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05 novembre 2024

Produire de la connaissance en sciences humaine et sociale

Bien que ce soit vrai pour toutes les sciences, la production de théories en sciences humaine et sociale requiert une attention particulière pour la raison suivante :

Contrairement à ce que prétend un certain courant de pensée positiviste (pour qui la prise en compte de la seule l'objectivité de la démarche de recherche est suffisante), les théories (et plus globalement les recherches) sur l'humain ne peuvent répondre uniquement à des objectifs de description et d'explication car elles servent toujours à « nous » définir et cette définition de soi structure nécessairement la pratique sociale.

Dit autrement, toute recherche sur l'humain comporte - dans la production et la diffusion des résultats - des dimensions sociale, éthique, politique, symbolique, culturelle, voir économique qui changent le regard que l'humain porte sur lui-même. Prétendre, comme le font certains chercheurs, qu'on n'a pas à se préoccuper de ces aspects est non seulement réducteur mais aussi irresponsable.

Prédiction et sciences

Dans le domaine des sciences de la nature et, en partie, de la santé, la prédiction est rendue possible par le fait que tous les états d'un système - que ce soit ceux du passé, du présent ou du futur - peuvent être prédits avec les mêmes concepts car l'objet reste grosso modo le même ou se modifie mais à l'intérieur des règles qui elles ne changent pas (ou très peu). Bien entendu, cela ne représente pas une condition suffisante pour réaliser une prédiction exacte mais, cela est assurément une condition nécessaire.

Dans les sciences humaines et sociales, on ne peut rencontrer cette condition dans une grande mesure parce que l'objet se transforme sans cesse et que, la connaissance qu'on en a, influe sur son état. C'est pourquoi ces sciences sont peu - ou pas - prédictives et ne comprennent la plupart du temps les phénomènes qu'après coup. Dans un autre langage, on pourrait dire que les phénomènes humains s'inscrivent dans un système ouvert qu'il est impossible d'étudier en profondeur sans prendre en compte les interférences externes : « (...) l'homme est un animal qui se définit lui-même » (Charles Taylor, 1999).


04 novembre 2024

Vous avez dit ethnométhodologie ?

L'ethnométhodologie est une approche de recherche développée par le sociologue américain Harold Garfinkel au courant des années 1960.

Elle se concentre sur l'étude des méthodes que les acteurs utilisent pour donner un sens à leur vie quotidienne et organiser leurs interactions sociales. Elle se veut une alternative à la sociologie dite conventionnelle en remettant en question l'idée d'objets d'étude stables et de structures sociales fixes et en critiquant la tendance en recherche à négliger la capacité des acteurs à donner un sens à leurs agissements.

Elle s'intéresse aux "ethnométhodes", c'est-à-dire aux règles de conduite et aux pratiques que les acteurs utilisent naturellement et de manière souvent implicite au quotidien. Elle soutient que l'ordre social est constamment créé (construit et négocié) à travers les interactions entre les acteurs. En fait, les membres d'un même groupe ont accès aux règles implicites et au langage utilisé dans leurs interactions. Ainsi, chaque groupe accomplit son organisation sociale de manière différente. Les acteurs donc anticipent les réactions mutuelles basées sur leur connaissance partagée. C'est pourquoi, en recherche, la compréhension des interactions des acteurs nécessite la prise en compte de leur contexte spécifique. On comprendra alors que l'ethnométhodologie met l'accent sur l'observation directe et l'analyse des accomplissements quotidiens des acteurs.

RÉFÉRENCE :

Garfinkel, H. (2007). Recherches en ethnométhodologie. Paris : PUF. Collection Quadrige. Ouvrage paru en anglais pour la première fois en 1967.