaborer des dispositifs
d’enseignement à partir de modèles issus de la critique rationnelle de la
pratique et des connaissances psychologiques. Ou encore, on tente de vérifier expérimentalement
l’efficacité de ces dispositifs. C’est surtout dans ce courant de recherche que
se développent la méthode des tests
et les devis quasi-expérimentaux, les
approches corrélationnelles. Dès l’or, on constate des tensions entre la
pratique et la rationalité scientifique, les résultats des recherches se
révélant souvent plutôt décevant pour les praticiens.
Penser l’éducation durant
la postmodernité
À partir de la deuxième moitié du XXe siècle la pensée postmoderne de déploie et
remet en cause les approches de recherche inspirées par le positivisme. En
éducation, le postmodernisme va se traduire, entre autres, par une remise en
cause des recherches à devis expérimentaux, par le rejet plus ou moins accentué
des statistiques comme base de données et par l’adoption d’approches
collaboratives. Le postmodernisme ne pourra toutefois étouffer totalement les
courants dits plus classiques de sorte que la recherche en éducation devient un
champ où cohabitent une multitude d’approches, de disciplines, de paradigmes,
de théoriques aux objets diversifiés. Les nouvelles orientations qui marquent la
recherche en éducation depuis quelques décennies aboutissent n’ont pas été sans
conséquences. D’abord, l’objet
de la recherche s’est considérable élargi. Les sciences de l’éducation
portent en effet leur regard sur une immense diversité d’objets et de problématiques.
Ensuite, les méthodes se sont également diversifiées notamment par l’adjonction
de disciplines contributives, comme l’anthropologie, la psychologie, l’histoire,
la philosophie, la sociologie, etc. Enfin, cette diversité dont fait preuve le
champ de la recherche en éducation s’est traduit par un éclatement où il est
souvent facile de se perdre.
Penser l’éducation
maintenant
Après le cognitivisme et le socioconstructivisme, une
nouvelle mode émerge en éducation ces dernières années, mode issue des
recherches en santé, celle d’asseoir les pratiques professionnelles sur des données probantes. Rappelons ici que les
données probantes ne sont pas des vérités absolues, elles restent des
hypothèses, mais des hypothèses que l’on souhaite les plus fiables possibles à
un moment particulier et dans un contexte donné. Cette mode, qui n’est pas sans
mérite, court bien entendu le danger inhérent à toute mode, à savoir celui d’être
dévoyée, mal comprise, mal utilisée ou, pire encore, celui de se figer et de
devenir dogmatique.
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