NOTES À PARTIR DE L'ARTICLE DE E. BAYER,UNE SCIENCE DE L'ENSEIGNEMENT EST-ELLE
POSSIBLE ?, in L'ART ET LA SCIENCE DE L'ENSEIGNEMENT : hommage à Gilbert
De Landsheere, (sous la direction de Marcel Crahay et Dominique
Lafontaine), Éditions Labor, 1986, 483-507.
Ce texte remonte à près de 30 ans mais son contenu est toujours intéressant ne serait-ce qu'à titre d'exemple d'un certain courant de pensée ayant tenté de définir les fondements d'une science de l'enseignement. Ce courant a connu ses beaux jours dans les décennies 1960 à 1980.
L'auteur enseigne à l'université de Genève. Il présente
trois pistes de recherches sur l'analyse des processus d'enseignement.
1) LES APPLICATIONS PÉDAGOGIQUES
Il s'agit de la pédagogie expérimentale qui ne
définit ses domaines de recherche qu'à partir des problèmes concrets vécus à
l'école.
Cela est utile mais n'est pas suffisant pour fonder une
véritable science de l'enseignement; car les objets de recherche demeurent
constamment "inféodés" à la pratique.
(pp.485-489)
2) L'INTRUSION DE LA PSYCHOLOGIE DANS L'ÉDUCATION
Les situations pédagogiques servent à vérifier des
théories étrangères, à prime abord, à l'univers scolaire. On parle bien sûr de
la psychologie.
En elle-même la psychologie n'est pas nuisible
pour l'enseignement; loin de là car elle peut être fort utile. Seulement, il
faut dégager de véritables théories propres à ce champ (l'enseignement) de
l'activité humaine. Une science de l'enseignement ne peut émerger par le seul
emprunt à d'autres disciplines.
(pp.489-493)
3) UNE SCIENCE DE L'ENSEIGNEMENT
Ici, on suppose des logiques propres aux pratiques
pédagogiques. La spécification de ces pratiques constituerait l'essence
même de l'analyse des processus d'enseignement.
(pp.493-502)
LA CONCEPTION DES FACTEURS DE SITUATIONS
Elle est essentiellement articulée en termes de
contraintes et de libertés des conduites d'enseignement. Ici, la production
comportementale des enseignants est vue comme "la mise en oeuvre directe de routines de comportement, sortes de
canevas de communication régulateurs de séquences comportementales complètes et
différenciées " (p.502).
Cette conception met en évidence que"l'actualisation de ces routines de comportement, loin d'être
entièrement libre et arbitraire, serait la résultante d'une composition particulière
de contraintes de situations" (p.502).
Types de
contraintes
1) contraintes de forme
2) contraintes de fonctionnement
3) contraintes de programme
Les contraintes de formes déterminent le choix des
différents canevas de communication que commande la logique pédagogique du
moment. Cette logique se définit principalement par la nature des contenus
enseignés ou l'objet des activités de classe et les modes de traitement ou
d'exploitation privilégiés qu'ils induisent. Quant à elles, les contraintes de
fonctionnement et de programme "régleraient
les modulations, les altérations, voire carrément les distorsions qu'exige
l'adaptation fonctionnelle des formes d'enseignement choisies aux contingences
particulières, généralement d'ordre institutionnel, qui spécifient
significativement les contextes scolaires de réalisation" (p.503). Les
contraintes de fonctionnement nous renvoient à la gestion du groupement des
élèves, à celle du temps scolaire, également à celle des espaces et des
ressources pédagogiques.
"Toute
activité d'enseignement est, par définition, finalisée, de telle sorte que les
objectifs et les finalités éducatives commanderaient une composition
particulière des routines ou des formes d'enseignement disponibles, composition
qui spécifierait des stratégies de formation propres aux divers contextes
scolaires. De nature essentiellement idéologique, les contraintes de programme
agiraient surtout par l'intermédiaire des systèmes d'expectatives et
d'attribution liés aux représentations sociales de l'utilité et des enjeux des
activités d'enseignement, des rôles et des statuts qu'elles supposent pour les
uns et les autres." (p.503)
Il faut voir les trois genres de contraintes comme étant
en interactions mutuelles. Et, à ce titre, le processus d'enseignement et les
variations qualitatives et quantitatives sont un reflet de ces interactions.
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